dimanche 12 février 2012

Non, toi d'abord.


Le soleil tombe lentement derrière l'horizon des immeubles bourgeois.
C'est l'heure de pointe. Tout le monde rentre chez soi, la mine basse et le corps fourbu.
A un arrêt de métro, tout le monde se presse dans un sens ou dans l'autre sans tenir vraiment compte de la civilité élémentaire. Au milieu de cette foule, deux jeunes se parlent comme si de rien n'était.

Elle finit par monter dans la rame et s'assoit coté rail dans le carré pour vieux.
Du quai, il lui fait signe de la main; elle répond également d'un signe.
Puis, avec un grand sourire, il recommence. Elle aussi.
Le métro tarde un peu à fermer ses portes et à démarrer; leur jeu continue donc quelque peu.
Des mains qui s'agitent, des sourires qui ne s'affaiblissent pas, des yeux qui pétillent comme cent millions d'espoirs et un monde extérieur qui n'existe plus l'espace de quelques minutes.

La sonnerie se fait entendre, les portes se ferment en un choc métallique.
Le jeune homme n'a toujours pas bougé. Son sourire aux lèvres, non plus; on dirait un mannequin ridicule dans une vitrine de Noël. Il tente un dernier 'au revoir' de la main, là encore elle répond, mais que très brièvement car une dame lui passe devant pour s'asseoir à coté.
Alors que le train démarre, la jeune fille a la tête tournée vers la vieille dame.
Sur le quai, s'éloigne peu à peu la silhouette du jeune homme qui, jusqu'au bout aura laissé son regard fixé sur la fille. Son sourire, également, n'aura pas bougé d'un iota.
On peut se tromper sur l'idiotie d'une personne, on ne la voit pas toujours du premier coup d'oeil. Mais l'idiot s'en rend-il compte avec la joie qu'il porte au coeur?

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