lundi 17 mars 2014

Sept lieues.



En attendant un nouveau chapitre du formidable Jack Médecin, voici un petit compte-rendu rapide des derniers films visionnés (ou revisionnés) depuis ces dernières semaines.

La chute de l'empire romain : un grand spectacle d'Anthony Mann. Film qui marqua la fin des péplums mais dont on ressent toujours la démesure. Si l'on met de côté l'historicité douteuse, les acteurs sont extra, les décors impériaux etc. Très bon point surtout pour la psychologie tout en nuance des personnages ( notamment Commode ). Bref, du spectacle en cinémascope du vrai.

Silent Hill 2 : Après un premier opus très honnête et fidèle au jeu, nous voici dans une suite qui essaye de (nous ?) promener librement avec ses gros sabots. Des acteurs n'ayant pas encore validé leur premier semestre de BTS théâtre à Villedieu-les-poêles; une histoire foutraque et totalement inintéressante -même quand on connaît les jeux; beaucoup trop de caméo, histoire de coller un peu au premier film (Sean Bean cachetonne joliment et j'espère qu'avec le chèque il a réussi à refaire la porte de son garage). Bref, fuyez !

L'homme qui tua Liberty Valance : un classique. C'est beau, c'est intelligent, c'est bien joué, pas grand chose à ajouter. L'exemple même du film intelligent qui est toujours là où on ne l'attend pas et s'amuse avec les codes. Un tournant dans l'histoire des westerns et un grand moment de cinéma.

Detective Dee : Le retour du grand Tsui Hark ? Oui et non. Le film est, il faut le dire, très beau et superbement réalisé. Tsui Hark ne tombe pas -trop - dans son habitude de traduire le chaos à la caméra. L'histoire à la fois policière et fantastique est honnête et les scènes de combats sont tout simplement magnifiques. Seuls les effets spéciaux marquent un point passable : ils sont honnêtes mais pas forcément des plus réussis et surtout il y en a beaucoup pour un film du maître. Peut être pas son meilleur film mais un excellent film tout de même.

Hondo : un western sans prétention avec le Duke. Des idées intéressantes, de bons dialogues mais au final un film un peu longuet. A réserver au amateurs débutants de westerns au aux fans de John Wayne.

La prisonnière du désert : Peut être mon John Ford préféré (avec Liberty Valance). Une histoire qui joue avec le temps comme la caméra joue avec les panoramiques et les intérieurs. Un grand John Wayne, une reflexion bien dosée, un peu d'humour et les décors de Monument Valley. Un chef d'oeuvre.



Event Horizon : Un classique des films méconnus. Malgré la paternité de Paul Anderson (le tâcheron des Resident Evil et dernièrement Pompei), le film mêle habilement horreur et SF. L'ambiance est grandiose, les acteurs nickels et le scénario très réussi bien qu'il ne soit pas d'une originalité exceptionnelle. Un classique en devenir du genre.

Le conquérant : John Wayne en Gengis Khan . De la romance, des batailles à cheval, de grands sentiments, bref tout l'attirail d'une grande production cinémascope des années 50. A réserver pour les dimanches après-midi pluvieux car le film est sympathique ( ce n'est pas forcément un compliment ) mais on n'y croit pas trop

Maigret tend un piège : Audiard aux dialogues d'après Simenon et Gabin en Maigret. Un bon moment mais un film qui ressemble plus aux Tontons flingueurs qu'à un Maigret. A voir quand on aime Audiard et Gabin, à éviter quand on préfère l'oeuvre de Simenon.

Pénélope : Une bonne comédie d'après la BD de Pénélope Bagieu. Très girly -forcément - mais un film qui peut plaire à tous ( à réflexion, peut être pas aux fans de tunning). Même si l'histoire de base est vue et revue, le film parvient à surmonter cela en nous faisant passer un bon moment de détente. Une très bonne surprise et un très bon moment en somme.

Almighty Thor : la version Asylum de Thor. Un grand moment quand on aime les productions Asylum et les films de qualité : c'est moche, c'est n'importe quoi et on se demande qui regarde ça. Du grand, je vous dis; à voir en VF bien sûr.

Aztex Rex : Cortez qui conquiert le nouveau monde avec 8 mecs + 8 aztèques qui se planquent dans la jungle bien balisée d'Hawaï + un T-rex = CQFD.

Poseidon Rex : regardez le commentaire sur Aztec Rex (ci-dessus) et imaginez le reste...

Le Grand McLintock : un western comédie dont on ne garde pas vraiment un grand souvenir. Un peu long, un peu lourd, un peu nul, un peu ringard. Un film pour les fans hardcore du Duke, ou pour les souvenirs d'enfance de certains.

lundi 10 mars 2014

Götterdämmerung (2/3)

                                   

Nous avions donc laissé nos deux amis érotomanes Siegried - dit le benêt beatnik - et Gunther - dit un homme bien brave mais un peu con - en route pour une soirée d'amusements répréhensibles par la loi sous le nom de viol. Ils voguent tranquillement sur leur coquille de noix.
Au même moment, la dite victime, Brünnhilde, reçoit fort aimablement sa soeur Waltraute - dite la vieille fille au prénom moche. Brünnhilde ( qui ne porte pas non plus le plus beau des prénoms de la Terre ) comme à son habitude oublie de prendre ses cachets et continue gaiement sa vie sur le chemin de la schizophrénie. Elle apprécie sa belle vie de ménagère, sa radio branchée sur Punk Fm pour faire la vaisselle et son abonnement à Maison, cailloux et déco magazine, mais elle espère toujours un signe de son vieux papa pour réintégrer le manoir familial.
C'est alors que sa soeur arrive : imaginez ses neurones de fille à papa rebelle. Malheureusement, Waltraute lui annonce que Papa Wotan est devenu complètement gâteux ( oui, plus qu'avant ). Le vieil animal aux plans d'un machiavélisme de garderie reste désormais affalé dans son rocking chair à regarder les murs d'un oeil glauque.
Bref, sa soeur la supplie de renvoyer l'anneau dans le Rhin, histoire que tout le monde soit sauvé et que papy Wotan puisse au moins une dernière fois compléter son Télé 7 jours vacances spéciale mots croisés. Les réceptions de l'ambassadeur sont bel et bien finies pour la rebelle; elle regarde au tour d'elle : un rocher pourri pour maison, trois casseroles, un aspirateur sans sac de rechange et trois surimis dans le frigo... Ses tares génétiques s'ajoutant à ses pilules d'acide mal digérées, ses neurones explosent et elle s'énerve : elle vire sa soeur à coup de casseroles et par la même occasion balance par-dessus le rocher ses trois surimis.
N'ayant pas grand chose à casser sur son caillou, Brünnhilde s'agite dans tous les sens de désespoir, mais voilà que le cor de Siegfried retentit; c'est une sorte de sonnette portative.
La jeune punk se précipite vers le pas du rocher mais ce n'est pas son hippy préféré qui s'installe avec son pack de bière dans le canapé mais Gunther, le roi benêt, et avec les bottes aux pieds qui plus est !

Pendant ce temps là, le vrai Gunther attend un peu plus bas. Car souvenez-vous que dans ses dernières heures avant l'hospice, papy Wotan a mis le feu au rocher et seul Siegfried peut le traverser grâce à ses vêtements de vulcanologue et à sa grande imbécillité. A propos de crétinerie façon cinemascope, le brave hippy a donc pris la forme de son ami Guntherinou grâce au heaume magique pour qu'elle ne puisses pas dire qu'elle n'appartient pas à ce dernier; décidément les gros malins se bousculent sur les bords du Rhin.
Ainsi donc Siegfried agit en véritable homme - des cavernes - il lui arrache l'anneau du doigt et doit sûrement la trousser quelque peu car bon, pendant qu'il était sur sa lancée il n'allait pas se refuser grand chose. Pour finir, il l'assomme avec l'aspirateur et l'embarque avec lui dans la barque où d'ailleurs le vrai Gunther ne manquera pas de la tripoter un minimum, lui rappelant ses soirées à Pigalle.

                                 

Dans le palais des Gugu, nous retrouvons Alberich, le personnage que l'on voit depuis le début mais qui ne fait absolument rien à part gueule comme un putois contre le monde dans l'obscurité. Le vieux machin annonce au machiavélique Hagen que ce dernier est en réalité son fils. Non content d'aller harceler bite-en-avant les filles du Rhin, la bestiole allait aussi se soulager entre les cuisses des schön fraulein des alentours. Alors comment il a fait pour se faire la reine, on ne sait pas - et on ne veut pas savoir - mais toujours est-il qu'il ordonne à son fils de récupérer l'anneau; lui étant sûrement trop idiot pour ça vu ses tentatives dans les trois opéras précédents.

Mais voilà que l'embarcation des aventuriers du viol arrive au palais. Heureux et détendus comme de jeunes puceaux après une nuit offerte dans un boxon, Gutrune se doute que quelque chose ne va pas et se précipite sur Siegfried, l'homme au sourire béat et à la braguette béante.
Elle le questionne tel un policier devant un jeune à capuche mais Siegfried lui assure qu'il n'y a rien eu entre lui et la jeune rebelle aux vêtements déchirés. Ils s'embrassent, ils se pelotent, c'est la fête, du coup le bon Hagen qui n'est jamais le dernier sur la bière, les jambonneaux et la charcuterie décident de les marier sur le champs.
Ainsi, on fait rentrer les tonneaux, les invités et donc Gunther et Brünnhilde. Vous imaginez bien qu'elle est un peu surprise de trouver son mari là surtout en tant que marié du jour; de plus, le gugus est aux fraises et ne la reconnaît pas d'un poil. Entre deux mains aux fesses et trois "Et glou et glou", elle aperçoit l'anneau précédemment arraché au doigt du marié. Et là, c'est la fin de tout : un autel de violence dans la cathédrale du pétage de plombs.
La vaisselle vole, les injures pleuvent, la charcuterie diminue et les tabourets s'écartent.

(A suivre)