lundi 23 juin 2014

Camping paradis au beurre salé.



Bientôt les soldes d'été, déjà l'époque d'un rosé bien frais en terrasse et presque le début des flirts de camping avec le G.O. qui nettoie la piscine et ne rêve que de vous entre les douches communes et la baraque à frites.
Associons donc soldes et amours en ce presque solstice d'été.


Les relations amoureuses sont comme les vêtements. Certains vont chez Kiloshop et d'autres s'offrent du sur-mesure à des prix exorbitants (non, je ne parle pas du monde de la nuit et des escorts).
Même de grandes figures de l'amour racé et passionnel, comme Barbe-Bleue, confondaient amours et vêtements en rangeant leurs femmes dans leurs dressings. Bien sûr, je suis pour l'égalité des sexes et la même s'applique aux femmes - bien qu'elles préfèrent mettre les hommes dans les placards.
Mais sans parler de ses personnes possessives et légèrement cintrées qui remplissent leurs penderies, le simple lèche-vitrine confirme cette étude qui va, sans nul doute, révolutionner la page 43 du Figaro Madame du mois prochain.


Les gens qui ont de l'argent - les vrais, les emperlousés - ne regardent pas les vitrines H&M. Seuls ceux qui ont des moyens H&M regardent ces dernières. Dans cette catégorie, il faut voir qu'il y a ce que l'on appelle les gourmets de la confection à la presse hydraulique chinoise; sentant en eux un destin exceptionnel, ces derniers privilégient les boutiques interlopes aux noms sentant bon le rêve américain des zones industrielles provinciales : Mario confection, José chaussures ou bien encore Sergio Cicci mode 86. Ces magasins sont à la mode ce qu'un dealer ou un tenancier d'hôtel borgne sont au romantisme : une relation pleine d'aventures qui s'évanouira aussi vite qu'un magasin devant une fraude à l'assurance incendie.
Je ne fais pas de pub mais comme je sens que vous souhaitez bien rigoler avec ce sujet, voici un petit cadeau pour vous, mes loulous : 
Une publicité, une vraie.

Après, il y a toujours ceux qui regardent les vitrines des magasins de luxe. La beauté d'un vêtement Kenzo, la coupe d'une costume Hugo Boss ou bien encore la légèreté d'un chemisier Givenchy, tous ces produits exposés aux clients comme à ceux qui rêvent vainement de pouvoir un jour ressortir du magasin avec (enfin sans courir et se voir exposé à affronter les forces de l'ordre et de la justice). Un étalage indécent qui ferait passer internet pour un dépliant protestant sur le bonheur et la sexualité. En plus avec ce bel été qui arrive (c'est pour la formule), les muscles et les lignes galbées s'étalent telles les pages régimes d'un magazine féminin, du coup la vie devient une immense vitrine au contenu chatoyant mais lointain ( ça doit être Victor Hugo 2014 avec son crépuscule, son brin d'herbe et sa tombe qui m'inspirent).




Et puis, il y a ceux qui ont tout simplement mauvais goût. Si culinairement ce genre prolifère dans les établissements 'buffet à volonté', ils sont plus difficile à cerner vestimentairement parlant. Ils vivotent entre différentes boutiques allant des friperies aux enseignes sportives coincées entre La halle aux chaussures et Jean Vautroux, piscine de père en fils. Dans tous les cas, le mauvais goût se caractérise par la différence entre la personne en tant qu'être social et l'affirmation de ses goûts pour le moins personnels. Cet éloge de la médiocrité, ou tout du moins de l'absence d'auto-critique, on en a tous fait l'expérience un jour ou l'autre.
D'ailleurs, si on en croit plusieurs commentaires féminins, ses adeptes sont très présents. Je cite l'un de ces commentaires tiré du merveilleux livre du professeur G.Dupigeon Pour ma piscine, merci :
«- Non, mais t'as vu le copain de Jacqueline? On dirait Emile Louis dans un Sofitel. Dire qu'elle a largué Patrick pour lui...
- M'en parle pas. D'ailleurs, t'as vu la nouvelle copine de Patrick ?
-Non.
- Mon Dieu, on dirait qu'il l'a choisie à la boutique du Sexodrome, rayon mauvais goût. Je me demande bien ce qu'un type comme lui fait avec un pétasse comme elle.»
En fait, le mauvais goût n'existe que dans les yeux normés de ceux qui ne savent de quoi discuter en attendant que leurs chevelures finissent d'être coiffées.

Pour finir, cet article sponsorisé par le Collège de France, je dirais que le monde est un grand magasin. On se perd dans les rayons, des vendeurs essayent de vous attirer vers leur emprise griffue avec leur essence patchouli et leur sourire carnassier. L'endroit est grandiose et on ne sait où donner de la tête; on rêve de se voir passer à la caisse mais en même temps on passe beaucoup de temps à réfléchir afin de retarder ou de minimiser ce moment.
Au final, les soldes c'est comment choper des choses dont au final on pourrait se passer; l'été c'est un peu la chose dont on peut profiter chaque année avec ingénuité- sachant que le rosé n'est pas le meilleur vin à conserver des lustres dans sa cave - et l'amour est peut être encore la seule chose où l'on peut s'affirmer sans craindre quelque chose, enfin en restant dans le cadre de la loi et en faisant attention de ne pas détériorer la baraque à frites de Roger par vos à-coups répétés avec Jean-René, gentil organisateur des Flots Bleus et responsable des activités concours de Hot-dogs.
Bien à vous depuis le castle.
Salucofagos.


mardi 10 juin 2014

Chapitre 15 : Taupe secret.


Le sanglier broutait tranquillement la terre ocre. Peut être cherchait-il quelques pommes de terre, en tous cas il ne semblait guère préoccupé par la présence de Jack.
Jack commençait à sentir les douleurs occasionnées par l'aimable population du château mais il ne pouvait bouger d'un centimètre. Un sanglier est pareil à un pilier de bar alcoolique : si on le dérange on s'expose à une violente réaction.
- Ça ne bouge pas, c'est mou du genou tout ça ! Musique, s'il vous plaît !
A peine Krazu avait-il braillé ces mots dans sa plus belle voix de la Comédie française que les hauts-parleurs diffusèrent des accords pour scouts débutants. Le sanglier leva la tête, interloqué. Puis une voix vint s'ajouter aux notes dégoulinantes. Le coeur de Jack s'arrêta car il ne savait que trop quelle était le nom de cette bouillie nasillarde : c'était Fauve. La bête ne s'y trompa pas et entra dans une violente rage. Son cri couvrit les hauts-parleurs, de la mousse surgit de sa gueule et s'élança rageusement.
Jack grâce à ses études sur l'oeuvre de Carl Douglas réussit à éviter sa charge furieuse.
Alors que le sanglier allait charger de nouveau, Jack se tourna vers lui et mit un genou à terre. Il plaça son bras en avant et fit un étrange signe avec ses doigts. Krasucki découvrit avec grand étonnement que Jack Médecin était aux animaux ce que la Maratrucha était aux concours d'ombres chinoises. L'animal approcha doucement de notre héros. Il vint renifler calmement les doigts de Jack, puis s'agenouilla devant lui.
Krasucki restait impassible alors que ses sbires huaient la scène tels de jeunes mélomane à un concert de Lara Fabian.


Une autre porte s'ouvrit au bout de l'arène. Le sanglier prit peur et alla instantanément se réfugier d'où il était venu. Alors que rien n'était encore apparu, les gradins avaient troqué le folie destructrice pour un brouhaha euphorique. C'est alors qu'un homme sortit de la pénombre. Il avançait doucement; ses muscles se dévoilèrent en premier avant que la lumière des torches ne révèle son visage : c'était Tong Po.
Il y a bien longtemps, jack avait connu Tong Po alors qu'il résidait aux Philippines. Tong Po faisait la tournée des salles de combat et Jack faisait la tournée des ballons de sangria. Tong Po était un vrai guerrier, que ce soit sur l'arène ou quand il recherchait une bonne baise. C'est d'ailleurs ainsi qu'ils se rencontrèrent souvent au Maï Li, le bordel à la mode, non pas de Caen mais de Bayan Ng Coron. Au Maï Li, aucun des deux ne couchaient sur place mais c'était l'occasion de grandes fêtes. Mais suite à un coup mité, Tong Po dut repartir pour la Thaïlande.
Jack reconnu immédiatement son ancien compagnon de beuverie. Son visage amical et doux n'avait pas changé en ses traits. Tout autour, ses muscles s'étaient un peu relâchés sous l'effet du temps mais Jack devinait toujours le puissant combattant qu'il était. Par contre, il sentait aussi que Tong Po sentait le Tong Pol Remy.
Mais sans qu'il ait pu réfléchir à une quelconque stratégie, l'esprit déjà enivré par les parfums d'éthanol, Jack reçu la sandale du combattant à la figure. L'homme avait beau être à moitié à poil avec une sandale au pied gauche et un caleçon rouge en satin décoré de tigres, il ne rigolait pas.
Tel Dany Boon sur un mauvais scénario, Tong po se jeta sur Jack avec fureur. Un terrible corps à corps prit place. Krazu se délectait de voir Jack sans défense.
Jack ne se débattit pas et semblait glisser telle une anguille sur Tong Po. Le guerrier des arrières-cours d'opiumeries essayait de le saisir afin de lui briser la nuque mais son corps suintant l'alcool des jours précédent favorisait Jack. Tong Po commença a pousser des cris et voulu s'échapper mais désormais c'était notre héros médecin qui le tenait; il le tenait fermement et, chose étrange, lui léchait le corps.
Soudain, un éclair aveugla les spectateurs et dans l'arène, Picheman se tenait fièrement debout, un pied sur le corps de Tong Po évanouit.

(A suivre)