Bientôt les soldes d'été, déjà l'époque d'un rosé bien frais en terrasse et presque le début des flirts de camping avec le G.O. qui nettoie la piscine et ne rêve que de vous entre les douches communes et la baraque à frites.
Associons donc soldes et amours en ce presque solstice d'été.
Les relations amoureuses sont comme les vêtements. Certains vont chez Kiloshop et d'autres s'offrent du sur-mesure à des prix exorbitants (non, je ne parle pas du monde de la nuit et des escorts).
Même de grandes figures de l'amour racé et passionnel, comme Barbe-Bleue, confondaient amours et vêtements en rangeant leurs femmes dans leurs dressings. Bien sûr, je suis pour l'égalité des sexes et la même s'applique aux femmes - bien qu'elles préfèrent mettre les hommes dans les placards.
Mais sans parler de ses personnes possessives et légèrement cintrées qui remplissent leurs penderies, le simple lèche-vitrine confirme cette étude qui va, sans nul doute, révolutionner la page 43 du Figaro Madame du mois prochain.
Les gens qui ont de l'argent - les vrais, les emperlousés - ne regardent pas les vitrines H&M. Seuls ceux qui ont des moyens H&M regardent ces dernières. Dans cette catégorie, il faut voir qu'il y a ce que l'on appelle les gourmets de la confection à la presse hydraulique chinoise; sentant en eux un destin exceptionnel, ces derniers privilégient les boutiques interlopes aux noms sentant bon le rêve américain des zones industrielles provinciales : Mario confection, José chaussures ou bien encore Sergio Cicci mode 86. Ces magasins sont à la mode ce qu'un dealer ou un tenancier d'hôtel borgne sont au romantisme : une relation pleine d'aventures qui s'évanouira aussi vite qu'un magasin devant une fraude à l'assurance incendie.
Je ne fais pas de pub mais comme je sens que vous souhaitez bien rigoler avec ce sujet, voici un petit cadeau pour vous, mes loulous : Une publicité, une vraie.
Après, il y a toujours ceux qui regardent les vitrines des magasins de luxe. La beauté d'un vêtement Kenzo, la coupe d'une costume Hugo Boss ou bien encore la légèreté d'un chemisier Givenchy, tous ces produits exposés aux clients comme à ceux qui rêvent vainement de pouvoir un jour ressortir du magasin avec (enfin sans courir et se voir exposé à affronter les forces de l'ordre et de la justice). Un étalage indécent qui ferait passer internet pour un dépliant protestant sur le bonheur et la sexualité. En plus avec ce bel été qui arrive (c'est pour la formule), les muscles et les lignes galbées s'étalent telles les pages régimes d'un magazine féminin, du coup la vie devient une immense vitrine au contenu chatoyant mais lointain ( ça doit être Victor Hugo 2014 avec son crépuscule, son brin d'herbe et sa tombe qui m'inspirent).
Et puis, il y a ceux qui ont tout simplement mauvais goût. Si culinairement ce genre prolifère dans les établissements 'buffet à volonté', ils sont plus difficile à cerner vestimentairement parlant. Ils vivotent entre différentes boutiques allant des friperies aux enseignes sportives coincées entre La halle aux chaussures et Jean Vautroux, piscine de père en fils. Dans tous les cas, le mauvais goût se caractérise par la différence entre la personne en tant qu'être social et l'affirmation de ses goûts pour le moins personnels. Cet éloge de la médiocrité, ou tout du moins de l'absence d'auto-critique, on en a tous fait l'expérience un jour ou l'autre.
D'ailleurs, si on en croit plusieurs commentaires féminins, ses adeptes sont très présents. Je cite l'un de ces commentaires tiré du merveilleux livre du professeur G.Dupigeon Pour ma piscine, merci :
«- Non, mais t'as vu le copain de Jacqueline? On dirait Emile Louis dans un Sofitel. Dire qu'elle a largué Patrick pour lui...
- M'en parle pas. D'ailleurs, t'as vu la nouvelle copine de Patrick ?
-Non.
- Mon Dieu, on dirait qu'il l'a choisie à la boutique du Sexodrome, rayon mauvais goût. Je me demande bien ce qu'un type comme lui fait avec un pétasse comme elle.»
En fait, le mauvais goût n'existe que dans les yeux normés de ceux qui ne savent de quoi discuter en attendant que leurs chevelures finissent d'être coiffées.
Pour finir, cet article sponsorisé par le Collège de France, je dirais que le monde est un grand magasin. On se perd dans les rayons, des vendeurs essayent de vous attirer vers leur emprise griffue avec leur essence patchouli et leur sourire carnassier. L'endroit est grandiose et on ne sait où donner de la tête; on rêve de se voir passer à la caisse mais en même temps on passe beaucoup de temps à réfléchir afin de retarder ou de minimiser ce moment.
Au final, les soldes c'est comment choper des choses dont au final on pourrait se passer; l'été c'est un peu la chose dont on peut profiter chaque année avec ingénuité- sachant que le rosé n'est pas le meilleur vin à conserver des lustres dans sa cave - et l'amour est peut être encore la seule chose où l'on peut s'affirmer sans craindre quelque chose, enfin en restant dans le cadre de la loi et en faisant attention de ne pas détériorer la baraque à frites de Roger par vos à-coups répétés avec Jean-René, gentil organisateur des Flots Bleus et responsable des activités concours de Hot-dogs.
Bien à vous depuis le castle.
Salucofagos.
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