lundi 19 septembre 2022

D12

 


Des années ont passé depuis ce départ et puis des années encore... J'ai écrit souvent à Detroit et puis ailleurs à toutes les adresses dont je me souvenais et où l'on pouvait la connaître, la suivre Molly. Jamais je n'ai reçu de réponse.
La Maison est fermée à présent. C'est tout ce que j'ai pu savoir. Bonne, admirable Molly, je veux si elle peut encore me lire, qu'elle sache bien que je n'ai pas changé pour elle, que je l'aime encore et toujours, à ma manière, qu'elle peut venir ici quand elle voudra partager mon pain et ma furtive destinée. Si elle n'est plus belle, eh bien tant pis! Nous nous arrangerons! J'ai gardé tant de beauté d'elle en moi et pour au moins vingt ans encore, le temps d'en finir.
Pour la quitter il m'a fallu certes bien de la folie et d'une sale et froide espèce. Tout de même, j'ai défendu mon âme jusqu'à présent et si la mort, demain, venait me prendre, je ne serais pas, j'en suis certain, jamais tout à fait aussi froid, vilain, aussi lourd que les autres, tant de gentillesse et de rêve Molly m'avait fait cadeau dans le cours de ces quelques mois d'Amérique
.

Louis-Ferdinand Céline; Voyage au bout de la nuit

vendredi 16 septembre 2022

Incipit



(Premières lignes d'un projet de roman aujourd'hui arrêté.  D'ailleurs, ces lignes n'avaient pas été retenues sur la version la plus avancée de 67 pages) 

Le temps était clair, les jupes courtes et le café chaud. Come tous les jours de printemps, j'allais siroter des verres en terrasse après des heures de sommeil sur les strapontins en chêne armé de l'amphi.
D'interminables heures de droit fiscal, droit des sociétés, droit du commerce etc. Des milliers de chiffres t d'alinéas exposés au milieu de petits bourgeois aux culs et aux lèvres bien serrés.  J'avais beau m'habiller comme cette masse lointaine et impénétrable, mes vrais plaisirs restaient les bande-dessinées et les jeux vidéos de mon enfance.

Ce jour-là, je lisais Jean-Jacques Rousseau. Non pas pour la culture ou le style mais parce que j'avais appris que Noëline - ma voisine de cours de droit constit' - adorait les week-end à la campagne. Entre deux descriptions de fougères, j'appréciais mon café tout en jetant un coups d'oeil aux jeunes filles en fleurs.

Ce fut au milieu du Contrat social et de touristes américains qu'elle m'apparut.
Dans mon souvenir, c'était un vrai film pour adultes avertis : ses cheveux bruns et ondulés flottaient dans les volutes des pots d'échappements. Sa fine robe d'été suivaient le mouvement ondulant qui  partait de ses hanches et se terminait le long des se jambes graciles. Son sourire et son regard se tourna vers moi. Mais ils glissèrent sur mon espoir tel le postier qui laisse un avis de passage sans avoir sonné et elle traversa le boulevard avant de rentrer dans la fac. 

mardi 13 septembre 2022

Luit comme un ostensoir


 

Il y avait du monde ce soir là. L'invitation ne disait pas combien de personnes seraient là. Sur la carte, il y avait sobrement : "Vous êtes tous invités samedi xx à xxH00 à la salle xx. Cela fait longtemps que l'on ne s'est pas vus mais j'espère vous y retrouver. J'ai hâte de vous voir. Très affectueusement. Votre Marthe."

Dans la salle de réception privatisée, une petite musique se glissait entre tous les invités. Les fontaines à vin trônaient en podium sur le buffet du salon. Comme disait Marthe, c'était la sainte trinité ; blanc, rouge, rosé. Les différents buffets n'étaient pas en reste. Seule Marthe n'était pas encore là.

Marthe était la bonne âme de mon enfance. Comme avec tant d'autres enfants du quartier, elle m'avait appris la musique sur son piano, elle m'avait écouté, elle m'avait hébergé et nourri quand il l'a fallu. Elle fut cette présence bienveillante qui réchauffait le coeur et montrait comment lever les yeux vers l'avenir.

Il n'y avait pas d'adulte dans la salle. Nous avions tous entre trente et quarante ans. Je reconnus plusieurs camarades de l'école ou du quartier. Nous avions tous reçu le même carton d'invitation. Nous eûmes le temps de ressasser les souvenirs et, pour certains, de nous retrouver.

Alors qu'il n'y eut plus  de nouvel invité, un homme vînt vers nous depuis l'arrière salle, micro à la main. Il ne se présenta pas mais nous invita à nous regrouper vers lui alors qu'il découvrait un grand écran mobile. Silencieusement, il s'effaça alors que les lumières se turent et que l'écran s'illumina. Une vidéo se lança et Marthe apparût souriante alitée dans une chambre d'hôpital. Son sourire était toujours le même. Il me fit presque oublier le choc que me procura la vision de ce décor.

-Bonjour à tous. J'espère que vous profitez bien de la soirée. Je sais que vous m'attendez tous mais aujourd'hui cela ne sera pas possible pour moi d'être avec vous. Je ne sais quel jour ça sera exactement mais voilà, j'arrive au bout du chemin. C'est de la faute à personne, c'est comme ça. Il faut bien que tout s'arrête un jour. Si vous me voyiez, c'est que je suis déjà partie pour une autre lointaine aventure.

Le silence s'abattit comme le couteau sur l'agneau innocent.
Les coeurs se gonflèrent au plomb tandis que les larmes naissantes entraînaient les visages vers la terre le long de leurs courses. Aussi lourdes que leur chute fut, la vidéo reprit et le sourire de Marthe leva le front de tous.



- Ne vous en faîtes pas pour moi. Tout va bien et surtout tout ira bien. Il ne pourra pas en être autrement. Quoi qu'il advienne, tout se passera toujours bien, c'est ainsi que marche le monde et la vie. On avance toujours et encore. Mes enfants, j'ai toujours mis un pied devant l'autre et surtout, comme vous le savez, lorsque mon pas pouvait en aider d'autres. Aujourd'hui, je suis arrivée au bout de mon chemin. Il le faut bien.
Ne soyez pas triste pour moi, et soyez le encore moins pour vous. J'ai tout vécu et j'ai tout aimé. Je sais bien que ça ne sera pas facile au début mais vous vous élèverez tout de même au-dessus de ce petit nuage gris. Dans les autres moments qui viendront obscurcirent votre sentier, j'espère que vous penserez à moi pour vous apporter cette petite chaleur qui vous manquera. Je ne sais pas s'il existe un au-delà ou un je ne sais quoi, mais sachez que quoi qu'il arrive, je serais près de vous et veillerai sur vous comme je l'ai toujours fait. 
Je vous embrasse très fort. Je vous remercie pour toute la joie que vous m'avez apportée et n'oubliez pas que mon amour vous étreindra tout au long de votre marche. Je vous aime.

On répandit ses cendres dans la soirée avec sa musique préférée, sans pleur ni gémissement. La fine poussière s'éleva vers le ciel étoilé. Nous ressentions sa chaleur nous épauler en une dernière étreinte. Son sourire se fondit dans les astres paisiblement, nous laissant retrouver le son des grillons environnant.
Le ciel était clair et l'éther lumineux. S'ils n'étaient heureux, les coeurs étaient allégés.
Chaque année à cette même date, nous nous retrouverons.

(Image par Tim Sale (One and only!) - DC Comics)

dimanche 11 septembre 2022

Interlude



A l'ombre des salles de classes en fleurs. 

Mignonne, allons voir si la porte de sortie,
Pendant le bac ne sait pas endormie.
Dans la salle, toutes ces cartes bariolées
Illuminant tes yeux comme mille souvenirs d'été.
Tu ne peux entendre la mélodie qui berce mes oreilles
Mais tu as en récompense les sourires des autres élèves.

En te voyant travailler dans ce chatoyant palais
Mon transport s'enflamme et je me mets à rêver.
Mais arrêtons de songer, mignonne;
Soyons fous et unissons-nous !

Tous deux avec nos sacs de cours comme atours
Et ouvrons grand les portes de youporn et de l'amour!
Ensemble, faisons vibrer ces murs gris
Au rythme des intercours et des fortes sonneries.
Elevons-nous au-dessus de cette horrible prison.
Et voguons vers de nouveaux horizons, mon petit patapon ! 

jeudi 18 août 2022

1950

    



 Cependant, à mesure que s'imposait davantage à mon souvenir l'image de ce qui avait été pour moi la Beauté, l'ombre se voyait rejetée en arrière, comme un fond sur lequel pût à loisir se dessiner mon mirage. La noire silhouette dissimulait tout entier dans ses formes ce qui pur moi était le Beau. Grâce aux puissances du souvenir, de fines parcelles de Beauté se mirent à jaillir, à scintiller dans l'ombre, une seule d'abord, puis une autre ; et puis il y en eut partout. Finalement, dans l'éclairage de cette heure étrange dont on ne sait si elle est jour ou nuit, le Pavillon d'Or, par degrés, se précisa jusqu'à se découper, étonnamment net, dans le champ de mon regard. Jamais comme à cet instant sa fine silhouette ne m'était apparue si parfaite, si lumineuse jusqu'en ses moindres replis. C'était comme si j'avais acquis le sens aigu des aveugles. La lumière émanée de lui donnait au Pavillon d'Or de la transparence ; à ce point que, même de loin, je distinguais les anges musiciens peints sur le plafond du Chôondo, ou les restes de vieille dorure sur les murs du Kukyôchô. L'élégante façade formait avec l'intérieur un tout harmonieux et indissoluble. 

Mishima Yukio; Le pavillon d'or (Kinkakuji); Gallimard collection folio, 1981 : p.364-365

dimanche 14 août 2022

La cigale et la marque pouce





Salut à toi, ami/e égaré/e sur les plages de l'internet worldwide. 
tu sais, il y a des mystères qui perdurent à travers les âges. Certains se résolvent avec le temps et la science, et d'autres se fondent dans l'oubli. Mais d'autres se révèlent être volontairement oubliés alors qu'ils resurgissent dans notre quotidien avec ténacité et - il faut le dire - désespoir.

Ainsi, sans que tu puisses t'en souvenir, tu t'es toujours demandé :

Pourquoi les vacances d'été durent-elles si longtemps ?

Le savoir est oublié mais les écoles sont construites sur d'anciens temples païens à l'histoire sanglante. Tous ce savoir interdit dort sous nos institutions. Sous le béton, des couloirs obscures aux murmures infâmes hibernent.
Toute l'année, les abysses cachées sous le hideux décor de l'Education Nationale se nourrissent des hormones et des émotions de notre jeunesse exaltée.

Imaginez un peu. Tous ces pensées en ébullition. Toutes ces émois tournées vers l'autre et le monde extérieur. Ces désirs de sentir l'autre avec et contre soi. Ces mêmes pensées contrariées par des sentiments à sens unique. Cette envie de s'envoler loin de sa ville natale, de se propulser vers l'avenir et bien sûr, cette angoisse face à cet avenir bien trop vaste.

Bref, un maelstrom d'émotions pures. Voilà de quoi se nourrissent les esprits qui, larvés dans les entrailles, attendent leurs retours. De septembre à juin, ils se gavent de tout ce que la jeunesse pourra leur donner. C'est en juillet - août que la limite est atteinte et les entités peuvent revenir à la surface si ils reçoivent encore leurs doses d'émotions. On vous a fait croire que l'école est fermée l'été à cause de la chaleur ou de la moisson, mais la vérité est ailleurs. La chaleur agit sur leurs êtres impies, c'est pourquoi les deux mois les plus chauds de l'année sont une menace pour le monde.

Voilà pourquoi, les jeunes, il ne faut jamais aller s'aventurer au-delà des grilles des écoles/lycées durant les vacances d'été.  Vous vous ferez dévorer et le mal se répandra sur la Terre. 
Non vraiment, reste chez toi, joue a la console et vas à la piscine municipale si tu veux ressentir de l'hormone.

jeudi 4 août 2022

Au loin

 



Chaque matin, lorsque Charles se réveillait, un monde nouveau s'ouvrait à lui. Sa chambre était lumineuse et calme, été comme hiver. De son lit, il pouvait voir le jardin en contrebas s'étendre à travers les feuillages.

A côté de lui, posé sur la table de nuit, un livre de facture ancienne. Il n'avait plus sa couverture souple ornée de couleurs délavées. Charles pouvait voir à sa reliure que le livre avait quelques décennies avec son ton bleu pastel, imitation tissage. L'auteur ne lui disait rien, le titre non plus d'ailleurs : La crique aux tortues par W. H. Parker.

Il s'imaginait déjà sur une île tropicale au bout du monde et des océans. Le jardin au-delà des vitres était fait d'herbes tondues, de buis et de frênes, Charles le savait : cette crique ne pouvait qu'être loin d'ici. Il pouvait sentir le soleil irradiant réchauffer sa peau légèrement plissée et rugueuse sans même fermer ses paupières. Abrité à l'orée de la mangrove, le son des vagues se répandant sur le rivage apaisait l'insidieuse moiteur à laquelle il n'était pas habitué. Il savait que par delà quelques pages et la crête au loin, il allait sentir le rhum et sa sucrosité ensoleillée au détour d'une taverne à la façade rongée par les embruns. Il voyait déjà le port fait de planches blanchies par le soleil, de baraques branlantes et sombre le long desquelles déambulaient des matelots aux allures équivoques.

Dès les premières pages, Charles se voyait en Thomas Bucket, le jeune mousse qui s'était vu offrir une place sur le Princess Virginia un soir d'automne.

Chaque jour, Charles retrouvait un monde d'aventures entre les pages légèrement jaunies par le temps. Il y avait des langues étranges, des animaux exotiques et des milliers de trésors enfouis plus ou moins maudits.

Plongé dans sa lecture, Charles ne le voyait pas mais Eve pleurait presque chaque jour à ses côtés.

Comme une routine, elle venait s'asseoir à côté du lit de quatorze heures à seize heures. Sans un mot, elle regardait Charles et pleurait. Malgré les mois et les saisons, ses larmes ne s'appauvrissaient pas. Elles tombaient comme les feuilles d'octobre.

Silencieusement, elle pleurait devant son père absorbé par sa lecture. L'homme qu'elle avait toujours admiré n'était plus que l'ombre de lui-même.

Les journées se répétaient à chaque réveil et il restait ainsi prisonnier de son monde. Depuis longtemps, la réalité n'était plus qu'un vague point lointain dans son regard. Elle était comme son marque page qu'il n'utilisait plus.

Chaque soir, quand Eve quittait l'hôpital pour rejoindre ses enfants qu'il n'avait jamais vu, Charles refermait, à quelques lignes près, son livre sur la description du phare de son île.

Chaque soir, il s'endormait en rêvant à cette lumière éclairant le néant depuis son petit bout de terre rocailleux. Bercé par les soupirs des vagues, son esprit fatigué s'affaissait peu à peu face au sommeil naissant sous l'hypnotisant flambeau qui chaque soir luisait pour lui.

dimanche 31 juillet 2022

Cindy (9e partie)



Nous étions restés sur des rave party, des murs qui sont durs et une histoire qui n'avance pas. Les poules sur les murs, un ralenti dégueulasse, des applaudissements et voici la suite du chef d'oeuvre musical qui commence.

Nous retrouvons sans délai Paulo la salopette dont la signature est son amour pour Cindy et ses Dum dudum façon RnB ringard déjà présentes dès la partie 4

Fou d'amour et peut être également affamé (de nourriture, j'entends), Paulochinel vient toquer (d'où les Dum dumdum) chez Cindy. Malheureusement, elle n'est pas là. Est-elle enfin dans un cours de comédie ? Eh non, sa soeur nous apprends qu'elle est à Los Angeles avec Ricky. Pour gagner du temps et au cas où le public serait décidemment trop con, Paulo répète chaque phrase. Si nous n'étions pas de mauvaise foi, on aurait pu dire que c'est pour illustrer toute la douleur qu'il ressent. On a quand même quatre fois "Avec lui".

Le blues, ça fait mal.


Bref, il ne se passe toujours pas grand chose. Au milieu de cette vallée de larmes et de sentiments exacerbés, on ne sait trop pourquoi Assia dit à Paulo : "Je peux t'offrir une verveine ?"
Paulo ne saisit pas la blague et alors qu'Assia part dans son coin pleurer sur son appel du pied manqué
La blague sortie de nulle part et qu'on oublie aussitôt puisque la musique commence pour le tour de chant de Polochon.

Paulo, quand il pousse la chansonnette, c'est le prince du RnB. Cette chanson le fait devenir le Patricia Kaas de la comédie musicale. Les vieux abondement présents ont dû apprécier.

Niveau texte, on est sur le fameux Parking d'Auchan. Enfin, un Auchan qui aurait fermé ses portes il y a longtemps car le génie musical ne nous fournit qu'un seul couplet. Un homme dévoré par le blues. Il vit, il crie son blues.
"Blues d'amour à moi, blues d 'amour de toi". La rime est belle est heureuse, non ? Et dois-je souligner la syntaxe ?
Pour rappel, Paulo est censé représenter le jeune de banlieue 2002. On voit le Maurice Chevalier de Sarcelles.

Après deux minutes, a boucles des trois paroles se terminent et Assia essaye de récupérer l'amoureux perdu dans le plis de ses pensées et de sa salopette. Le trait d'union entre ces deux tours de scène est cette question existentielle : mais qui me guérira de mon blues (à moi) ? Assia voyant que sa technique d'une verveine et dans mon lit ne marche pas, elle s'ouvre à la philosophie. C'est beau comme la sortie du micro-onde d'un plat Picard.
Extrait qui ne sert pas à grand chose.


Une femme seule au milieu des slips moches.


Mais soudain, le spectateur sort de sa torpeur. la musique devient intéressante. On croirait une bille de tapioca remonter à la surface de la soupe. La musique plutôt discrète convient au chant qui lui aussi adopte une certaine sobriété. On pourrait même dire que c'est agréable, si l'on fait abstraction des paroles.
Assia n'en fait pas des tonnes (les vrais se rappellent la bonne époque).
Enfin, tout d'un coup, elle commence à faire du trémolo orientale; en même temps la musique part vite dans le style musique orientale façon Yakalelo ou Buddha Bar.
Pour un peu on, pourrait faire un remake pas cher de Battlestar Galactica (meilleure série du monde).

Bon, avec un verre ou deux ça passe, mais Cindy, c'est un peu le SM de la musique : tu t'habitues gentillement à ce morceau et d'un coup surgit un break mielleux dégueu issu d'un faux Disney Pakistanais. Tout ça pour entendre les paroles suivantes : "Attention fille méchante, attention fleur piquante, attention fille trop belle, attention fille rebelle".
D'ailleurs, niveau paroles on rigole bien et on boit frais en entendant "je suis la fleur trop fière qu'on n'ose pas cueillir/ Le reflet solitaire au milieu du parterre."' Le reflet solitaire ? WTF. Le reflet de quoi ?
Bref, toute une chanson pour dire qu'elle a bien envie que son "corps serpentine" mais que c'est compliqué dans sa tête. D'ailleurs, si on se fit aux paroles, c'est compliqué pour n'importe qui de comprendre ce qu'elle veut exprimer.
D'ailleurs, si vous voulez mon avis, elle se fait de l'argent dans un peep show de la rue Saint Denis et du coup, elle ne croit plus en l'amour. Triste témoignage d'une jeune fille dont c'est lorsque le "corps serpentine que [...] que les regards s'agglutinent". 
Heureusement, tout se finit pour ces deux poètes maudits car en s'écoutant chanter, ils se sont rendus compte qu'ils avaient pour eux les mêmes paroles niaiseuses. Ainsi, Assia rejoint Paolo, au ralenti car, c'est bien connu : le ralenti, c'est le mode de l'amour.

Allez, venez Milord 2002


Et revoilà maman la marâtre du Disco. On a exactement la même musique qu'au début. La mauvaise foi dirait "mais c'est un leitmotiv" mais je ne sais pas si comparer Wagner à Cindy est judicieux pour le défense. Cela dure exactement une minute... même pas le temps de faire bouillir de l'eau pour son oeuf dur.
Une minute pour dire que maintenant que ces filles sont casées/barrées/droguées, elle peut enfin avoir sa délivrance. Bien sûr, le parolier fou, nous gratifie de ces plus belles rime ou ménage rime avec déménage. Toujours un plaisir, l'artiste !
Un ralenti, un "yeah" et au lit ! Ce n'est plus une chanson, c'est une onomatopée..

Aujourd'hui ce fut un peu court mais dans la suite de cette épopée auditive et visuelle, nous aurons le droit à une chanson sobrement intitulé : Salaud.
Alors, que demande le peuple ?

mercredi 20 juillet 2022

Grasses matinées, covid et saumon fumé.

 

Salut le vieux jeune, car oui si tu lis encore des blogs c'est que tu n'es plus tout jeune mais tu es à l'aise  avec l'outil informatique donc tu n'es pas si vieux non plus.
Bref salut à toi, ami d'entre d'eux. Ami d'eau tiède, si on veut.

D'ailleurs, aurais-tu remarqué que le temps passe et passe et passe et beaucoup de choses ont changé/ qui aurait pu s'imaginer que le temps serait si vite écoulé ?

Maintenant, que tes illusions de jeunesse se sont heurtées aux récifs de la vie IRL, tu te souviens avec nostalgie de ces moments magiques de rêveries et d'insouciance. En même temps, as-tu envie à soixante ans de te souvenir des discussions sur la Toshiba 010 qui bourre les impressions autour de la machine au café terne et dégueulasse ?

Mais, comme tu as grandi, tu es devenu un peu cynique et tu vois également  que le "non" a régit ta vie.
Et comme tu as pris l'habitude de te prendre un petit apéro en revenant du boulot, cette idée commence à tourner en toi avec les volutes d'éthanol.

Quand tu étais enfant, cette tyrannie du "non" était une évidence. Même si tes parents t'aimaient tendrement (enfin, j'espère), ils devaient contrôler le jeune foufou antisocial que tu étais. Tu n'avais pas de règles, tu n'avais pas de principes, ni de valeur. Ainsi, tu n'avais que des interdictions, sauf peut être chez ta grand-mère, qui en avait déjà bavé avec tes parents. Tu étais la terreur de tes nounous, de tes profs et de ta famille. Non, vraiment, c'était le far west quand tu débarquais quelque part. Maintenant, tu comprends pourquoi les vieux te regardaient d'un sale oeil dans le bus.

Adolescent, même si tu n'avais pas encore tous les droits - à part celui de débarrasser la table - mais tu avais, dans ton nouvel océan d'hormones et de boutons, d'autres envies naissantes. Et là, tu as découvert ce pouvoir du "non" de la part de l'autre. Tu rêvais de câlins au cinéma, de pique-niques romantiques, ou tout simplement de grosses galoches et de mains baladeuses. En tous cas, tu as vite découvert que tes rêves se brisaient sur le continent des râteaux. Heureusement, que tu avais des potes.

Etudiant, tu as pu libérer tes pulsions mais désormais ta liberté trouvait un nouveau panneau stop. Tu as vite découvert que ta personne mais surtout ton dossier ne passaient pas auprès des agences et des proprio. Tu te voyais vivre dans un appart de film, et bien tu as commencé en restant un peu chez papa et maman. Petite mansarde dans laquelle tu étais au plus près des différentes températures de saison. Pas d ascenseur, WC sur le palier, pas d'argent pour les restau (pour les bars, c'était toujours bon). Pour les vacances, c'était blablacar et le camping, pour séduire tu misais sur le bar avant d'investir dans un restau à deux.

Sinon, tu as aussi tenté la colloc' pour apprendre que chez toi était chez eux. Un peu comme la vie dans la maison familiale mais avec des personnes plus cool et alcooliques. Sans ton premier job, le rêve de ton appart décent était loin.

Jeune travailleur, tu as enfin pu te trouver un petit chez toi avec un minimum de confort de daron. Tu as oublié les chèques à trois chiffres du CROUS pour découvrir la joie d'un SMIC (oui, car tu as fait une fac de sciences humaines). Mais par contre, tu as également découvert les joies d'être un adulte indépendant : impôts, assurances, frais de voiture, ta moitié qui veut peut être un peu plus de sorties et de voyage - non, le bar d'en bas n'en fait pas partie. Et ta joie première devant ce beau SMIC s'est envolée après avoir tout enlevé. Même le bar d'en bas ne te vois plus souvent car tu habites en couple et vous voulez manger plus sainement; et tout simplement, vous n'avez plus autant de temps et d'énergie qu'avant.

Maintenant, tu estimes avoir une certaine liberté dans ta vie entre dos aguas. Tu es désormais en pleine possession de tes qualités professionnelle et avec un peu de chance tu as du temps et de l'argent car tu ne t'es pas encore reproduit. Ta vie est rangée selon tes désirs.
Ta liberté n'est plus que celle que tu t'accordes. Tu es devenu philosophe, mon ami, mais dans quelques années qu'en sera-t-il ? Quels souvenirs en auras-tu ? Où est ce petit côté interdit ? Cette petite flamme de passion et cette envie de vivre ?
En fait, c'est cette période qui est la plus dur. Il te faut retrouver du "non" pour relancer ton être. Ca sera ta première vraie liberté.

Pense que tu auras une crise de la cinquantaine et peut-être des enfants pour te rappeler qu'il faut s'accommoder de la vie. Ce n'est rien, ça arrive à tout le monde, sauf peut être aux rockstars (le karaoke du samedi soir compte pour être une rockstar).
Le chemin est sinueux mais l'avenir est radieux.

Salucofagos et rock'n roll à toi.

mardi 28 juin 2022

Voir son réveil et mourir


Salut le jeune! Connais-tu ce syndrome de la journée de merde ?

Tu n'entends pas ton réveil pour commencer. Sa maudite sonnerie ne t'a pas vrillé les tympans pour une fois. Pourtant, tu l'avais changé en passant de Câlins matinal pour Bienvenue dans le stress.

Tu es à la bourre, plus que d'habitude. Tu n'as pas le temps de penser à  prendre une douche, ni de te passer un coup de brosse à dents. Tu es déjà moite et tu sens que cette journée va être olfactivement et hygiéniquement difficile. Mis ce n'est pas grave, tu assumes (en  même temps, as-tu vraiment le choix?).

Je vais passer sur les transports en commun car c'est toujours l'enfer quelle que soit la journée. Au moins, tu passe incognito avec ton boule qui respire encore ta journée de la veille.

Tu arrives au boulot, tu es déjà en sueur. Tout le monde te prends pour un crado, tu le sens (eux aussi cela dit). Certains pensent même que tu reviens d'une nuit de débauche arrosée ou bien d'un hôtel pas trop cher au sein duquel tu n'as pas trop dormi et où tous tes voisins de chambrée sur l'ensemble de l'établissement t'ont entendu t'amuser et t'ont maudit.

Ton partenaire (ou en tous cas, la personne que tu considère comme telle, chose qui n'est pas forcément réciproque) te laisse un message te disant qu'il part quelques jours en campagne pour "s'aérer". En plus, tu te rappelles que dernièrement il passe beaucoup de temps à la salle de sport et ne quitte pas son clavier de téléphone alors que tu lui montres à la TV un chef d'oeuvre du cinéma indépendant tchèque.

Ton boss te fait chier. Normal, c'est un chef. On te demande l'impossible et tu ne t'investis que pour avoir la paix et une possible prime maigrichonne à la fin de l'année. 

La journée est longue, en plus ton ex t'appelle durant ta pause déjeuner constitué d'un sandwich Sodebo insipide et d'une barquette de carottes rapées parce que tu te trouves un peu replet. Tu ne saais pas pourquoi cette personne t'appelle - elle non plus apparemment- mais tu n'as pas envie de partir pour un tour de "c'était bien, non" et "si on se revoyait un de ces jours". 

La journée passe lentement mais elle est passée. Retour dans les transports, tu es encore plus moite qu'avant. Tu regardes tes pieds pour ne pas croiser de regards.

Ton facteur t'as laissé des avis de passage que tu ne pourras aller chercher avant samedi prochain car comme tout le monde ton bureau de poste n'est jamais ouvert selon tes heures de bureau. Avec un peu de chance, il te faudra payer un droit de douane.

Le ciel s'éclaircit quand on te propose un verre entre collègues. Enfin, un peu de douceur dans cette journée de brute. Mais tout ceci n'est qu'un leurre.
Avec la fatigue, tes deux pintes te montent a la tête, tu rentres chez toi et il est déjà tard. Tu as la flemme de te faire à manger. Si tu commandes en livraison, tu sis que ça va mettre une heure pour arriver et tu te coucheras à pas d 'heure.

Ton frigo est vide. Il y a bien quelque chose dans le congélateur mais il fait déjà 30 degrés dans l'appart et tu ne gagneras pas de temps entre le pré-chauffage et la cuisson. Du coup, tu manges ta boite de thon avec la dernière tomate. 

Tu va enfin retrouver ton lit mais tu ne trouves pas le sommeil mais ton âme soeur de Tinder qui va s'aérer la tête, fait tourner la tienne. Dans ta tête, c'est La nuit sur le mont Chauve (NB : version Rimsky-Korsakov) dans un premier temps, tout de suite enchaîné avec L'antre du roi de la montagne.

Au final, tu ne sauras comment mais tu t'endormiras sans penser au lendemain. Ton esprit fatigué pourra enfin s'éloigner de sa journée effrénée teintée de douce mélancolie et se préparer pour demain. Si tu penses à ton réveil. 

jeudi 23 juin 2022

La flamme olympique de mucho bailar.

 





Il y a certaines choses qui seront éternellement immuables : la publicité qui te prend pour un con, les médecins en retard et les petites phrases toutes faîtes que tout le monde connaît mais qu'on entend tout de  même tout au long de sa vie.

Prenons une jeune personne romantique.... Non, pas un romantique Sturm und drang, ni le niaiseux  fan des violons au restau et des fleurs pakistanaises au dessert. Non disons plutôt une personne ouverte, sans préconception, et un peu fleur bleue.

Bref, cette personne croise sur le fleuve de la vie amoureuse avec son petit remorqueur depuis ses primes années. Lors de ses escales aux écluses, elle entendait toujours une sombre histoire que les vieux loups de rivière se transmettaient de génération en génération durant les veillées : la légende du "C'est pas toi, c'est moi."

Ces paroles aux résonnances infernales était le Kraken des gentilles amours marinières.

Cette phrase est une incantation nécromancienne lancée lorsque le vil sorcier veut juste un coup de bite mais qu'il n'assume pas.  C'est sûr que cette incantation est toujours plus policée qu'un "je n'attendais rien de plus que ce que l'on a partagé. Merci. Au fait, je claque la porte derrière moi ?". Chose que l'on aurait pu signaler à l'autre avant de copuler comme des Jackie et des Michel, cela dit en passant.

Bien sûr, chaque marin sait que les courants sont tus différents et que les aspirations de l'un ne se conjuguent pas toujours avec celles de l'autres. Ainsi, la phrase maléfique met l'accent sur cette connaissance de la vie trouvée au rayon soldes du Tout à 1 franc local. J'insiste sur le franc.

En fait, ce n'est pas la phrase en soi qui est abject, c'est la lâcheté qui peut se cacher derrière.

Le nécromancien est un sbire des forces du Malin. Ce sont les hérauts de Gog et Magog s'avançant fièrement en tête de leurs armées, tout oriflamme déployé. Ils mentent dès le début, ils laissent un flou s'installer pour mieux réciter leur mantra pernicieux.

Certaines versions de la légende évoquent même des démons farceurs qui préfèrent d'autres formules diaboliques telles que : "Ah désolé, j'ai oublié mon portable et comme je viens d'en changer, je ne connais pas encore mon numéro" ou encore le "oula, mais tu vas rater le dernier train




Parmi ses ambassadeurs du mal, la légende raconte qu'il y a pire que ces bancs de sable pour les humbles remorqueurs : il y a les naufrageurs. Ceux-ci t'attirent à la manière des sirènes pour une extase bien éphémère. Ils glissent des mots d'amour dans ton oreilles, ils te font croire que cet instant est magique, que Paris sera toujours Paris et que le miel de tes lèvres sera la cire étincelante sur l'écrin dénudé de leurs coeurs (ce qui en soi, ne veut rien dire). Une fois, que le jeune fleur bleu s'est tout abandonné insoucieusement, Le naufrageurs récite son terrible discours tout en plongeant sa dague dans le coeur encore fiévreux de sa victime, les yeux dans les yeux.

Combien de fiers marins n'ont pu échapper à ces saturnales de l'amour sans s'arrêter pour un temps de naviguer afin de dompter cette peur ? 
Certains vieillards, lorsque les braisent agonisent et que l'alcool pose son voile réconfortant sur les esprits, évoquent des esprits malins qui ont su reprendre un peu d'humanité en annonçant leurs noires desseins avant d'entrer en contact avec aucune muqueuse de son partenaire que ce soit.

Sur des fleuves dont ils n'existent aucune carte, les dangers sont nombreux pour les capitaines aux petites embarcations ronronnantes. Des flibustiers aux forces du mal, en passant les longs bancs de sable nus, il y en aura bien un qui sera rencontré lors de la traversée. Il est certain que quoi qu'il se passe, nous arriverons tous à l'embouchure avec l'océan et qu'il faut bien gagné en expérience et agrémenter le voyage. Toutefois, si la croisière pouvait ressembler aux croisières pour vieux dans les fjords de Radio Classique featuring Eve Ruggeri, plutôt qu'à The Human Centipede, qui s'en plaindrait ?

mercredi 15 juin 2022

XIXe

 



Aujourd'hui, c'est la fête de la musique. Ce jour d'été où le démon musical en chacun peut s'exprimer. Il était 15h, les scènes se montaient, les voisins déjà fatigués partaient à la campagne et les courses des apéro-picnic s'accumulaient aux caisses des Franprix. 

Anant était chaud comme la place de fêtes, d'ailleurs il y était. Il avait son groupe de rock - les Electro-Cutes - mais aujourd'hui, la folie de la scène était pour accompagner le groupe de musique traditionnelle de son père. Avec la période des examens et des apéros, ils n'avaient pas pu effectuer les démarches nécessaires avec ses potes. En même temps, quand on joue du rock, du vrai, ce n'est pas pour se soucier de la paperasse de fonctionnaires.

Il aurait voulu que Loretta soit là. Qu'elle puisse voir l'énergie qu'il pouvait dégager sur scène alors qu'au lycée il la gardait  au fond de lui comme on garde un trésor. Après avoir posé l'ensemble des micro, il regarda la place vide. Bientôt, un public se tiendra devant l'obélisque chelou. Il avait toujours pensé que ce grand cousin moderne et persistant du sapin de Noël était un jour tombé là par hasard à la manière des oeuvres qui jalonnent solitairement les autoroutes. 

Mais cette foule n'était qu'une masse mouvante dans sa vision. Il savait qu'au centre il y aurait Loretta. Toute la bande des terminales L du bahut sera là. Cette pensée l'emplissait de joie mais, sous cette pellicule de bonheur qui l'enveloppait, il pouvait sentir ce petit pincement qu'il ne savait réprimer. Tout le monde aller passer un bon moment, il allait bien jouer. En soi, ce concert ne lui posait pas de problème. Mais il aurait voulu qu'elle le voit à la guitare avec ses potes des Cutes à jouer la musique qui le faisait vibrer. Il aurait été les trois guitares de Lynyrd sur Free Bird à lui tout seul, il aurait eu ce ce côté électrique et sensuel de Jimi Hendrix, il aurait même pu avoir cette sensualité estivale poisseuse du meilleur des Stones.
Cela aurait été grandiose, le meilleur concert de sa vie. Malheureusement, ce soir, il allait jouer avec le groupe de son père.

L'ensemble de son père faisait dans le dhrupad. La mairie avait voulu changer un peu des lycéens basse grasse, guitare mal accordée et batterie de bourrin. Cela allait créer une certaine ambiance sur cette place où il y avait déjà deux, trois punk à chien assis avec des caissons de bière.
Il aimait cette musique traditionnelle. Il la comprenait en son être et il a été élevé avec mais pour emballer ce n'est peut être pas le top; bien que toutes les musiques sont possibles pour cela, cela dépend des personnes. Son père tenait à faire partager ce style musical avec des sonorités que le public pouvait connaître (ce qui revenait pour beaucoup aux Beatles ou Georges Harrison).

Il s'était même rêvé lui faire un concert à la Bollywood, cela lui aurait surement plu. Un bollywood moderne comme cette scène que sa soeur adore, et qu'il aime aussi contrairement à sa volonté de ne pas aimer les goûts de sa soeur.

Tout était quasiment installé. Il allait avoir le temps de se reposer un peu. Le soleil commençait à descendre sans perdre de sa force. Alors qu'il regardait une dernière fois la place vide, il vit une silhouette s'approcher de la scène. L'ayant reconnu, il descendit la retrouver.

- Loretta, qu'est-ce que tu fais là ?
- Excuse-moi Anant, je ne voulais pas te déranger.
- T'inquiète, tu ne me déranges pas, en plus j'ai finis de tout installer.
- Euh, en fait, je suis venue pour te dire que je ne pourrai pas être là ce soir

Le petit pincement au coeur était désormais un maelstrom de désillusion., mais il se contenait et elle ne lui laissa pas le temps de répondre.

- Je dois rester surveiller ma soeur. C'est tombé à la dernière minute.
- Non, je comprends, ne t'en fais pas.
- J'ai préféré venir te le dire pour que tu ne penses pas que je t'ai lâché. Et... pour te dire que j'aurai aimé être là. Je sais que ça ne sera pas pareil mais mardi soir, ça te dit de venir voir un film, pour m'excuser ?
- Euh, oui, bien sûr... avec plaisir.

Loretta sourit avec un petit bond d'excitation. Elle l'embrassa du bout des lèvres en un éclair, l'espace d'une seconde, puis elle repartit en dansotant.
Anant garda en lui ce sourire qui suivit son baiser jusqu'au mardi. Le concert ne fut qu'une rêverie. Au-delà de la chaleur qu'il ressentit sur ses lèvres et l'adrénaline qui explosa dans ses veines, il ne retint que son visage illuminé par cette joie primordiale qui a effacé en un geste la forteresse de la timidité et le soleil d'été. 

mercredi 23 septembre 2015

Prends encore ma main.

                               

Reprenons un peu la suite de notre émission culturelle, surtout après le dernier prime time de Secret Story grâce auquel on a appris... pas grand chose.

A propos de savoir et d'actualité, oserais-je vous faire l'affront de vous présenter Les ch'tis ?
Un programme qui commence à se faire aussi vieux que le franc - et que le film qui en a été l'inspiration et que tout le monde a oublié tellement il est mauvais. Pour être concis, c'est l'histoire de quelques enfants du Nord que l'on balance bronzer dans un endroit de la planète. Ils ont tout fait : Mykonos, Ibiza, Las Vegas, Hollywood etc. Bientôt, il ne restera plus que La grande Motte et le camping de Melun et vu la dégaine des participants ça fera ton sur ton. Effectivement, les candidats n'animent pas un salon littéraire. La production leur donne bien des défis - ce qui se résume par le mot travailler dans 95% des cas - mais peine perdue. Les jobs sont dans leurs cordes (pizzaiolo, gogo danceur, barmaid, fan de tuning, journaliste à Mulet coiffure magazine,etc.) mais rien n'y fait. Ils peinent déjà à coucher entre eux (ce qui est un minimum dans une émission de téléréalité)... Ainsi, il ne reste plus qu'à s'engueuler, histoire de justifier le chèque du producteur malheureux - culturellement car l'émission marche.

Et quand on voit les Ch'tis, on ne peut qu'imaginer son émission cousine : Les marseillais. Jean-Roger Jambon, producteur émérite, aime bien l'argent facile et pense que son argent vient de masses abruties en manque de vide, ainsi il a l'idée de faire exactement la même émission mais avec de jeunes méridionaux à l'accent chantant. L'huile d'olive fait reluire les pectoraux et les nichons, le bourdonnement irritant d'un nid de cigales enrouées se fait entendre et le soleil de la langue française nous éblouit. Au moins, ça justifie la consommation de pastis. Depuis Confessions intimes, le Nord et la région Marseillaise/Montpelliéraine est une mine d'or pour les directeurs de casting.

C'est bien beau de filmer de parfaits inconnus en train de rien faire - ou alors pas grand chose - mais imaginez la même chose avec vos stars préférées ! Là, encore Jean-Roger Jambon l'a encore fait ! La ferme célébrités - et son enfant bâtard, La 1ere compagnie -sont des énièmes resucées de Loft Story. A la place de jeunes anonymes, à qui on donne deux, trois épreuves, histoire de les sortir de leur sieste, nous avons ici des stars du showbiz. Ainsi, nous avons pu admirer les idoles de la jeunesse du nouveau millenium : Jean Roucas, Régine, Philippe Risoli, Aldo Maccione, David Charvet, Thallia ou encore Sylvain Mirouf (le vrai, l'unique!).
Que dire de plus ? On se demande si la solitude était devant la caméra ou devant la caméra.



Les stars hasbeen sont le petit coup de nitro de la téléréalité pour relancer l'audience. C'est ainsi que Pekin Express nous a gratifié d'une saison spécial VIP, tout aussi ennuyeuse que les précédentes - et les suivantes. Le concept de l'émission est de rejoindre un point donné sans un sous en poche. Pour pimenter le tout, les participants se trouvent à l'autre bout du monde et si possible dans une région où la beauté de leur spoken English dégueulasse ne peut même pas leur permettre de commander un Coca. Bref, on suit des auto-stoppeurs dans une émission qui ne s'attarde même pas sur les paysages. Le Tour de France, c'est aussi chiant à regarder mais au moins on a du beau paysage avec des vues d'hélicoptère et tout et tout; ici, c'est caméra embarquée dans un tuktuk, braillements et aisselles mal rasées. D'ailleurs, à propos de cris de putois, je me demande par quel miracle les candidats ne se sont pas fait éventrer une seule fois à la gloire de Satan : ils n'arrêtent pas de gueuler "plus vite" aux gentils chauffeurs qui ont eu la gentillesse de les prendre. Ces mecs sont le genre de cargaison que même les équarrisseurs ne voudraient pas.

Si Pekin Express est une émission pour personnes malentendantes - à ce niveau, je dirais 'sourdes' - les cinq sens n'ont pas manqué de marquer l'imagination "fertide" (oui, c'est un néologisme) des producteurs et donc de Jean-Roger Jambon, c'est ainsi qu'est né : L'amour est aveugle. On ne trouve pas d'extrait de cette émission et pour cause : c'est l'ensemble de l'émission qui est un festival d'horreurs. On a le droit aux minutes de descriptions adolescentes de l'amour et du physique rêvé; car oui, Messieurs, Dames, là encore, on nous vend une émission où l'on cherche l'amour. La seule différence, c'est que les rencontres type speed-dating se font dans le noir, du coup on se tripote allègrement dans le vide intersidéral - des conversations. C'est un Tournez Manège nouvelle génération mais que cette dernière ne regarde pas. Il faut quand même noter que bizarrement l'émission évite le voyeurisme outrancier et l'autoroute du mauvais goût. En même temps, quand il n'y a rien, il n'y a rien.

En parlant de grosse bouse de mauvais goût, très peu d'émissions peuvent se hisser à la hauteur de Dilemme, l'émission dont personne ne se souvient. Un ersatz de Secret Story mais en encore plus cheap - et mauvais. Il faut toutefois rappeler que cette émission de qualité fut présentée par Faustine Bollaert; pour éviter un naufrage autant appeler un spécialiste, même si, dans ce cas, cela n'a pas suffit.
Encore une fois, on parque une bande d'incapables dans une maison en carton pâte et chaque jour on leur donne un dilemme à résoudre. C'est ainsi qu'entre deux séances de glande en slip, on nous matraque de concepts mettant les neurones à rude épreuve comme ici : cadeau. Et encore, je n'ai pas retrouvé les grands dilemmes de type : se faire tenir en laisse, poser nu, se raser la tête etc. Dans le cul de basse fosse de la télévision, nous avons ici le gratin de la fange : ennui, voyeurisme et humiliation. Et bien sûr, on remercie - encore une fois - Alexia Laroche-Joubert, la Jeanne d'Arc de la culture nécrosée.

Nous replongerons très bientôt dans cet océan d'horreurs avec plein d'émissions gentillettes et surtout un bon podium des émissions les plus dégueulasses de la régurgitation télévisuelle.

A suivre.

"That is not dead which can eternal lie
And with strane aeons even death may die;"
                         Abdul Al-Hazred

jeudi 3 septembre 2015

Prends ma main.



Après de torrides chaleurs, des dizaines de cartons à transporter, une centaine de pages à rédiger et des milliers de kilomètres pour déménager, c'est déjà le moment de la reprise.
Au moins, la reprise du blog vanillé qui fleure bon le RSA.

Mais alors que les feuilles commencent à former un réseau de pièges mortels pour nos petits vieux, aventuriers du bitume, nos chères (c'est une expression) têtes blondes reprennent également l'école. Mais croyez-vous seulement que l'école est ce qui leur vient en tête quand on évoque le mot 'rentrée'? Il faut être lucide en sachant que la vraie rentrée pour nos enfants est celle de la nouvelle saison de Secret Story; une émission, une vraie, une tatouée. Les émissions de télé-réalité passent maintenant comme un salaire aux impôts dans notre société et il serait bon qu'en cette belle rentrée (oxymore) nous faisions un petit récapitulatif de toute cette culture. (Attention, les extraits proposés en liens peuvent choquer les plus diplômés)

Il y a donc l'émission phare de cette rentrée : Secret Story. Des jeunes gens sont enfermés dans une maison aux couleurs des plus horribles. Chacun d'eux a un secret que les autres doivent découvrir, mais tout le monde s'en moque. Il faut dire que les secrets vont du "je suis le fils du cousin du chauffeur de lady Diana (Trevor Jones)" à "tous les soirs, je rêve de Jean Roucas". Ainsi, tout l'intérêt de l'émission réside dans les histoires sentimentales, les décolletés, les jupes trop courtes et les dolines en français ainsi qu'en culture générale.

Les plus vieux d'entre nous se souviennent de Loft Story, la première émission du genre en France. 24h sur 24, on pouvait suivre sur le câble les aventures de jeunes sans secret s'ennuyant sec dans une maison en contreplaqué, ainsi que les pubs pour Durex et les vendeurs de piscines organisées par Loana et Jean-Edouard. Bref, Rien ne se perd, tout se transforme.

En fait, depuis Loft Story, nous subissons sans discontinuer ces émissions où de jeunes bonasses et de jeunes Don Juan de boîte de nuit chassent leur ennui à grands coups de vits et de croupes. Citons ces merveilleuses émissions oubliées telles que Les colocataires ou bien Nice People. Le nom et la chaîne changent mais pas le concept. Si l'on a tous oublié les prénoms et les visages de ces volailles d'élevage, on a également oublié le nom des émissions. Coïncidence? Je ne pense pas.

Dans un autre genre, nous avons la possibilité de nous divertir le gras des neurones devant Koh Lanta, une émissions phare depuis plusieurs années. Dans cette émission, on lâche des gens de tous les jours sur une île déserte et puis on pose la caméra. Les candidats sucent des cailloux pendant des semaines quand ils ne participent pas à des épreuves pour déterminer qui pourra partir au prochain vote. Car oui, en plus de mâchouiller des bulots, les candidats s'éliminent entre eux afin d'être le dernier. "Il ne peut en rester qu'un". Du coup, les stratégies et les affrontements sont avec les épreuves les éléments qui constituent 80% du show; le reste étant constitué de chasse aux cailloux, de bronzage et des réflexions pertinentes de Denis Brogniart.

                                    

A propos d'île, on en oublierait presque la grande émission : L'île de la tentation. Un chef d'oeuvre du genre où plusieurs couples viennent tester leur amour. Bien sûr, les mâles et les femelles sont séparés et se retrouvent entourés de belles créatures toutes plus huilées et ouvertes que des actrices pour adultes après une semaine à Budapest. Voilà, le bousin : belles pépées et engueulades de couple. Après une journée à disserter sur A la recherche de temps perdu ou bien sur le concept d'übermensch, ces merveilleuses images de nichons accueillants et de fessiers endiablés sont/étaient le parfait moyen de se vider, la tête.

C'est ainsi qu'est arrivé : The Bachelor. Une émission des plus intellectuelles où un bellâtre beau, riche et intelligent - comprenez ici : ventre plat, PEL de 10 000 euros et ayant un Bac général - choisit l'amour de sa vie entre une dizaine de jeunes bonnasses prêtes à tout. Rien de bien nouveau sous le soleil : on mate du cul en oubliant que le Bescherelle existe. C'est d'ailleurs, après cette émission qu'on a pu découvrir le merveilleux Greg le millionnaire et sa suite Marjolaine la .. bref, Marjolaine, celle qui "rend tout dur de partout"(dixit).

Mais toutes ces émissions aux courbes dénudées étaient un peu trop explicites, les téléspectateurs pouvaient se dire qu'il y avait peu d'intérêt culturel. Une hérésie! Alors, les chaînes sont revenues au bon concept des jeunes qui s'ennuient mais tout en conservant le côté jeune nichon avec plein d'amour à donner. L'amalgame étant un peu trop poussif, elles ont rajouté l'ingrédient de l'humour (ou du foutage de gueule, au choix) et voilà qu'apparut : Les princes de l'amour

Mais ce sera pour la suite car, en plus de toujours me reprocher d'écrire des articles trop longs, il y a encore plein d'autres jolies émissions de télé-réalité à revoir.
Et il y aura de tout : de la cuisine, des oreilles en piteux état, du sujet/verbe/complément et bien sûr du nichon!

(A suivre)

mardi 12 mai 2015

Barjaboule.



En attendant le retour de Jack Médecin, voici une critique, une vraie (à l'origine réalisée en direct pour Bani).

Que vaut le film Pyramide (The Pyramid) ?

Ce film est la voix d'Indiana Jones dans un loukoum bien gras de déjà-vu.
Des jump-scare bien éculés (oui, oui, c'est français) que l'on voit venir d'aussi loin que le scénario (en occurence d'Egypte). On a l'impression que ce film en veut simplement à ton popcorn (ainsi qu'a ton porte monnaie et tes neurones).

Le tout saupoudré de caméras irritantes façon Blair Witch. En plus, comme par hasard, c'est un found footage... Ca devait être les soldes au rayon cinéma de la FoirFouille.

Des persos aussi vides et intéressants qu'un placard après le passage d'un huissier. On retient à peine leurs noms, et à propos de placard, il faut dire qu'ils sont aussi cons que ces derniers.

On trouve la fameuse équation : femme + survie = torche rouge de détresse. A mettre, bien sûr, entre parenthèses avec l'exposant "foutage de gueule".

Un suspens d'une poignée de dinars et une mise en scène bien momifiés, on reste dans le cadre. Il aurait fait un film potable en 1996 pour les effets, ou bien en 1936 pour le scénario.

Ais-je oublié de vous parler des effets spéciaux fournis par l'amicale des joyeux cotorep de la palette graphique ?

Au moins, vu l'économie de lumière, de décors et de papier pour le scénario, on peut retenir que ce film a un bon bilan carbone. C'est toujours ça ...

Enfin, après un film ballonné, on a le droit à une belle fin en forme de chiasse.

Bref, un beau film Jacob Delafon tout en carton.


lundi 9 février 2015

Chapitre XXIX




Le bibliothécaire avait doucement refermé la porte alors que l'alarme continuait de rugir pour quelque minutes.

- Tu peux sortir de là, dit laconiquement Till.

Avant que Nicolas ait pu ébaucher l'idée d'un mouvement, la table s'envola à l'autre bout de la pièce puis revint se poser à côté de lui.
Till s'assit et joignit ses mains sur la table :

- Je pense que nous devrions avoir une discussion.

Une demie-heure plus tard, tout -enfin presque tout - était devenu clair. Enfin clair n'est pas le mot qui convient le mieux, il serait plus juste de dire que désormais Nicolas Brandebris apercevait un semblant de logique.
De moins en moins de personnes croient en la magie. Comme cette dernière se nourrit beaucoup de la croyance, elle commence a décliner.
Jusqu'ici tout va bien; mais Till alla plus loin : Les zébus constituent un peuple qui ont toujours vécu à côté des hommes. Ces derniers les nomment depuis toujours magiciens, sorciers ou bien anges. Ces être naissent et se nourrissent de la magie, ainsi ils leurs pouvoirs les abandonnent peu à peu et surtout ils commencent à disparaître. Donc, ils quittent la Terre pour une nouvelle planète.

- Mais vous ne m'aviez pas dit que vous étiez immortels ? demanda Nicolas.

- Oui mais c'est un peu plus compliqué que cela... répondit Till avec une tête qui montrait bien que cette histoire n'était pas aussi simple qu'une recette de quatre-quarts.
Plus il a de magie, plus nous le sommes. Si la croyance en la magie venait à disparaître, il est certain que nous perdrons nos pouvoirs mais personne ne sait si cela fera de nous des mortels.

Nicolas commençait à saisir tout ce que ces révélations impliquaient, du début de l'humanité à son aventure. Mais quelque chose n'allait pas; quelque chose était inexplicable et surtout les explications du bibliothécaire lui paraissaient totalement inutiles et incomplètes.
Nicolas crispa ses mains, releva les yeux et dit d'un air assuré :


- Tout ça, c'est bien beau mais pourquoi vous n'hésitez pas à massacrer ? Qu'est-ce qu'avait ma femme à voir avec tout ça? Qu'allez-vous me sortir, qu'éventrer les gens créer un peu de magie dans l'air ?

Till n'avait pas quitté son air grave. Devant l'agacement de Nicolas, il eut pour seul geste de porter la main à ses lèvres puis d'un mouvement de main fermer portes et volets.

- Vous avez raison, ce que je viens de vous dire n'excuse en rien ces agissements. Cela n'a rien à voir avec la magie... Till fit une pause qui parut durer des minutes.
Voyez-vous, déclinante ou pas, la magie ne peut pas tout faire non plus; et il existe plusieurs types de magies. Afin de voyager dans l'espace, il nous faut une énergie magique très puissante et... Et nous utilisons pour cela les âmes...

Till, à ces mots, laissa son regard appuyé sur Nicolas qui resta stupéfait, le souffle coupé.

- Les âmes gardent les souvenirs et les émotions de leurs hôtes avant de se fondre dans l'univers, reprit le bibliothécaire. Outre leur nature vitale, ce sont ces éléments qui en font de puissantes sources magiques.
Mais voyez-vous, nous ne sommes pas tous d'accord sur le moyen d'acquérir ces sources. La femme que vous poursuivez fait partie d'une frange extrême...

Une sonnerie retentit dans la pièce et alors que Nicolas se tourna pour voir d'où venait le son, Till se leva et alla vers un coin de la pièce :

- Je vais devoir vous abandonner mais nous nous reverrons. En tous cas, je vous confie à des personnes qui pourront vous aider mieux que moi dans votre quête.

Un cliquetis se fit entendre et une porte dérobée s'ouvrit dans la partie basse du mur devant lequel se tenait le bibliothécaire.

- Suivez ce chemin Monsieur Brandebris, au bout vous rencontrerez des amis. Bienvenue dans la résistance, Monsieur Brandebris.

(A suivre)

jeudi 29 janvier 2015

A la lanterne.

Mon Dieu....

Tout ce temps sans rien publier. C'est impardonnable !
C'est vrai qu'il m'était plus facile d'écrire quand j'étais étudiant-touriste, mais ce n'est pas une raison. Promis d'ici quelques jours, de nouveaux textes vanillés vont refleurir sur la page. Il est certain que je ne pourrai plus publier quatre machins par semaine comme au bon vieux temps mais il y aura un minimum syndical d'un texte tous les dix jours.

D'ores et déjà, il y a de prévu au menu la suite des aventures de Nicolas Brandebris, des poèmes de standing et de la critique cinéma de qualité universitaire (comme toujours).
C'est ce qui est déjà en chantier, toutes les autres histoires et rubriques de l'amour suivront bien entendu.

A dans quelques jours sous les palmiers vanillés!
Salucofagos.

mercredi 5 novembre 2014

XVIe arrondissement


La journée avait été longue pour Mélissa. Ses jambes lourdes pénétraient le sol de la rame au rythme du rail.
Le train s'élève au dessus de la monotonie sombre et crasseuse du cœur de la ville. En contrebas une station reste collée au souterrain. Mélissa espérait déboucher sur l'air libre, en une soudaine explosion de lumière. Un rollercoaster du pauvre et du quotidien mais le rêve était à l'image du parc d'attraction : l'engin ne débarqua que sur un quai aux lumières jaunâtres et à l'horizon bas et aussi gris que les costumes des cols blancs s'amassant devant les portes griffées.
C'est à la station suivante que la jeune fille de vingt-six ans se faufila vers la sortie. Il lui fallu parcourir des mètres de catacombes modernes avant de n'avoir que le ciel hivernal au-dessus de la tête. Une pluie fine se déposait sur ses cheveux et ce n'est qu'à la lumière des lampadaires qu'elle découvrit ce nouveau monde.
Des rues sans réels magasins, des rues où de hauts immeubles fiers et glacés aspirent la moelle de la cité. Des ombres courbées se faufilaient devant ses yeux.
Des vieux; une armée de vieux. Les forces spéciales des déambulateurs, les gradès de la rombière emperlousée, la légion du Chihuahua à demi-crevé.
D'après le plan affiché dans les couloirs du métro, elle devait se rendre de l'autre côté du carrefour vers de hauts murs d'où seuls quelques branchages dépassaient. Le carrefour était aussi grand et moche que tous les autres mais malgré les feux de réglementation il semblait représenter une zone de non-droit.
Mélissa avait vaincu le far-west et ses hordes barbares, maintenant sa destination était à portée de vue.
La lourde porte surveillée par deux cariatides s'ouvrit péniblement. Une dame qui la croisa dans le couloir la salua poliment avant de disparaître. Les pas de la jeune fille résonnaient contre les murs marbrés alors que sa propre silhouette l'accompagnait le long du mur couvert de miroirs.
La cage qui portait le nom d'ascenseur était en panne. Déjà d'humeur morose, Mélissa sentait sombrer son esprit pendant que ses chaussures s'enfonçaient inexorablement dans l'épaisse moquette rouge.
Six étages et autant de demi-paliers plus tard, elle se tenait enfin devant la grande porte olivâtre.
Elle sonna et attendit. Elle pouvait entendre le chat courir dans l'appartement pendant qu'elle réajustait sa coiffure et son chemisier.
La porte s'ouvrit doucement et la vieille dame lui sourit comme à son habitude.

lundi 13 octobre 2014

A la bougie.



Au balcon.


Aujourd'hui, une hirondelle
Sur ma fenêtre et mes soucis
S'est posée.
Elle n'eut fait que de me guigner;
Je n'eus le temps de lui demander.
A tire-d'aile, elle s'était envolée.


Devanture.

L'autre nuit, je t'ai vue devant le Franprix,
Tu étais belle et radieuse, j'étais saoul et en chaleur;
J'avais toute la nuit, heureusement tu n'es pas chère de l'heure.
Ma bonne Monique, tu es la seule dans Paris
Qui propose ses jambons entre des légumes en cagettes,
Cela fait toujours du bien d'avoir du vert avec sa paupiette.


Discount.

J'étais seul, j'étais abandonné.
Perdu au rayon DVD,
Quand, tout à coup, une jaquette m'a frappé.
Chuck Norris, y'a pas à dire, tu m'as violemment sauvé.



Embarcadère.

A chaque lettre envoyée, je plante pour toi,
Face à l'horizon bleuté, des graines de freesia.
Du rivage, leur clarté luit au-dessus des marées.
Malgré les saisons, aucune ne s'est encore fanée,
Et c'est depuis leur promontoire côtier
Que chaque jour, elles te rappellent à moi.
Une nuit, dans les embruns, je n'entendrai plus ta voix
Mais de la sombre barque, je fixerai ton visage enjoué.


Glockenspiel.

Je frappe à ta porte comme ton mari sur ton nez.
Rien sinon le sourd écho de ma chair contre la paroi.
Vide et immobile tel un cassoulet mal réchauffé,
Je ne cherche même pas à revenir sur mes pas.
Je me fonds dans ce couloir mal éclairé;
Mon front collé à ce rendez-vous manqué.
C'est au sein de cette hideuse moquette murale
Que, peu à peu, ton visage se dévoile.
De toute part, ton regard me braque
Et ce vieux bâtiment dévoile de ses portes un rire démoniaque.
Cet immeuble est vraiment dégueulasse,
Bon à être prestement démoli, comme ta face.

lundi 22 septembre 2014

Ouvre-déboîtier.



En ce moment, le dénouement d'une longue affaire arrive à sont terme : celui de la mention "fait maison" portée sur les menus des restaurateurs. Enfin, c'est ce que l'on dit car depuis le temps qu'on en parle les surgelés se vendent désormais en euros.

Est-ce vraiment choquant que des restaurateurs se fournissent chez Métro? Surgelé ou non, cela reste une facilité d'achat. C'est comme préparer un repas pour des amis en se fournissant chez son commerçant, soit chez son Franprix.
Il y a une différence entre acheter son plat entièrement congelé et des ingrédients également congelés qui seront par la suite cuisiné par le chef ? Gardons à l'esprit que pour certains serial killers, une prostituée même découpée en morceaux reste une prostituée sexuellement valable.

Le problème tient surtout dans la fausseté de tous sur le sujet.
Celles de clients qui ne disent rien mais surtout celle des restaurateurs profitant de la loi qui interdit aux clients de balancer les plats à la gueule du tenancier, de pisser sur les tables, de violer sauvagement la patronne sur la caisse enregistreuse et de brûler la cuisine dans un mouvement, certes excessif mais tellement naturel, de protestation.
Qui a envie de payer 10 euros pour une moussaka infâme dont déjà on n'en voudrait pas pour 3 euros à Franprix?
C'est comme le prix des consommations; pourquoi il y a tant de monde dans certains coins de Paris (même ceux où il n'y a rien) où l'on peut joyeusement cracher 8 euros pour un demi de Kronenbourg fleurant bon l'eau aromatisée et une future diarrhée?
L'argent joue un rôle. Se payer de la saloperie pour un prix royal devient une marque de réussite sociale, d'ailleurs il est de notoriété publique que les nouveaux riches ont un goût tout à fait atroce. La gorgée de Villageoise à cinq euros le verre se savoure. Elle devient délicieuse et coule langoureusement sur le palais comme un billet de cinquante euros sur la cuisse d'une jeune strip-teaseuse praguoise. Pour le prix, on ne va pas commencer à regarder les finitions mais plutôt à devenir chercheur en bonnes surprises (et très souvent en surprises tout court).

J'ose espérer que les crêperies font eux-mêmes leur pâtes à crêpes parce que c'est sûrement le type de restaurant qui se fout le plus ouvertement de ta gueule quand on voit le prix de pâte cuite avec une tranche de jambon et du gruyère.

Non, soyons honnête avec nous-mêmes! Respectons-nous un tant soit peu.
N'oublions jamais que le vrai plaisir se trouve dans la bibine et que quel que soit le restaurant où l'on va, les margoulins viendront toujours te proposer une stimulation prostatique avec le prix de leurs bouteilles.
Mais on ne va quand même pas arrêter de picoler et d'aller se prendre un ptit plat à la brasserie du coin le midi.


lundi 21 juillet 2014

Cindy (8e partie)

« Qu'est-ce qu'on fout là ? »
Et nous revoila repartis pour la suite de Cindy 2002, le chef d'oeuvre de ce style hautement classieux et raffiné que l'on nomme la comédie-musicale.

Extrait : attention les yeux.
Ricky, le prince charmant qui aime faire gigoter son slip, commence l'audition afin de retrouver la mystérieuse fille ayant danser la gigue; jusqu'au bout on la subira cette gigue de m* !
Comme pour les 2/5 de la comédie musicale, nos tympans s'écrasent contre la répétition musicale de cette foutue gigue, où le sanglot long des violons est remplacé la douloureuse déchirure anale du clavier Yamaha.
Pour changer un peu, on nous place de jolis sons de derbouka et des choeur façon Roi lion.
Tout comme dans l'histoire de la vie, le rocker obsédé et son pote Rafiki manager son perchés au-dessus de la scène afin de contempler les danseurs qui gigotent.
Nous savions que les chorégraphies étaient d'une infâme horreur et que les costumes d'une infinie laideur mais nous voici devant une nouveauté. La scène étant constituée uniquement de danse pendant presque trois minutes, le réalisateur a pris le pari de rien nous montrer du tout. Nous n'avons que nos oreilles pour pleurer -et saigner- tellement on ne comprend rien.
On aperçoit même au fond Ricky et Rafiki faire les cons sur leur balcon; on ne voit voit même pas les cache-misères, c'est un comble.
Le montage fait plus pour la compréhension d'une crise d'épilepsie que celle de la chorégraphie. Nous voyons un plan toutes les secondes : champs, contre-champs, plongée, hors-champs, anxiété, vomissements. En plus de tout cela, certain mouvements sont au ralenti. Là où Peckinpah jouait avec l'individualité temporelle et la violence, le réalisateur de Cindy joue avec des mouvements chorégraphique moches et coupés en plein exécution.

Un peu de beauté dans ce monde d'horreur.
Puis, voilà qu'arrivent les deux belles-soeurs qui, comme nous l'avions vu dans l'article précédent, se débrouillent mieux en danse que Lâam mais qui seront renvoyées du casting.C'est alors que l'horrible violon synthétique se tu afin de laisser place à un flutiau et une harpe dégoulinants depuis les touches d'un beau synthétiseur de 1989. Le metteur en scène joue la carte beau et sobre avec juste deux lampions; peut être la seule scène du spectacle digne d'intérêt esthétique.
Soudain, tout s'arrête : voilà Cindy en train remuer lourdement avec sa salopette et ses deux pas de marelle. Inutile de préciser que le prince des derrières de Manchester accoure et lui redonne sa bague taiwanaise, souvenir d'une miraculeuse pêche aux canards à la fête à Neuneu.
Une lumière rose, une bague crachant du rose, les applaudissements polis du public, on souffle de désolation mais on se dit : "ah, mais ça veut dire que c'est la fin!"
Et non, il reste encore une heure de grand n'importe quoi (avant ce n'était rien).
La niaiseuse et le prince visiblement emballé.

Extrait musicale : attention aux paires.
Pendant que les deux tourtereaux s'enlacent, Judy, l'ancienne copine gothico-dépressive (pléonasme) de Ricky, arrive sur scène.
"Touche pas à l'homme qui m'appartient; je pourrai te casser les reins", le tout sur un xylophone digne du slow le plus moite des années 80 : on est tout de suite mis dans le bain.
Après toute la gamme des mots français rimant avec 'reins', la philosophe du Tranxen nous annonce - enfin nous crie : "Laisse-le moi, il est à moi; j'ai besoin de lui, il est ma seule survie." Voilà, le Cindy que l'on aime : à la fois réflexion profonde sur le genre et beauté poétique qui allie audace et élitisme des mots.

Sans un seul remords, Cindy lui balance en pleine gueule qu'elle n'est qu'une vieille chaussette mais de ne pas s'en faire car c'est le destin; ce à quoi Judy répond "je perds la partie". Une phrase choc soutenue par un merveilleux jeu d'acteur digne d'Aure Atika.
Oui, Cindy est méchante en plus d'être bête; si elle avait été un chien elle aurait été piqué depuis longtemps.
Elles entonnent ensemble "deux femmes qui aiment le même homme, c'est comme Caïn et Abel, David et Goliath". Il ne manque plus que Laurel et Hardy et Emile et Louis pour compléter le tableau.
L'auteur nous laisse dans le désert du désespoir intellectuel - surtout en faisant répéter quinze fois en dix lignes 'le même homme'- , Judy dans celui de la vilaine descente tonale sur le dernier mot et enfin tous les monde débarque pour faire la chenille sur la scène toujours aussi vide.
La mère de Cindy qui confirme que le père est un salaud (et/ou qu'elle est une professionnelle tarifée) : "jamais matin avec toi au côté de moi".
La belle-mère qui confirme que ce dernier était un sacré cochon : "tu as hanté ses nuits jusque dans mon lit".
L'auteur n'a tellement rien a dire sur ce sujet qu'au bout de trois couplets et encore moins de minutes, cette scène est expédiée. En même temps, c'est pas plus mal parce qu'en plus d'être soporifique, on s'en fout royalement.
Cindy : une histoire de paires.

Attention, voici le chef d'oeuvre de cette comédie musicale, la scène dite de la rave party!
Il faut voir que cette scène arrive au milieu de rien.
Je ne dirai que peu de chose et vous laisse apprécier pleinement ce grand moment : Rave party.
Quand on voit/entend cela, on se dit que l'on pourrait faire une comédie musicale sur l'achat d'un club-sandwich poulet/crudités à son Franprix.
Sujet sorti de nulle part, rimes affligeantes, morale de maternelle : que dire de plus si ce n'est que nous sommes en présence du chef d'oeuvre de ce spectacle ?
Un concentré de classe.

Extrait pour bien suivre : Quelle belle chanson.
Soudainement, après ce florilège d'épopée musicale et littéraire, le beat et les cuivres de Coeur de loup prennent la suite. Ensuite, mur rime quatre fois avec lui-même et on se décroche la mâchoire avec le fameux : "dur, dur, dur, de vivre contre un mur". Picoti picota, tape le mur et puis s'en va.
La belle soeur fan de rave party déclare encore une fois - comme si on avait pas compris/ comme si l'auteur était en manque d'inspiration - "laissez-moi vivre ma vie comme j'en ai envie".
On sent dans Cindy, cette qualité des années 80, surtout quand elle rajoute "il n'y a pas de mal à vouloir aimer la vie" qui résonne en nous comme un François Valéry remis au goût du jour.
Mais tout le projet spacio-temporel qu'est Cindy se trouve dans ses quelques lignes :
"Quand je sors dehors (on commence bien; bientôt on montera en-haut)
Toujours un mur qui marche à côté de moi (sûrement une métaphore mais étant un peu con je dis juste que les murs ne marchent pas).
Toujours ce mur, devant moi, derrière moi."
Franchement, comment voulez-vous que cela ne soit pas le bordel avec un mur qui est à côté, puis après à la fois devant et derrière ?
Bref, le belle-soeur n'arrête pas de bouger du bassin - vu son déguisement d'Ali Baba, on est dans le contexte- pendant que nos têtes frappent les murs, dur, dur, dur.
Un foutoir au niveau de l'espace et de sa perception, des métaphores recherchées, une opposition innovante entre mur/liberté et des rapprochements audacieux entre la vie et la nature, bref l'odyssée de Cindy à travers le bon goût ne baisse pas de niveau.
La suite très bientôt.

Qu'est-ce qu'on s'amuse !
                               Ps : vous remarquez comment en l'espace de dix minutes - à part pour le prince qui retrouve Cindy en 5 secondes - il ne s'est absolument rien passé ?