dimanche 7 juillet 2013

Cindy (4e partie)

Ceci est en arrêt sur image pendant 3 secondes sur le DVD. Dans ta face le bon goût !

L'été est là. Les Palmiers à paillettes s'épanouissent aux bords des cocktails, mais c'est aussi, et surtout, la saison pour continuer notre descente dans les affres du mauvais goût.
Continuons donc notre exploration de Cindy 2002, Cendrillon du ghetto !
Tout d'abord : Cindy : Ma tour de Babel.

Cindy, celle qui se fait exploiter ad libitum en chouinant, nous a bien expliqué qu'elle était une rebelle; mais comme si cela ne suffisait pas voilà qu'arrive Machin, le pote de la pauvresse.
Bien sûr, il arrive entre deux saltimbanques en fripes, attachés à des fils et faisant du Parkinson dans les airs, et un solo de guitare vieillot et dégueulasse, histoire de rester dans le bon goût.
Après le fameux coup de pied Kung-fu fighting (cf ci-dessus), un piano dégoulinant de chamallow à pas cher commence à couiner dans oreilles déjà fatiguées. Une partition de haute volée mise en valeurs pas les Dum dudum façon RnB ringard (pléonasme) de Machin Salopette.
La bestiole à moitié à poil a dû vouloir être Le Corbusier étant jeune, mais apparemment il n'a pu qu'être architecte en pochettes-surprises car il ne cesse de citer des noms de tours et de bâtiments de forme extrêmement phallique.
D'ailleurs, je tiens à lui signaler que les pyramides et Saint Marc de Venise ne sont pas des tours.
Pour preuve, après avoir fait la liste de toutes les formes suggestives du monde, le voici qui s'attaque à l'ingénierie : "Tour de pierre, tour de verre, tour de cellophane". De la cellophane, bien sûr; je pensai que c'était seulement pour emballer la barbac et le shit, mais on peut se tromper.
Et c'est là que la poésie si caractéristique de Cindy arrive : "Si tu ne veux pas rentrer chez toi, viens faire un tour dans ma tour, viens faire un tour chez moi"... C'est tellement beau, on dirait du Bénabar. Déjà le propos est d'une platitude à pleurer; en plus, cela traquenard de bas-étages, il ne manque plus que le "je sais très bien faire les massages si tu es fatiguée". mais surtout on constate que Cindy brille toujours autant par son textes aux métaphores filées et aux multiples rimes riches.
Un homme au bord du gouffre, et de l'éjaculation précoce.

Le lover sémiotique des banlieues continue sur sa lancée : "Une tour conçue par un Monsieur, qui n'y vivra jamais. Est-ce que l'ordinateur connaît le mot 'bonheur' ? Alors, un jeune rebelle qui appelle les hommes 'Monsieur' - ça fait un peu puceau rue Saint-Denis : 'Bonjour, Madame" - et surtout que vient foutre cet ordinateur ? Et puis c'est quoi cette question absurde que les post-hippies nous sortent depuis 30 ans ?
Et on continue sur du ronron : "ma tour de Babel' blabla, "toutes les langues du monde" blabla, "mais ma langue maternelle n'est-elle pas la plus belle ?" What the Fuck ? Ca sort d'où ça ?
Donc voilà, après 3 minutes d'immondes et faciles analogies entre tour HLM et tour de Babel, Cindy et son jeu scénique tout en finesse prend peur et fuit devant le dragueur des cages d'escaliers. Au moins, la chanson s'arrête. Ouf ! Chanson où Babel se confond avec Pas belle...

Et voici le chef d'œuvre de cette quatrième partie.
Le fondu noir se fait. Une musique électronique des plus horribles commence son travail de sape et perce lentement les tympans.
Maman marâtre et les deux belles-sœurs, toujours enrobées dans leur plus beau papier de boucherie, arrivent et nous font un petite intro. Elles vont voir Gontran le couturier, qui est redevable à maman méchante. Jusque là, c'est fidèle au spectacle, c'est médiocre, puis soudain : Gontran apparaît !
La vidéo, plaisir d'offrir : Cindy : La haute couture fout le camp.
Ou quand Charlie a trop abusé de la chocolaterie. 

Gontran, un oumpa-loumpa fluo qui aurait forcé sur le gratin dauphinois. Il est couturier, il représente la mode. je ne sais pas de quelle mode on parle mais en tous cas, celle-ci m'a l'air très spéciale et discrète. Enfin, discrète, je dis ça pour sa présence dans les rues car niveau discrétion la rétine crie pitié.
De sa voix haut perchée, il nous gratifie d'un mythique : "hello ma chérie, comment va la vie ?" ( ça, c'est de la catchline de qualité, les cocos ! ).
Le tout sur un tac-tac-badaboum disco dont même le téléachat de Direct 8 ne voudrait pas.
Et tout comme un Michel Leeb sur le gâteau de l'humour respectueux des diversités, voilà que la chanson se transfome en duo avec l'intervention de la belle-doche.
"Oh lala la vie, ce n'est plus la vie". c'est dans ces moments que Cindy nous rappelle avec force et passion qu'elle se hisse sur les podiums du bon goût et de la poésie et qu'elle n'a pas volé ses nombreux titres et médailles internationaux.
Non, mais sérieux ! la vie , ce n'est plus la vie... La pâté, ce n'est plus le pâté et le soleil sans soleil ce n'est plus le soleil ?
La danse et l'opéra façon saucissons fluo.

Bon, les présentations sont faites, maintenant il faut passer au vif du sujet et voilà que la machine s'emballe :
Un rythme à la mocheté sans nom; c'est en fait l'arrangement d'avant sans la guitare crincrin qui couine dessus.
"Ma cadette Pétula, mon aînée Tamara à qui j'ai donné - attention on accélère le rythme car le librettiste ne sait pas compter ses vers (vers qui se développent sur la pourriture) -la meilleure éducation". Je passe sur les prénoms, de toutes façons vos oreilles ont tellement mal qu'ils passent inaperçus.

"La première a appris le balai ballet."
Le jambon a du mal à se lever et puis dans ce bel accoutrement, on se dit que vraiment l'école de ballet de la ville de Jambonneau-sur-Cassoulet n'est pas des meilleures.
"La deuxième l'opéra."
Bon, un air de reine de la nuit bon marché et d'un mauvais goût certain se voit tout de suite repris par un Gontran en folie, qui tape tranquillement ses vocalises juste après. Il sort ça comme si votre caissière de supermarché se mettait à chanter Ô mon bateau en passant vos deux paquets de pâtes et votre bouteille de ketchup alors que vous venez gentiment de lui dire bonjour.
Et hop, après cet éblouissant moment, on passe de l'immonde disco à un bon piano ringard, plaquant des accords aussi tristes et intenses qu'un sandwich Sodebo dans un rayon Bio.
La belle-mère annonce qu'elle veut rhabiller ses filles - tu m'étonnes, John ! - mais qu'elle n'a pas de quoi payer. Ah, la radasse !
La haute couture fout le camp. Cours, vite surtout !
                           
Mais Gontran ne se laisse pas faire et entonne son hymne à la joie : "la haute couture fout le camp, les gens n'ont plus d'argent [...] Et comment je fais pour payer mon loyer?"  C'est qu'il essaierait de nous tirer des larmes le Papagéno des pâtisseries !
"Je peux vous prêter du prêt-à-porter (rime riche) [...] mais ma collection de l'an dernier n'est pas démodée, elle n'a même pas été porté..." Avec des concepts comme ceux-là, tu m'étonnes qu'il a du mal à payer son loyer. En même temps, quand on voit les costumes on se demande bien qui pourrait vouloir de ça.

Et voilà le final tant attendu : Sous prétexte que personne ne doit savoir où la vieille habite, Gontran demande qu'elle lui envoie quelqu'un pour chercher sa commande; ce à quoi le lyrisme de Cindy et de la belle-mère répond en rime (avec "quelqu'un") : "Cindy adore les transports en commun".
Notons au passage, que la dite Cindy passe dans un coin de la scène en train de nettoyer une savate à paillettes. Un passage de 5 secondes chrono pour (au choix) : 1) justifier le cachet de Lâam. 2) comme la plupart des spectateurs ont déjà perdu leurs ouïes donc on fait un peu de visuel. 3) elle ramasse au passage les miettes de chouquettes de Gontran ?
Cindy une fois repartie, le bouquet final de la grande farandole du n'importe nawak commence.
Gontran s'excite la glotte avec "haute-couture fout le camps", les deux sœurs remuent du fessier et s'en vont en gambadant, pendant que Gontran sautille comme il peut sur toute la scène pendant que Belle-doche lève les bras façon flamenco en remuant le bassin comme tata Jeannine remuant la soupe à l'oignon.
Gontran finit par par deux; trois poussages de notes et se rassoit pour clore ce grand moment musical.
                               
Cindy, un spectacle sexy et suintant d'érotisme torride. 
Surtout ne quittez pas radio Cindy, très prochainement, la suite incroyable du grand n'importe quoi avec une descente sans rappel dans les abysses des costumes immondes et de la musique affligeante. avec en guest-star internationale Madame Milf Méchante belle-maman qui essaiera d'aguicher le spectateur avec sa robe fendue et son imitation de pute sur le retour. Un spectacle pour petits et grands routiers !
Et toujours un festival de rose et de Gontran le couturier mal luné.
Salucofagos!

(A suivre)

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