lundi 1 juillet 2013

Spread your mental.


Quatre heures du matin. Le prolétariat dormait d'un œil dans ses banlieues, les cadres sur leurs deux oreilles d'âne dans leurs superclapiers du front de Seine. Les dernières pizzérias du quartier Saint-Germain fermaient leurs portes sur les travelos alanguis et ravissants. Des filles de famille ahuries par l'alcool et le kif se faisaient défoncer dans la banlieue ouest et singeaient la jouissance pour combattre le mal de cœur. Les clodos se transmettaient des maladies vénériennes sous les ponts. La Coupole avait fermé et des intellectuels s'égaillaient au carrefour Raspail en se promettant de se téléphoner. Les linotypistes s'activaient dans les imprimeries de labeur. De gros titres se composaient, concernant la tuerie du matin précédent. Des éditos étaient arrivés qui s'intitulaient, selon les opinions du journal concerné : POUR QUOI ? OU LE SANG OU JUSQU'OÙ ? OU LE CYCLE INFERNAL OU TARTEMPION TÉMÉRAIRE DEVANT LES ALLEMANDS EN SURFORME.

Manchette, J-P; Nada; Gallimard, 1972 (2008 pour l'édition) : p.235

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