mercredi 29 août 2012

Cale n°5.


A Neil Armstrong et à Гайгай


Le soleil commence à descendre peu à peu. La lumière du jour mourant se dépose lentement dans le salon alors que les pins tentent de retenir les rayons tant bien que mal du bout des branches.
Les carreaux sales du salon diffusent péniblement la lueur orangée.
Michel Leeb fait l'idiot à la TV déguisé en César sous ecsta. Je ressens une overdose de connerie, petite mais hautement concentrée. J'éteins la télé; ça coûte bien trop cher de la casser.
Enfilant mon long manteau en laine, je sors, laissant le chat surveiller la cheminée du coin de ses yeux amandes.

La route est aussi déserte que la plage sur laquelle elle débouche. Le bitume, la ville se confond avec le gris du ciel, seuls quelques îlots de branchages jouent aux nuages le long de la rue.
L'air est sec, froid et sec comme le cœur d'un amant déçu. Sans le fouetter, le vent caresse mon visage. Au loin, il fait danser le sable sur les dunes.
Les grains s'envolent vers l'océan puis s'en retournent subitement vers la forêt de pins en un ballet d'indicibles volutes; ad libitum.

La brume peu à peu reprend ses droits sur la côte. Elle descend et se pose délicatement entre les arbres, aux sommets des dunes et glissent sur la crête des vagues langoureuses.
Elle se diffuse, tendre et délicate, comme la caresse d'une mère, enveloppant l'humanité en son cocon ouaté.

Les éclats jaunâtres des lampadaires de l'esplanade se noient dans l'humidité du soir comme mille soleils expirants dans un dernier souffle flamboyant et disparate au cœur du vide sombre et glacé.

La nuit est maintenant tombée. Je me tiens là, au milieu de l'obscurité, seul.
Allongé sur le sable fin et tiède, je ferme les yeux et me laisse emporter par le son rassurant des vagues.
Elles m'emportent au loin en me berçant de leurs voix affectueuses. Mon esprit s'apaise et dans leurs bras mon temps s'arrête au rythme de ses longs 'chut !' chuintés avec douceur et amour.

lundi 27 août 2012

Cogito ergo sum.



Infatigable Moundir, inénarrable Moundir, encore et toujours Moundir; Moundir tellement Moundir !
Moundir, c'était un fier candidat de Koh Lanta. Un aventurier des temps modernes qui affronta autant ses compagnons corrompus que la nature hostile qui les encerclait.
Après cela, il devint un 'aventurier de l'amour' cherchant sa bien aimée parmi de jeunes intrigantes et un déluge de phrases enlevées dont seul notre preux chevalier a le secret. 

Dernièrement, le héraut de l'aventure sémantique s'est confronté à l'un des plus nobles combats de la vie :  la mariage.

Moundir reste fidèle à lui-même mais l'on sent que le poids de tous ses moments de gloire sont bel et bien passés.
Le Michel-Ange de l'expression française, nous gratifie d'un : "Tu veux me donner du milkshake au chou" à l'attention de la personne chargée d'organiser son mariage.
Ou d'un magnifique dialogue entre les futures époux :
– Des dattes des avocats...
–Trop de bouffe.
–Hey Ines, c'est des fruits, pas de la bouffe !
Malgré ces belles passes d'armes, qu'est devenu l'homme au cent mille richesses ?
Car oui, il est l'homme parfait.

Moundir continue de se battre pour occuper l'un des cinq fauteuils vacants de l'Académie française. Sa passion pour l'exploration de la langue française est connue de tous; sa place au sein de l'institution séculaire serait l'aboutissement d'années d'expériences syntaxiques et sémantiques.
D'ailleurs, si il tient tant à obtenir sa place parmi les immortels du quai de Conti, c'est également parce que le lieu fut le siège du Comité de salut public; certes très brièvement mais malgré son corps d'éphèbe Moundir n'est pas assez antique ou immobile pour décrocher une place au Pavillon de flore.
Car oui, notre Moundir national est l'image même de la justice. Il est le digne héritier du Comité et de sa volonté première de combattre les fallacieux ( ces derniers prétendent que Moundir a compris 'combattre les falafels' ) pour faire régner l'ordre et la vertu. Effectivement, il n'est d'aucune faction et il les combat toutes !




Moundir est un homme très spirituel; il est le yogi de la téléréalité.
Il est le chevalier de lumière, le paladin de notre société moderne. Il consacre sa vie à la lutte contre les ténèbres. Il est l'élu qui terrassera les forces maléfiques et apportera la lumière au genre humain lors de l'ultime combat ( que certains nomment le Mortal Kombat ). Il ne connaît pas la peur; les trolls, les dragons tout ça ne l'impressionne pas : plus c'est gros avec un air satanique, plus notre champion de la vertu est fier de combattre et de mettre à bas ces viles créatures.
Mais si il y a bien une chose que notre chevalier déteste, ce sont ces agents du mal qui se parent de la beauté et de l'innocence pour passer inaperçues, j'ai nommé les sorcières.
Personne ne sait si Moundir a lu Macbeth mais il semble qu'il en a intégré certains points.


Moundir est aussi un homme qui a longtemps médité sur le monde et l'humanité.
Pendant des années, il fut anachorète avec pour seuls amis les œuvres de Nietzsche, Bergson et Rim K.
Ainsi, tel Zarathoustra descendant de sa montagne, Moundir crie aussi son enseignement . Sa voix résonne tel le cor de Roland face à une armée de Ganelon qui ne veulent reconnaître l'enseignement de cet homme de paix.
Sa soif de savoir et d'enseignement est pour lui aussi grande que l'océan des mots et expressions de la langue française.

Il est également une muse ( ou plutôt 'un muse' ) pour beaucoup d'artistes. Son aura et ses hauts faits inspirent des productions, qui certes peuvent être médiocres mais que la contribution de notre idole élève à des niveaux peu connus du commun des mortels.
Juliette Drouet, Jeanne Duval, Gala et maintenant Moundir.

Mais ne nous emballons pas, nous parlons d'un homme comme vous et moi. Moundir n'a pas l'air comme ça, mais au final, quand il sort de Franprix avec sa botte de poireaux qui dépasse du cabas il a l'air tout aussi ridicule que nous tous.
Parce qu'il faut bien le dire : les poireaux c'est bon, mais qu'est-ce que t'as l'air con quand tu te trimballes avec !

jeudi 23 août 2012

Canicule.



Décidément les amis, l'été n'en finit plus !
Les appartements se transforment en fours ( surtout avec un beau et gros PC qui ronronne en son sein ) et ce n'est plus l'appel de la forêt qui règne mais celui de la terrasse de café et des étendues d'herbes.
Ainsi, le bloguitou des îles vanilles prend un peu de frais jusqu'à la semaine prochaine.
Bon repos à tous.
Salucofagos.

lundi 20 août 2012

Y jouyait pas.


Hésite pas à cliquer sur les liens, copain, c'est interactif !

Tourangeaux, euréliens, valenciens, maman et amis du porno de l'au-delà, bonjour !
Tu es jeune et tu aimes foutre un peu partout et à tout va, et c'est bien normal car il faut bien que jeunesse se passe le Hot Video.
Mais dans toute cette folie éruptive as-tu seulement posé tes mains à plat et enfilé un slip pour réfléchir un peu sur ce monde fascinant qui désormais est en couple avec le mot 'internet' ?

Alors oui, ces productions sont assez monotones : on fait appel à un dépanneur, on prend des cours particuliers ou l'on se trouve dans un hôpital et hop, ça ne rate pas ! En plus, on se paye toujours les mêmes positions physiques et de caméra (les unes sont souvent plus intéressantes que le autres ).
Mais bon, qu'est-ce que la sexualité au final ?
Un machin qui rentre dans un autre avec beaucoup de braillements de fond ce qui, en fin de compte, n'est pas si propre et joli que ça si on y regarde de plus près. Eh oui, tu as bien compris : le porno n'est qu'en fait un traité hautement scientifique de la copulation humaine et de la sociologie amoureuse, bref c'est une science et honnêtement tu trouves ça excitant la théorie des cordes ou bien la mécanique des fluides ?

En plus, ça traîne toujours les mêmes vieux fantasmes. Et il y en a un paquet : du plombier polonais, à l'infirmière japonaise en passant par la belle-mère américaine, il y en a pour tous les goûts pour un peu que l'on ne soit pas difficile sur le jeu d'acteur ou les excroissances botoxées ou siliconées.
Ainsi, tout le monde peut trouver son bonheur mais si on se penche bien ( pas de mauvais jeu de mots ) de ce coté là, on devient vite un être désaxé : Jeux pervers chez le brocanteur, Natacha aime se faire prendre avec ses chaussettes, Les aventures érotiques des sœurs Goadec, ou bien Galipettes sous l'abribus de Pontault-Combault en chantant C. Jérome avec une lunette de toilette sur la tête.
La prochaine fois que tu taperas MILF dans ton site préféré, n'oublie pas de penser à ta maman qui t'aime et a pris soin de toi pendant les premières années de ta vie.


Parlons un peu de l'image de l'humanité que cela donne.
Ayant l'imagination aussi foisonnante que tes excès de sébum, tu penses que les vidéos où les gars trouvent des filles dans la rues avant de les ramoner sont réelles, et que vu le boucan que la femelle produit quand on lui effleure le sein, c'est une zone à orgasmes garantis.
Petit naïf, jeune béotien, va !
Les actrices font surtout ça pour l'argent, si tu crois qu'elles prennent leurs pieds a chaque fois qu'on leur touche le bras... Les acteurs, eux, sont par contre de vrais pervers ( ah ba oui, ils sont moins payés car pour trouver du mâle façon 'bite sur patte' c'est pas compliqué ).
Ainsi, si l'on vient toquer à votre porte, n'imaginez pas que l'on va vous prendre contre le mur de votre entrée ou bien commencer à vous pomper allègrement en se frottant la motte contre le paillasson.

Last but not least, le porno continue la fière tradition de la parodie pornographique à travers les âges ( petits mots sur les tables de salles de classe, chansons paillardes tout ça ) avec des titres tels que : Draculanus, Saccapine et Sottopaf, Clitorix et Zobelix nos ancêtres ont la Gaule, Glouglou sous la douche, Les tontons tringleurs, Qui veut baiser mon fils ? ( tous les titres sont véridiques, Rivers ).

On ne cesse de nous répéter tous les jours 'un peu de finesse dans un monde de brute', eh bien le porno c'est un peu ça. Dans un monde où il faut faire désormais très attention à son humour si on veut faire autre chose que du Dubosc ou du François-Xavier Demaison ( et encore, le bon goût veut que l'on n'appelle pas cela de l'humour ) ou si l'on ne peut pas se payer d'avocats, ce genre de rire primaire et grossier est salutaire pour libérer son esprit du carcan que le société ne cesse de vouloir nous imposer ( pour les intellectuels, je ne saurai que trop vous conseiller une réflexion sur La trilogie de la vie de Pasolini ) .
D'ailleurs, comment ne pas rigoler avec des phrases comme "Dans un premier temps, j'aimerais bien que tu t'occupes de ma bite, après on avisera", ou bien le célèbre "Bonjour, je voudrai deux belles miches pour accompagner mon gland"; phrase que l'on peut toujours chez le boulanger quand on a un peu d'humour ( ensuite allez chez le boucher en lui demandant si il a des pieds de porc; effet garanti ).

Voila, maintenant cela ne sera plus la même chose quand tu allumeras internet ou bien iras acheter des kleenex, petit sacripant/ petite dévergondée.
Vive l'été, vive internet et vive les jupes !

jeudi 16 août 2012

Où allons-nous, ma brave dame ?



Si l'on regarde un peu la situation et l'histoire des polars, la plupart des productions actuelles sont toutes sales et viciées ( l'ambiance et l'histoire, attention ); les meurtres baignent dans une société suintant le mal où les hommes sont détruits et les femmes fatales.
Initiés par la vague des pulps de détectives et des films noirs, beaucoup d'auteurs aiment baigner leurs oeuvres dans un monde sombre où le pessimisme semble être la seule porte de sortie ( terme qui comprend l'alcoolisme et le suicide, bien sûr ).
Au final,  c'est un peu comme annoncer que tous les crimes se font dans le Bronx ou dans les bas-fonds de Seine-Saint-Denis à minuit ( heure du crime ), alors que ceux-ci arrivent bel et bien à Porte d'Auteuil ou Versailles à 18 heures ( heure de l'apéro ).

Et c'est alors que, dans ce marasme de la gaudriole, apparaît la reine du crime, la joie immense et la fraîcheur que procure sa lecture.
Chez Agatha Christie tout est caché sous les apparences de la bonne société. Le décorum est luxueux et les personnages racés. Meurtre au manoir élisabéthain de Lady Wooltorton cela sonne quand même mieux que Repassage sévère de Joe le clodo à Bagnolet.
On peut trouver le même ressort dans les films d'horreur modernes ( Halloween par exemple ) avec leurs banlieues paisibles où le sentiment de sécurité règne mais uniquement en apparence.
Cette fausse sérénité marchant comme les lambris des résidences du Hampshire cachant les murs froids, humides et décrépis.

La noirceur humaine se cache sous des visages d'anges. Il y a bien des personnages parfaitement abjects et odieux mais ils ne sont que très rarement les tueurs.
L'inhumanité se trouve cachée au fond. Ainsi dans les histoires d'Agatha Christie se sont tous ces personnages arrogants, naïfs, vénaux, extravagants, etc; qui reflètent le véritable genre humain dans lequel nous vivons. La démarche n'est pas celle des romans noirs, bien au contraire elle est ici la preuve d'un grand humanisme.
Remarquez bien que l'on également voir une certaine forme de pessimisme liée à la monstruosité qui se cacher sous les plus beaux atours.
La véritable horreur se trouve à toute heure et n'importe où, mais la fiction doit remplir sont rôle d'évasion, ainsi n'est-il pas plus agréable d'être transporté aux abords d'un terrain de cricket ou au bar d'un hôtel de luxe plutôt que dans un pavillon dégueulasse de Montrouge ?

lundi 13 août 2012

Cocktail coréen.



Amis des animaux, bonjour.
Voyez-vous cette belle image aux couleurs pour le moins verdâtres ? Quel beau document, n'est-ce pas ?
Étudions-le donc comme il le mérite.

Tout doucement, Richard Biby, poète des relations homme/chien et chantre du rayon humanisme de Prisunic, nous fait voyager dans son univers d'ancien alcoolique.
Une ( partie de sa ? ) vie difficile aux vues de la longueur du texte et de ses délires hallucinatoires sentant bon la Villageoise et la sangria Don Carlos.

Premier signe clinique des ravages de l'alcool : le vert.
Un texte pris dans un océan de vert absinthe; ce vert éthylique lui-même cerné par du vert bouteille. Tout ce cadre coloré ne participe qu'à plonger cette page et son sujet dans l'alcool. Des océans d'alcool.
Un alcool bon marché si l'on en croit la typographie fainéante, digne d'un travail de fin collège.
Un alcool comme on l'a vu omniprésent qui doit donc de couler à flots, mais surtout un surplus d'alcool qui rend malade vu la tâche marron-jaune-gerbe qui se trouve en haut à droite.

Un peu ivre, l'ami Biby prend tout doucement son chien pour un être surnaturel.
Apparemment, ce dernier l'aurait sauvé du suicide, malheureusement il semble avoir conserver son penchant pour la bibine.
L'homme, 'de bonne heure' pense au futur; personnellement je penserai surtout à me recoucher ou à un café bien chaud, mais que voulez-vous le delirium tremens ne permet pas d'être très terre à terre.

Tel l'homme titubant de tavernes en tavernes sans avoir l'alcool triste, Richard s'émerveille de tout : une feuille qui tombe, un chewing-gum collé sur la chaussée, un lampadaire qui luit, une étudiante qui vomit, etc.
Biby a tout doucement perdu ses amis, sa famille, sa femme, son percepteur ne l'appelle plus et même Caroline petite coquine du 92 ne s'affiche plus en spam sur son écran quand il va sur le net; bref, l'ami Richard est bien seul au milieu des bouteilles et son chien semble être sa seule compagnie.
Son fidèle compagnon constitue une sorte de déité toute puissante, qui freudiennement doit être une bonne saloperie übersexuelle et amorale.
Tout doucement, Biby doit savoir sa fin proche. L'alcool ou le suicide, là n'est pas la question mais toujours est-il qu'il ne pense pas pouvoir survivre à son toutou. Prions pour sa douce folie et son écriture élaborée et éclairée. Puisse ce grand homme découvrir la Corée ( l'un ou l'autre, un humaniste comme lui n'est pas regardant ) où il se sentira comme un glaçon dans un pastis en ce pays où l'on adore les chiens.

Pour finir, je voudrais citer le plus beau passage rédigé par Biby, le chantre de la poésie alcoolisée qui se décante tout doucement : « le chien c'est l'incarnation de tous les espoirs, et rêves du futur, le doux souvenir du passé et la pure joie du moment. »
Putain de bordel de merde comme c'est beau ! J'presque envie de chialer !
C'est tellement  beau et adjectivé que j'ai presque envie de l'imiter; malgré mes chaussettes sales éparpillées qui me vont penser aux lendemains chantants et à l'extase tantrique d'un nouveau jour doux et ensoleillé comme un sourire de jeune fille empli de chaudes promesses, je ne pourrai égaler ce grand homme.

Je tiens personnellement à remercier Richard Biby pour son lyrisme de VRP, Jean-Pierre Brabant pour son sens photographique aussi acéré qu'un couteau à purée et aussi jaunâtre qu'un foie cirrhosé et surtout le magazine anonyme qui a eu l'audace et le courage de montrer cette oeuvre avant-gardiste aux yeux du monde.
Chapeau les artistes !

samedi 4 août 2012

Gabba gabba hey !



Mes amis, mes très chères amies, compagnons de par-delà les Pyrénées, gens de bon goût du monde entier, chère maman,

Comme vous le savez peut être, c'est le mois d'Août et nous sommes en été.
Ainsi votre blog saveur des îles WC paradisiaques va se ressourcer quelque peu pendant une petite semaine.
Mais que représentent une petite semaine au final ?

3 articles, un lundi, un mardi, un prime-time TF1 immonde, une soirée Amour est dans le pré, 1/4 de mois, 7 levers de soleil, un jour de sorties de films en salles, etc.

Allez, à la semaine prochaine les loulous !
Salucofagos.

jeudi 2 août 2012

Jack Médecin, chapitre 8 : Vers le VNR et au-delà !


Attention : chapitre interactif, ainsi tu peux écouter ceci en lisant le premier paragraphe, ou bien cela pour la suite de cette nouvelle pièce maîtresse de la littérature française.

Jack se baissa à temps pour esquiver la mandale de Jacquounet le Proctologue.
Un magnifique coup de pogne qui vint finir sa course dans le crâne de Jacquou le Croquant; crâne qui en une fraction de seconde passa de l'état de cerveau protégé par une coque d'os à pâté en croûte, et ce n'est pas le mur situé derrière lui qui vous dira le contraire.
Ayant assez peu de morale et de compassion pour son frère de clonage, Jacquounet continua de s'acharner sur Jack, le héros urgentiste. Même à terre, notre héros spécialiste du close combat caniveau/sortie de bars essaya de répliquer.
Coups de pieds par ci, attaque de la Nike en folie par là ( attaque qui consiste à donner des coups de la dite chaussure en la tenant dans une main; marche aussi avec des pantoufles ), technique du cri sauvage alcoolisé, menace de distribution de médailles, toute la connaissance martiale de Jack y passait.
Mais il ne pouvait pas faire grand chose, Jacquounet le Proctologue possédait un exosquelette. Une carapace organique écailleuse le protégeait et faisait se perdre les coups de Jack dans un espace vide et lointain qui absorbait peu à peu son énergie.
Les coups s'abattaient sur Jack aussi vite que des verres de shot dans une fête étudiante. Ils cessèrent assez vite mais, déjà a demi-inconscient, Jack plongea dans la douce brume ouatée qui s'emparait de son esprit.

Si vous allez à Venise, n'hésitez pas à faire un tour au Mousta Kistache Bar, la plus grosse réserve d'alcool de la lagune.
Un endroit fin et délicat dont la décoration reproduit l'attraction Pirates de caraïbes de Disneyland et les serveuses le chatoyant service de Hooters. Le Mousta Kistache, dont le symbole est un vieux clochard barbu à guitare ( façon Maître Vitalis ), est toujours dirigé par son gourou et fondateur : Boney Nem.
Dans le milieu de la pochetronade, il est connu sous le nom du "foutoir"; non à cause du fait d'épandre sa semence un peu partout au bonheur la chance, mais de par ses origines : métisse ( son père Mobu-One est zaïrois et sa mère Bobuntu est vietnamienne ), franc-maçon, juif hassidique, trotskiste et fan de Bon Jovi.
Son visage était également un curieux mélange de Picasso période-bleue, de jovialité corse, de maquillage pour film de zombies et de MST mal soignées. Certaines mauvaises langues disaient même que tout cela était saupoudré d'haleine façon Contes de la crypte.

Quand Jack Médecin rouvrit les yeux, ce visage fut l'une des premières visions qu'il eut, avec celle de la magnifique architecture carton-pâte coloniale espagnole de Tortugua. La pièce sentait le rhum; l'arôme chaud et sucré flattait son nez endolori.
Son hôte moitié gourou, moitié institut Pasteur se tenait à ses cotés, un cocktail à palmiers multicolores dans la main.
   - Ça va, mon vieux ? demanda-t-il d'une voix caverneuse qui fit trembler les décorations de son verre, tel un typhon sur la jungle Indonésienne.
Jack ne dit rien; se réveiller après une baston, c'est comme ce réveiller avec une énorme gueule de bois l'amusement de la veille en moins. Sa tête ressemblait à celle d'un jeune putois que l'on réveille d'hibernation.
   - Ça faisait longtemps, trop dirait-on. Trop de cocooning, t'as endormi l'âme, Jack. Qu'es-tu devenu ? Te souviens-tu au moins de qui tu es vraiment ? Tu es Picheman; le superhéros de la piche !

(A suivre)