jeudi 16 août 2012

Où allons-nous, ma brave dame ?



Si l'on regarde un peu la situation et l'histoire des polars, la plupart des productions actuelles sont toutes sales et viciées ( l'ambiance et l'histoire, attention ); les meurtres baignent dans une société suintant le mal où les hommes sont détruits et les femmes fatales.
Initiés par la vague des pulps de détectives et des films noirs, beaucoup d'auteurs aiment baigner leurs oeuvres dans un monde sombre où le pessimisme semble être la seule porte de sortie ( terme qui comprend l'alcoolisme et le suicide, bien sûr ).
Au final,  c'est un peu comme annoncer que tous les crimes se font dans le Bronx ou dans les bas-fonds de Seine-Saint-Denis à minuit ( heure du crime ), alors que ceux-ci arrivent bel et bien à Porte d'Auteuil ou Versailles à 18 heures ( heure de l'apéro ).

Et c'est alors que, dans ce marasme de la gaudriole, apparaît la reine du crime, la joie immense et la fraîcheur que procure sa lecture.
Chez Agatha Christie tout est caché sous les apparences de la bonne société. Le décorum est luxueux et les personnages racés. Meurtre au manoir élisabéthain de Lady Wooltorton cela sonne quand même mieux que Repassage sévère de Joe le clodo à Bagnolet.
On peut trouver le même ressort dans les films d'horreur modernes ( Halloween par exemple ) avec leurs banlieues paisibles où le sentiment de sécurité règne mais uniquement en apparence.
Cette fausse sérénité marchant comme les lambris des résidences du Hampshire cachant les murs froids, humides et décrépis.

La noirceur humaine se cache sous des visages d'anges. Il y a bien des personnages parfaitement abjects et odieux mais ils ne sont que très rarement les tueurs.
L'inhumanité se trouve cachée au fond. Ainsi dans les histoires d'Agatha Christie se sont tous ces personnages arrogants, naïfs, vénaux, extravagants, etc; qui reflètent le véritable genre humain dans lequel nous vivons. La démarche n'est pas celle des romans noirs, bien au contraire elle est ici la preuve d'un grand humanisme.
Remarquez bien que l'on également voir une certaine forme de pessimisme liée à la monstruosité qui se cacher sous les plus beaux atours.
La véritable horreur se trouve à toute heure et n'importe où, mais la fiction doit remplir sont rôle d'évasion, ainsi n'est-il pas plus agréable d'être transporté aux abords d'un terrain de cricket ou au bar d'un hôtel de luxe plutôt que dans un pavillon dégueulasse de Montrouge ?

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