jeudi 23 juin 2022

La flamme olympique de mucho bailar.

 





Il y a certaines choses qui seront éternellement immuables : la publicité qui te prend pour un con, les médecins en retard et les petites phrases toutes faîtes que tout le monde connaît mais qu'on entend tout de  même tout au long de sa vie.

Prenons une jeune personne romantique.... Non, pas un romantique Sturm und drang, ni le niaiseux  fan des violons au restau et des fleurs pakistanaises au dessert. Non disons plutôt une personne ouverte, sans préconception, et un peu fleur bleue.

Bref, cette personne croise sur le fleuve de la vie amoureuse avec son petit remorqueur depuis ses primes années. Lors de ses escales aux écluses, elle entendait toujours une sombre histoire que les vieux loups de rivière se transmettaient de génération en génération durant les veillées : la légende du "C'est pas toi, c'est moi."

Ces paroles aux résonnances infernales était le Kraken des gentilles amours marinières.

Cette phrase est une incantation nécromancienne lancée lorsque le vil sorcier veut juste un coup de bite mais qu'il n'assume pas.  C'est sûr que cette incantation est toujours plus policée qu'un "je n'attendais rien de plus que ce que l'on a partagé. Merci. Au fait, je claque la porte derrière moi ?". Chose que l'on aurait pu signaler à l'autre avant de copuler comme des Jackie et des Michel, cela dit en passant.

Bien sûr, chaque marin sait que les courants sont tus différents et que les aspirations de l'un ne se conjuguent pas toujours avec celles de l'autres. Ainsi, la phrase maléfique met l'accent sur cette connaissance de la vie trouvée au rayon soldes du Tout à 1 franc local. J'insiste sur le franc.

En fait, ce n'est pas la phrase en soi qui est abject, c'est la lâcheté qui peut se cacher derrière.

Le nécromancien est un sbire des forces du Malin. Ce sont les hérauts de Gog et Magog s'avançant fièrement en tête de leurs armées, tout oriflamme déployé. Ils mentent dès le début, ils laissent un flou s'installer pour mieux réciter leur mantra pernicieux.

Certaines versions de la légende évoquent même des démons farceurs qui préfèrent d'autres formules diaboliques telles que : "Ah désolé, j'ai oublié mon portable et comme je viens d'en changer, je ne connais pas encore mon numéro" ou encore le "oula, mais tu vas rater le dernier train




Parmi ses ambassadeurs du mal, la légende raconte qu'il y a pire que ces bancs de sable pour les humbles remorqueurs : il y a les naufrageurs. Ceux-ci t'attirent à la manière des sirènes pour une extase bien éphémère. Ils glissent des mots d'amour dans ton oreilles, ils te font croire que cet instant est magique, que Paris sera toujours Paris et que le miel de tes lèvres sera la cire étincelante sur l'écrin dénudé de leurs coeurs (ce qui en soi, ne veut rien dire). Une fois, que le jeune fleur bleu s'est tout abandonné insoucieusement, Le naufrageurs récite son terrible discours tout en plongeant sa dague dans le coeur encore fiévreux de sa victime, les yeux dans les yeux.

Combien de fiers marins n'ont pu échapper à ces saturnales de l'amour sans s'arrêter pour un temps de naviguer afin de dompter cette peur ? 
Certains vieillards, lorsque les braisent agonisent et que l'alcool pose son voile réconfortant sur les esprits, évoquent des esprits malins qui ont su reprendre un peu d'humanité en annonçant leurs noires desseins avant d'entrer en contact avec aucune muqueuse de son partenaire que ce soit.

Sur des fleuves dont ils n'existent aucune carte, les dangers sont nombreux pour les capitaines aux petites embarcations ronronnantes. Des flibustiers aux forces du mal, en passant les longs bancs de sable nus, il y en aura bien un qui sera rencontré lors de la traversée. Il est certain que quoi qu'il se passe, nous arriverons tous à l'embouchure avec l'océan et qu'il faut bien gagné en expérience et agrémenter le voyage. Toutefois, si la croisière pouvait ressembler aux croisières pour vieux dans les fjords de Radio Classique featuring Eve Ruggeri, plutôt qu'à The Human Centipede, qui s'en plaindrait ?

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