Chapitre XIV

Nicolas et Rikimaru coururent après la voiture à bride abattue. Ils avaient beau être sportifs et surentraînés, ils n'arrivaient pas à gagner du terrain sur la grosse cylindrée.
Mais, peu avant d'arriver à Denfert-Rochereau, la voiture s'arrêta brusquement.
Un grand homme en haut de forme et redingote noire descendit tranquilement, suivit par la mystérieuse architecte. Sa beauté n'avait pas changé depuis que Nicolas l'avait aperçu dans les sous-sols de Coignères. L'obscurité nocturne magnifiait la pâleur de son visage.
Cette fois-ci, elle n'était à demie-vétue en un vêtement tribal devant faire fureur dans les salons vestimentaires de gourous. Le pardessus blanc qu'elle portait se soulevait légèrement avec la brise. On aurait dit une plume à coté de l'homme à la redingote, qui bien que mince, ne donnait pas envie d'aller l'insulter.
Pendant plusieurs secondes nos deux héros et la belle et la bête, se regardèrent dans le blanc des yeux.
Mais comme la vie n'est pas un film de boules, ni un film de Sergio Leone, cela ne dura pas longtemps et personne ne se sauta dessus. Par contre, l'architecte leva et porta la main vers nos compères. Son visage s'éclaira et elle prononça des mots inaudibles avant de reprendre sa position initiale.
Un grondement se fit sentir dans Paris. Une ombre gigantesque se dressa devant la lune.
Le Lion de Belfort s'anima. Son cuivre s'anima en grinçant et le lion se dressa sur ses pattes arrières. Il regardait en direction de Nicolas et Rikimaru. Deux gros yeux rouges luisaient dans la nuit; Leurs réflexions sur le cuivre noir créaient un halo rougeâtre, accentuant la face quelque peu agressive de la bête.
L'architecte remonta dans la voiture, suivit de l'homme au haut de forme et c'est alors que le lion grogna puis s'élança vers eux.
Mais si se trouver face à un gros lion à l'air énervé n'est pas une situation enviable, cela peut être pire. Derrière le lion, une armée de chinois, torches, armes et bouffe bizarre en main, remontait l'avenue au pas de charge.