mardi 7 juillet 2009

Sideways studies

(Photographie par Clément Doubroff)

A mes débuts à la fac, à la vie, un tant soit peu, adulte, je trainais souvent dans le métro. Ce n'est pas vraiment que j'avais du temps à perdre, c'était simplement quelque chose qui me procurait un certain plaisir et je n'en étais pas du tout conscient. Toute cette ligne, puis celle-ci avant d'attérrir dans celle-là. Peut être etait-ce là le signe avant-coureur de mes Ides de Mars? Je sens des coups, des dizaines de coups de poignards s'abattrent sur moi, mais il n'y a que moi qui me les infligent.
Ma vie semble bloquée dans le métro... J'arrive bientôt à un terminus. La plupart des passagers quittent la rame avant les deux dernières stations. Il la quitte petit à petit; au terminus on se retrouve toujours seul. Je ne suis pas vieux, je ne peux dire que c'est comme la vie où l'on voit partir peu à peu ses amis, sa famille, ses amours etc. Mais ce n'est pas une question d'âge et surtout c'est voir ses proches s'éloigner (comme quitter le cocon familiale ou bien ne plus être dans la même région après le bac). Terminus, c'est bien le mot qui résume où j'en suis. Je dois vite sortir pour arpenter les longs couloirs aseptisés; ces couloirs aux lumières crues où seules des réclames au gout douteux suivent notre passage d'un oeil vide. Mais ce n'est que la moment de solitude qui accompagne le condamné vers l'échafaud. Après il faut sortir à la lumière du jour, sortir du bon coté, se frayer un chemin et ne pas être perdu. Mais cela est-il possible lorsque l'on ne sait pas où on va, ni où on se trouve? Personne ne s'arrête, il ne font que de te regarder avec surprise ou peur si jamais tu ne marche pas d'un pas aussi assuré qu'eux.
Il est bien facile de se faire bercer par le voyage mais finalement l'arrivée arrive bien plus vite que l'on ne le pense. Mieux vaut être barder de cartes et de plans en tout genre, voir d'être accompagné.
J'ai trente ans et je suis complétement perdu. Désormais je passe toujours mes journées dans le métro à rêver mais c'est parce que, à l'extérieur, je ne peux rien faire d'autre que de me recroqueviller dans un coin et pleurer. Revenir et rester là... Dehors n'est qu'un cratère lunaire.

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