vendredi 15 mars 2013
Sans laisser d'adresse.
Parfois, je pattifole jusqu'aux boulevards. Je m'installe à une terrasse de brasserie. Je regarde les buveurs de bière au travers d'une drôle de buée.
En août, je suis comme des millions de gens. Je dépéris. Il fait très chaud sous les toits de Paris et je commence à ressembler à une bouteille vide. J'achète du blé germé. Je mange des graines de millet avec un zeste de gomasio. Je me fais couper les cheveux. Je fais retoucher mes racines. Je porte un combi-short. Un coton débardeur. J'ai des baisers à revendre.
J'émigre sur les bords de Seine.
Les familles en cortèges, les employés, les chômeurs, les Japonais, les accros du bain de soleil fréquentent Paris-plage. Poumons tamisés au pot catalytique les salsifis des fortifes se mêlent aux parigots sur les berges du fleuve. Sauvons la forêt ! Sauvons la planète ! Les nanas de banlieue nord en robes mini s'étendent sur le sable bordé de palétuviers en plastique. Muqueuses dévorées de chlore, poumons goudronnés de nicotine, elles vivent au-dessus de leurs moyens.
Chacun a le droit, je pense, de respirer un peu de bitume bohème.
Vautrin, J. « Nous avons si peur du festin de la vie.» Si on s'aimait ?; LGF Le livre de poche, 2005; p.84-85
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