lundi 11 mars 2013

Pour des jours meilleurs.


Pour Emilie avec toutes mes pensées,

Aujourd'hui, rien ne sonna le réveil. Les oiseaux semblaient être restés nicher pour ne pas avoir à célébrer la grisaille. Sans me poser de questions, je fis de même.
J'occupais un bunker de couette et de coussins depuis quelques jours maintenant.
Je sens mon sang rayonner à travers mon corps plus fortement mais plus lentement que d'habitude. A chaque battement de mon cœur fatigué une chaleur blême et diffuse faisait soulever et réchauffer la peau de mes membres endormis.

La vitre de la chambre s'était muée en miroir. Du bas de mon lit, je me confondais dans l'épais rouleau grisâtre. Je ne distinguais aucunement la lente marche de la lourde chape, j'y voyais l'incarnation de mon esprit comme si un esprit supérieur s'était amusé à me mettre face à moi-même; comme si cela ne suffisait pas.

Mon esprit vagabondait entre mes yeux embrumés et deux assoupissements depuis des heures lorsque mon réveil sonna. Il était 14h37, il faisait toujours aussi gris.
Peu à peu, la chanson douce et entraînante me fit me lever.
Que la séparation avec couette et nos deux chaleurs fut douloureuse ! La musique réussissait à sortir mes pensées de la pièce vide et ronronnante où elles s'étaient enfermées.
Les notes et le rythme ne faisaient que bercer ma personne; mon esprit ne semblait pas adhérer laissant ainsi mon corps s'activer par réflexes après tant d'immobilité.
Ce n'est que par automatisme que je me rendis à la salle de bain, non sans m'être auparavant attardé quelques secondes sur le lit désormais vide et défait.

La vapeur montait doucement jusqu'à mon visage et se déposait en une tendre caresse sur mon visage. L'eau  quasi-brûlante s'abattait sur le sommet de mon crâne en une cascade de bien être avant de redescendre le long de mon corps assoupi, emportant pensées et chair de poule au loin.
J'ai dû rester des heures sous cette suave enveloppe. Elle fut, par mille fois, plus agréable que ma couette qui ne me quitta pas pour quelques jours. Sous le pommeau, je pouvais sentir mon corps à travers ma nimbe chaude et rayonnante.
Je devins moi-même cette légère vapeur brûlante à force de rester immobile, les yeux fermés, sous le flux. Mon corps et et mon esprit s'étaient liquéfiés en quelque chose de léger et gracile. Tout le superflu, tout ce qui ankylosait mon être était emporté au loin dans la sombre et invisibles tuyauterie.
Il n'y avait plus rien; rien que la chaleur moite et caressante berçant mon esprit vagabond.

En sortant, le ciel paraissait moins gris. Une douce et fruitée odeur de café se fit sentir et me détourna de mon idée de retour vers la chambre. La radio était encore une fois allumée. Peut être était-ce à cause de cette musique ou de l'odeur de l'arabica et du pain fraîchement grillé, mais la combinaison des deux porta mes pas jusqu'à la cuisine où m'attendait un sourire, que je n'ai pu m'empêcher de redonner en retour.
Cela faisait longtemps.

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