jeudi 22 août 2013

Vespérune


On reprend du bon pied et du bon œil ( et j'en ai deux de chaque) avec une petite histoire, de rien du tout, de rien du tout.
Et comme je suis bon comme un pot de Haagen-Dazs à 23h, je vous ai même mis cela en musique.
On peut écouter ceci, au moins pour le début : Captain Beefharet - Her Eyes Are a Blue Million Miles.
 Mais ma préférence va vers The Divine Comedy - Gin Soaked Boy. Comme si j'avais écrit cela dans l'optique de l'écouter à la fin.
En fait, c'est pas mal d'écouter Beefheart en premier et ensuite de passer à Neil Hannon; enfin vous êtes grands pour savoir ce que vous faites, normalement...


Un jour, un homme se baladait en forêt. Elle était grande et isolée. Un orage ayant éclaté peu avant, un arc-en-ciel la surmontait ce jour-là.
Alors qu'il se reposait devant une chute d'eau, l'homme vit des dizaines de bulles s'échapper des remous. Animées de mille couleurs, elles virevoltaient au dessus de l'onde. Elles s'élevaient doucement vers le ciel. Sauf une; sauf une petite bulle légère qui vint, poussée par la brise, vers l'homme.
Quand elle arriva à lui, il essaya de la toucher du bout du doigt. C'est au moment infime et précis où la bulle éclata d'elle-même que son doigt entra dans la bulle par la brèche ainsi crée.

En un clignement de paupières, la forêt se trouva nimbée d'une étrange lumière. Partout de petites étincelles se déplaçaient telles une myriade de fées.
L'homme ébloui par tant de beauté se leva et voulu découvrir ce nouvel endroit mais en se levant il remarqua que sur l'arbre contre lequel il s'était appuyé avait poussé un cœur.
Il voulu le toucher, voir même le décrocher mais à peine effleuré le cœur se déposa dans les bras de l'homme. Il descendit doucement comme si le temps s'était figé. Une chaleur et une douceur infinies l'envahit instantanément.
Quand il rouvrit les yeux, la forêt était redevenue celle qu'il connaissait. Il n'y avait plus de lumière, ni de fée mais le cœur était toujours dans ses bras, contre lui, palpitant contre le sien.

Craignant pour son trésor, l'homme parti parcourir le monde, tenant toujours son cœur contre lui. Il ne restait jamais au même endroit de peur que l'on lui vole son trésor.
Il vit mille merveilles, il rencontra des milliers de personnes, il apprit des centaines de coutumes et s'initia à des dizaines de cultures; pourtant quelque chose lui manquait.
Il avait toujours cette peur de perdre, de se faire prndre son cœur, mais au-delà de ça il lui manquait quelque chose. Cette sensation de vide qui malgré tout restera insatiable, comme si son propre cœur n'était plus là.
Pourtant, tous les soirs, tous les jours il tenait le cœur tendre et chaud contre lui et s'enivrait de son ardeur.

Un jour, alors qu'il repassa par hasard par la forêt à la chute d'eau, il s'y arrêta.
Il resta quelque temps à contempler les bulles, tout en serrant son cœur contre sa poitrine.
Le cœur battait de plus en plus fort, ses mouvements se faisaient plus amples et il devenait de plus en plus chaud. C'était comme si il s'était transformé en une boule de lumière irradiante.Un soleil au sein des bras de l'homme.
C'est alors que le cœur s'enfonça dans la poitrine de l'homme. Il fondit en lui et se mêla à chaque atome de son corps en une immense vague douce et ardente.

Depuis, peu sont les personnes à l'avoir revu mais il paraît qu'il parcourt toujours le monde le sourire aux lèvres et laisse derrière lui une fine traînée de petites bulles multicolores.

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