dimanche 13 janvier 2013
- Vous êtes adorablement complexe.
J'ai découvert le caviar, par quarante degrés à l'ombre, allongé tout nu sur mon lit, comme un Romain. Cette dînette orgiaque dans une chambre d'hôtel perdue, j'étais trop inconscient pour en goûter la saveur équivoque. Entre deux gorgées de champagne,je mordais dans un toast : ce rythme était le mien. J'ignorais que toute solitude dans le plaisir fût un péché. Le raffinement n'était pas mon fort.
La sensation que quelqu'un me regardait ne m'effleura pas immédiatement. Je venais de déplier mes vêtements ; j'avais donné un peu d'air à mon poulet, un peu d'eau à mon azalée en l'immergeant dans la cuvette du lavabo ; j'étais en train de procéder à ce que Denise nommait une grande toilette et qu'elle exigeait de moi aux premiers soirs de notre amour, quand brusquement je me retournai d'un bloc, mû par un de ces décrets profonds que le corps prend avant l'esprit : je n'étais plus seul !
Blondin A.; L'humeur vagabonde; Éditions de La Table Ronde, 2011; p.47
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