dimanche 20 janvier 2013

Cindy (première partie)


Comme vous le savez tous, le monde est moche. Il y a les guerres, la maladie, la souffrance, Jean-Marc Morandini et la FNAC. Mais l'Apocalypse approchant, nos pauvres âmes tourmentées subissent également depuis quelques années un terrible fléau : les comédies musicales.
Avant, il y avait les vraies, celles qui avaient la classe, les Fred Astaire, les Gene Kelly. Maintenant, il a des médiocres qui braillent des idioties dans une mise en scène 'live' des plus immondes.
Et en tête de gondole de ces cathédrales du mauvais goût, on peut trouver Cindy, Cendrillon 2002. Un spectacle de rêve dans lequel Luc Plamondon, spécialiste du genre, se vautre dans les abysses de la parole laide.
Voici donc une visite guidée au cœur du mauvais !
Le rêve commence en ces termes : Cindy vit dans un pavillon de banlieue - du rêve en barre, ça Madame ! -avec sa belle-mère et ses deux demi-sœurs qui la traitent comme une servante. Elle est marquée par la mort récente de son père, Ronan, un pilote irlandais dont l·avion s·est crashé en mer. Elle se rappelle avec nostalgie la gigue qu·il lui faisait danser quand elle était petite (citation officielle).

L'héroïne fait penser à une tranche de mortadelle au Carrefour Market.
Introduction : une danseuse à gros cuisseaux danse pendant qu'un mec qui chante faux- pauvre Murray Head - couine, habillé comme un steward à pas cher. Bientôt, d'autres danseurs arrivent sur scène. Lââm est près du steward, sourire niaiseux, oeil bovin (attention cela sera une constante) et habillée comme une pauvresse; elle fait d'ailleurs ton sur ton avec les costumes de tous dont la laideur n'a d'égal que les paroles affligeantes proférées par le vieux.
Une histoire avec Satan - dont le cheval passe de noir a blanc - dont personne n'en a rien à carrer. En plus, pour une histoire censée être moderne, en banlieue tout ça, je ne pense pas que la gigue soit vraiment la danse la plus pertinente.
Citation : "la morale de cette histoire, c'est que les petites filles comme toi doivent obéir à leurs papas les soirs de mardi gras."
Donc Cindy, la souillon, a été élevé avec de bonnes histoires pourries possédant les morales les plus insipides de l'histoire humaine. Ça commence bien !
Preuve numéro une.

Tragédie grecque in progress.
Puis,un jour,"Quand la gigue s·est arrêtée", Cindy a vu sa vie basculer dans un monde de cruauté. Son père avait toujours été "Un homme qui passe", mais c·est à elle qu·il vouait tout son amour.
À 15 ans, quand elle lui demande qui était sa vraie mère, il lui répond qu'elle était une "Fille du soleil" prénommée Candela. Elle lui avait abandonné sa fille pour qu'elle ait une meilleure vie avec lui. Pour lui donner un foyer, Ronan se marie à une divorcée, mère de deux filles (citation officielle). 


Ensuite, un déluge de rimes de footballers s'abat sur nos -déjà - pauvres oreilles avec l'arrivée de la marâtre et des 3 méchantes belles-soeurs.
Florilège : "qu'elle fasse la popote et qu'elle nettoie les chiottes"; "qu'elle lave nos culottes et qu'elle décrotte nos bottes" ;
- J'entends des voix qui chuchotent, voilà les trois chochottes; il faut que je brosse bien mon plancher sinon elles vont me tabasser". Charmant tout ça, Baudelaire est définitivement mort.
"Nous ce qu'on aime c'est faire la fête, danser le rock'n roll (prononcez Wok'n Waul).
- Elles sont snob et elles sont bêtes et en plus elles se trouvent drôles (apparemment, cela rime avec rock'n roll)."
"Elle n'obéit qu'aux châtiments corporels.
- moi, j'en ai assez de ranger votre bordel."
Vous pensiez que le niveau zéro de la rime avait été atteint avec des Grand corps malade, des Sexion d'assaut et autres ? Heureusement, Cindy et Plamondon sont là pour vous prouvez que l'on peut toujours faire beaucoup de choses avec 3 neurones et 10 mots de vocabulaire tout en ayant une certaine reconnaissance artistique.
Preuve numéro 2.

Une performance qui fait mal aux yeux ? Pensez à vos oreilles également.
Soudainement, musique tristoune comme un violon électronique qui couine dans un Easy Cash. Voici le moment Lââmentations, ou 'ma vie s'est de la merde et tu vas le sentir passer !'
"Le grand érable argenté a perdu toutes ses feuilles, plus personne pour m'appeler son petit écureuil." Une réflexion sur le deuil de plus haute volée.
"Toi, mon père qui dort sous la mer, ta carlingue comme cercueil. depuis que tu t'es envolé au pays des étoiles, mon enfance que l'on m'a volé revient me faire mal." La vision enfantine de la mort couplée avec 'ta carlingue comme cercueil', non y'a pas à dire on reste toujours dans la classe et les abysses de la recherche neurologique et psychologique - vu le niveau je dirais même psychiatrique - sur l'être et sa relation à la mort.
Ensuite, on sort les boules Quies car la pauvrette se met à gueuler. Ah ba oui, Lââm + comédie musicale = beuglements, forcément.
En plus elle continue de nous faire suer avec son histoire de gigue. Je ne vous dis rien mais on va en bouffer de la gigue. D'ailleurs, cette chanson n'est en fait que trois phrases répétées ad libitum.
On trouve dans ce fatras ma phrase préférée : "mes rêves interplanétaires se sont envolés en fumée". Ah oui, carrément... Pas mal comme taille de rêves, moi qui pensais qu'à son niveau une paire de sandales non-trouée ou un sandwich Sodebo à peine périmé seraient ses plus grands aspirations...
Preuve numéro 3.

L'opéra du pauvre et du look douteux.
A peine les cris finis, voilà le retour de la belle-famille sur une musique de fête foraine. Ais-je besoin de préciser que la musique est depuis 15 minutes une variation sur le même air. Heureusement, la bonne musique Willy Wonka nous réveille quelque peu et toute cette ambiance Fête à Neuneu va tellement de paire avec les choucroutes qui servent aux filles de coiffures. Il ne manque que les couleurs flashy pour prétendre ouvrir un stand de barbe à papa.
Vous vous souvenez qu'elles sont les reines de la rime riche ? Eh bien, revoici un petit florilège :
"Elle radote et elle radote et elle radote et elle radote pendant que maman tricote et que toutes les deux on papote. Elle s'isole et se désole pendant que nous on batifole, qu'on cacotte et qu'on ragotte, qu'on déconne et qu'on rigole." Du grand art, Jafar !
" Au lieu d'être à son affaire, toujours à parler toute seule. Qu'est ce qu'on pourrait faire pour lui fermer la gueule ? Toujours à chanter cet air, cet air que chantait son père quand il avait bu trop de bières."
Dans le monde, il y a des gens classes, bien élevé et poli et SURTOUT il y a ceux qui ne le sont pas. Je vous laisse deviner dans quelle catégorie on se situe avec ces paroles d'une finesse inégalée.
Je tiens à préciser que la marâtre se nomme La Palma, un nom qui évoque une employée de référence dans un claque madrilène, qui aurait vu la guerre d'Espagne dans sa jeunesse ainsi que nombres de médecins spécialistes des maladies vénériennes depuis.
Preuve numéro 4.

(La suite, très bientôt ! )
PS : là, il n'y a que 15 minutes de spectacle résumé. Sur deux heures...

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