vendredi 18 janvier 2013

Chapitre XXVI


Illustration musicale : Battlestar Sonatica par Bear McCreary

Sans avoir aucune idée de ce qu'il allait faire, Nicolas Brandebris se précipitait vers l'étrange machine. Un pied loin devant l'autre et elle se rapprochait.
Une dizaine de mètres le séparait de cette chose qui avait contenu l'espace d'un instant le visage de Noëline.
Elle ne revint qu'un instant, un simple et court instant qui prit possession de son être et finit d'écorcher son cœur.
Avant qu'il n'ait pu toucher la paroi luminescente, son souffle se coupa brusquement et une intense douleur comprima son thorax pour ensuite se diffuser dans chaque recoin de son tronc, tel un éclair irradiant une nuit d'été.
Alors que la douleur continuait implacablement de le faucher, Nicolas fit voler en éclats le pan en verre. Son tourment avait fini par atteindre tout son être; ces piques chauffées à blanc avaient réussi à atteindre jusqu'à ses yeux et l'extrémité de ses membres. Il sentit la machine éclater et l'engloutir.

La souffrance terrée en son dos et sa poitrine firent précipitamment place nette comme si la douleur avait dépassé toute perception humaine.
Une lumière vide et blanche l'enveloppa instantanément. Alors que la peur ne l'envahisse complètement, celle-ci devint chaude. Chaude comme un grand bain lascif, chaud comme une épaisse couette dans laquelle on se love après une grosse journée de travail.
Nicolas avait la sensation de flotter immobile mais un courant d'air chaud se déplaçait autour de lui et l'attirait peu à peu; tout son corps de distendait lentement mais sûrement, sans aucune douleur.
Des ombres défilaient sans un bruit, sans un regard. Il la voyait; là, du bout des doigts, à ses côtés... Mais était-ce seulement  elle ?
Elle ne souriait toujours pas, elle ne souriait plus. Ses longs cheveux ne se déposaient plus en boucles cuivrées sur ses épaules. Ses yeux n'étaient plus ces grandes étendues où il aimait se perdre.

Il revoyait leur premier rendez-vous.
Attablé en terrasse, le soleil faisait perler son verre de bière. Il fixait les microscopiques bulles de gaz remonter jusqu'à la surface. De temps en temps, il levait la tête pour regarder les passants en espérant la voir arriver. Il était 17 heures, elle l'avait prévenu d'un léger retard.
Elle l'avait été mais son éclat et sa robe d'été firent oublier n'importe quelle montre.
Ce n'est que quelques heures plus tard qu'ils échangèrent leur premier baiser.
Ils avaient passé la soirée le long des quais avec quelques bières. Il avait acheté des petits écoliers et elle des Pierrot gourmand, cela dégoulinait de mignotise. Ils n'en avaient même pas mangé.

Il revoyait leur première dispute, leurs premières vacances, leur premier emménagement mais seul un souvenir ne cessait de revenir et de se superposer.
Ce 18 Juin, elle s'était levé un peu plus tôt que d'habitude. Sans un bruit, elle écarta les draps et se leva silencieusement.
Elle sirotait son café devant ses paquets de feuilles. Paisiblement, une de ses chansons préférées se diffusait dans le salon encore endormi.
And when our worlds they fall appart.
A contre jour, les premiers rayons du soleil la nimbaient comme une icône cerclée d'or et de cuivre.
When the walls come tumbling in.
Sa silhouette hâlée vint déposer sur ses lèvres un baiser, le dernier.
Though we may deserve it,Elle mit ses chaussures, ouvrit la porte, lui adressa un grand sourire, ses yeux chatoyèrent plus que jamais et elle s'envola.
It will be worth it.

A suivre.

Bonus : la chanson originale  ( Depeche Mode : Halo ) car la beauté doit se partager. Si il y désormais une chanson par année qui représente le blog - d'ailleurs, je dois m'occuper de la session 2013 - il y en a certaines comme celle-ci qui représente le cœur de votre blog vanillé.


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