mercredi 9 janvier 2013
Chapitre XXV
Cachés derrières quelques caisses dans le cellier d'un manoir breton, Nicolas Brandebris et Rikimaru entendirent les voix se rapprocher peu à peu.
L'apparente tranquillité de la bâtisse était trop belle mais le stock de grosses caisses situé dans un coin du large cellier était suffisamment discret et dans la pénombre pour qu'ils purent s'y cacher sans trop de peur d'être découvert.
Les voix devinrent de plus en plus distinctes et deux ombres firent leurs apparitions dans la salle.
- Et je vous le dit en toute honnêteté, Grainville, elle vous est très reconnaissante pour tout ce que vous avez fait mais si vous continuez à donner des congés de fin d'année à tous, vous risquez de descendre dans son estime, vous voyez ce que je veux dire ?
- Mais vous savez bien que que c'est la dernière chose au monde que je désire. Je suis entièrement dévoué à notre cause. Je suis, certes, un peu gentil en cette fin d'année mais il n'y a pas un zébus aussi dévoué que moi.
- Je n'en doute pas mais pensez à l'échéance qui approche; cela nous rend tous nerveux, alors imaginez un peu son état.
- Bien sûr... Mais comme vous pouvez le constater, tout est prêt. peut être encore une ou deux et nous pourrons les envoyer. Elle pourra voir qu'elle avait entièrement raison de me confier cette mission.
- D'ailleurs, pendant que je vous tiens, vous avez pensé à l'après clair de lune ?
-Oh vous savez, je pense.. être... pas...
Les voix devinrent de plus en plus lointaines, pariant sur le fait que les deux interlocuteurs s'étaient éloignés, Nicolas pencha un peu la tête pour voir de qui il s'agissait et si ils n'étaient bien que deux.
Il ne connaissait pas le premier. Il semblait mince, bien que petit; mais cette petitesse s'expliquait surtout par l'imposante stature du deuxième homme.
Jamais il n'avait vu le premier mais il ne connaissait que trop le deuxième : c'était Claïus. Le fameux homme en noir, le bras armé de l'architecte. A cette vision, son cœur s'emballa en une fraction de seconde.
Les deux hommes se tournèrent pour discuter vers l'escalier et donc dos à la machine et à nos amis. Nicolas se reprit et en profita pour se concentrer sur cette fameuse machine.
On aurait dit un arbre de lumière. Tout autour de la salle se trouvaient des espèces de générateurs, d'où partaient de larges tuyaux flexibles serpentant jusqu'à la pièce maîtresse : un immense réceptacle cylindrique de verre et de cuivre à la manière d'une cafetière française. Au lieu de poussoir, il y avait encore une fois des tuyaux; tout le long du cylindre, les tuyaux s'affaissaient le long de la paroi avant de remonter, comme un chapiteau ionique renversé.
Contrastant avec sa base arboricole, son sommet faisait penser à une fleur sur le point d'éclore; on distinguait à peine le gigantesque tuyau cuivré inséré dans la voûte vers lequel tous convergeaient. Et partout cette forte luminescence qui semblait tourner en rond à travers tout ce réseau.
Certains motifs semblaient se détacher dans cette agitation; des formes familières comme une foule de visages défilant et s'étirant lentement sous l'action du courant.
Nicolas essaya de discerner quelque chose de plus précis sans résultat jusqu'au moment où il le vit; dans les volutes glaciales, il aperçu le visage de Noëline.
Alors que tout s'immobilisait dans son esprit, il se rua hors de sa cachette comme chassé par un éclair.
Il n'y avait plus de danger, plus d'amis, encore moins de mort, Nicolas Brandebris courait, halluciné, vers l'hypnotique lueur.
(A suivre; très prochainement)
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