mardi 29 mars 2011
Adaptation et dialogues
Vous vous égarez sur la TV et ses obscures chaînes câblées. Il est prêt de minuit donc, après 50 pubs pour "rencontrer de vraies petites cochonnes dans ta région au 5434" ou bien "des filles chaudes pour des conversations torrides au 9867", voici le traditionnel téléfilm érotique. Il y en a des milliers qui pourrissent dans les placards poussiéreux Conforama mais ce soir-là c'est Troublante voisine qui vient s'égarer sur votre rétine et votre esprit embrumé.
Ce téléfilm est réalisé par Raoul Chenille, rien que cela provoque réactions sur nos zygomatiques et abdominaux. Mais ce n'est que le début d'accord, d'accord.
En fait, cette chose télévisuelle est une machine à rire (et je n'en ai vu que 30 minutes!).
La troublante voisine qui excite le héros, étudiant en médecine, est aussi sexy qu'une boite de raviolis ouverte et excitant qu'un jambon dansant dans une vitrine de boucher. Mais bon, cette voisine réveille les sens (et le voyeurisme) du héros. Celui-ci vit en collocation avec un grand benêt qui tringle sa copine dès qu'il le peut. Un jour, le héros voit sa voisine d'en face en nuisette affreuse et depuis il ne cesse de l'épier. Voilà, pour l'histoire que l'on sent d'inspiration Dostoievskienne. D'ailleurs, le scénariste n'était pas seul pour écrire ce chef d'oeuvre de médiocrité, puisque le générique montre fièrement le nom de quelqu'un ayant fait l'adaptation et les dialogues.
Des dialogues mémorables tels que "tu veux pas te taper ma copine? Elle est bien pourtant", ou bien "t'as mangé? T'as quelque chose dans le frigo?". Surtout, lors d'une scène où la petite copine cochonne mignonne se concentre pour réciter ses âneries alors que son copain est au contact pelvien de ses muqueuses. Une fois le texte dit elle arrête d'être immobile et feint de jouer le plaisir: en même temps, le copain/colloque est sexy comme Bernard Thibault et il baise en 20secondes chrono sans ouvrir sa braguette.
Le héros se transforme donc en voyeur depuis une cage d'escalier avec une longue-vue façon Rackam le Rouge. Le pervers des escaliers met donc des lunettes de soleil dans son appart (ça fait plus pervers); il appelle la voisine la nuit en trouvant son numéro dans les pages jaunes (sic!).
Mais tout s'accélère: un maître chanteur apparaît avec une voix qui trahit une surconsommation de clopes et de whisky. Le colloc baise dans un lit à 3 mètres du héros, dormant dans le canapé, et là ça jouit façon Lara Fabian après un dialogue mémorable: "Il fait chaud! - Oh oui, il fait chaud!"
Autre point marquant: la vieillerie du bordel. Le grain de pellicule, d'immondes voitures, des coupes de cheveux à faire pleurer un vendeur de choucroute, des chemises criardes à motifs rideaux, bref tout le charme d'un téléfilm cheap des années 80/début 90.
Pour ces créateurs, cette Troublante voisine "diffuse un subtil parfum d'érotisme", comme le déclare l'héroïne faisant de la balançoire en nuisette de mamie dans son appartement. Pour nous, il répand de grosses crises de rire, ce qui nous évite d'avoir honte comme peut le ressentir le pervers qui se touche devant.
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