samedi 24 novembre 2012

Terre Africa.


Oyez, oyez !
Amis de la franche rigolade électronique et de l'aventure humaine, soyez ravis car on peut trouver en ce moment une magnifique chaîne de messages (comme tant d'autres) : "si je viens frapper chez toi à minuit les yeux plein de larmes, m'aiderais-tu ? Si oui, clique sur 'j'aime' et partage sur ton mur, tu verras combien d'amis seront là pour t'accueillir."
Pierrot ouvre moi ta porte...
Et si on a juste envie de rester au pageot ?

Imaginons, vous avez passé une très bonne soirée (où, comment et avec qui, je ne veux pas le savoir) et vous êtes en plein milieu d'une grande nuit de sommeil pleinement méritée.
Vous rêvez d'une torride scène de sexe avec votre idole, celle qui pourrait recouvrir en poster tout votre appartement si vous aviez encore 12 ans.
Une scène d'une intensité terrible : vos deux corps nus se tortillant devant une cascade donnant sur le Kilimandjaro avec du Michel Sardou en fond sonore.
La voix de Michel s'élève au fur et à mesure que vous remuez de bonheur coupable dans votre couette douce et chaude, quand soudain : un coup de sonnette se fait entendre.

Adieu rêves africains, chaleur sensuelle et douceur sexuelle.
La corne de brume, qui s'actionne depuis votre palier, vous a instantanément transporté dans le frimas matinal avec des yeux gonflés façon montgolfières de plomb et la célérité cérébrale d'un gastéropode héroïnomane jamaïcain.
Je ne vous raconte pas le calvaire que constitue le fait de soulever la couette et de vous diriger vers la porte d'entrée.
Après cette excursion made in goulag, que voyez-vous sur le pas de votre porte ?
Un(e) ami(e).


Au choix, vous trouvez devant vous:  Lou, 25 ans, apprentie mannequin enchaînant les aventures de 20 minutes avec des photographes. Elle vient à vous car son bichon maltais, Pupuce, est mort dans la nuit.
Vous pensez qu'après 8 mois de cour, elle cède enfin à vos indéniables charmes, alors qu'en fait c'est uniquement votre statut de roi des poires qui vous offre cet opportunité.
Ou bien, vous trouvez Roger, modeste margoulin de Clignancourt, au sourire aussi tranchant que son style vestimentaire. Un homme médiocre qui vous a toujours inspiré de la pitié et une âme de mère Thérésa pour minables. Ainsi, Roger ne peut se résoudre au fait que Marie, sa dernière compagne de 17 ans, l'ait quitté pour un jeune étudiant en droit.

Mais qui ouvrirait la porte et la claquerait directement en gueulant "ah non pas lui!" à un ami ?
C'est sûr que si l'on commence à harceler ses amis pour des conneries, on ne risque pas d'être en odeur de sainteté par la suite.
Je tiens, d'ailleurs, à signaler que Miranda Kerr, Rachel Weisz et cætera peuvent sonner à ma porte quand elles veulent; en pleurs ou non, je serai toujours disponible.
Bref, tout ça pour dire que l'on peut vraiment faire faire n'importe quoi aux gens.

Arrêtons d'avoir peur du terrible coup de sonnette de l'ami/e en pleurs, camarades !
Rêvons de l'ambiance sensuelle d'une yourte bien chauffée sous le blizzard sibérien.
Alors que le vent glacial souffle à corps perdu sur la toundra, vous êtes langoureusement allongé dans votre tente, tapissée de peaux de bêtes aussi douces et réconfortantes que votre torse d'une virilité exemplaire.
Votre compagne, Iulia, jeune autochtone au caractère ferme comme du granit, à la peau diaphane comme la neige et à la chaleur sensuelle digne de la plus grande éruption volcanique du Kamtchatka, se tient à vos côtés, prête à tout pour satisfaire vos envies d'explorateur aguerri et viril en manque d'action.
Iulia, vous chante du Michel Sardou dans sa langue natale pendant qu'elle vous masse délicatement le corps de ces mains affectueuses et enduites d'huile.
Alors que l'huile de phoque pénètre au plus profond de votre épiderme, le désir se fait de plus en plus brûlant et votre âme, tel un fauve devant un rayon boucherie, explose en un grognement animal et masculin.
Entre vous et Iulia, une lutte acharnée commence pour décider de la primauté et de la dominance de l'acte bestial et reproductif, voué à durer des heures aux quatre coins de la yourte.

Non, vraiment; au final, qu'est-ce qu'on s'en fout des chaînes Facebook !

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