mardi 6 novembre 2012

Taïaut taïaut !


Il y a un temps où les femmes n'avait d'yeux que pour leurs chats.
Dans le métro, une dame se tient sur un strapontin. Les mains soigneusement posées sur ses genoux serrés.
La lumière matinale illumine le wagon, le voyage devient moins pénible, ou en tous cas moins routinier pour tous mais la dame semble ailleurs.
La rame était à l'image d'un zoo et des Black Eyed Peas (ce qui entre nous est la même chose) : des étudiants imberbes et chevelus, des hommes à l'hygiène douteuse, des mamans aux poussettes impressionnantes, des personnes qui confondent bal masqué (ohé ohé) et vie de tous les jours, des gens avec un minimum de classe et d'autres qui n'en avaient aucune. Bref, la faune habituelle du métropolitain parisien.
Mais la dame était d'un autre genre.
Elle, un chignon fermement noué à l'arrière du crâne, portait sur son tailleur strict une broche dorée. Une broche dorée en forme de cor, à croire qu'elle travaillait pour les postes allemandes.
Son regard ne se détachait pas d'un ficus. Assise sur son strapontin, elle avait placé ce dernier sur celui d'à côté et le regardait amoureusement. Heureusement, qu'il n'y avait pas foule, ce ficus aurait pu être le casus belli de certains voyageurs.
Il avait l'air d'un enfant malade. Quelques feuilles jaunies et desséchées alors que son pot était emballé dans un sac plastique de supermarché.
On aurait dit que le ficus était tout ce qui lui restait au monde. Elle ne faisait attention à rien.
Même pas à cet homme qui la fixait depuis son siège. Dans ses yeux, il n'y avait ni lubricité, ni curiosité malsaine. C'est en sortant sur le quai et ses vents froids que je me suis dis que cet homme était peut-être tombé amoureux.

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