mardi 20 novembre 2012

Chapitre XXII : BBQ sauce.


Quand il faut y aller, faut y aller disent les joyeux montagnards; Jack se serait sûrement dit cela si il avait eu le temps de penser (bien qu'il ne connaissait pas grand chose ni à la montagne, ni à ses traditions fromagères et charcutières).
D'ailleurs, y aller pourquoi pas, mais à découvert sur sa petite colline en face d'un énorme dragon perché sur une tour de 25 mètres de haut, cela demandait réflexion. Ce petit moment de flottement dura, malheureusement pour notre héros, un peu trop longtemps.

A peine, le grand dragon l'eut aperçu que ce dernier souffla en sa direction un torrent de flammes façon film de qualité.
Jack eut à peine le temps de sauter sur le côté pour éviter le souffle funeste, qui laissa derrière lui un sillon de cendres long de plusieurs dizaines de mètres. Il évita de justesse le brasier mais dégringola le long de son promontoire comme un fétu de paille.
Si les êtres humains ne peuvent éternuer en ayant les yeux ouverts, la chose est réciproque pour les dragons et autres vouivres lorsqu'ils crachent leur feu ainsi, et heureusement pour Jack, le dragon situé en haut de la muraille ne vit pas Jack à son pied quelques dizaines de mètres plus bas.
Jack rentra donc dans la tour ni vu ni connu.

Le bâtiment était en ruine. Des gravats et une poignée de grosses poutres tapissaient son intérieur alors que des plantes grimpantes semblaient être immobilisées en un jeu de cache-cache à travers les pierres de la muraille.
L'escalier de pierre qui amenait jusqu'aux étages était toujours en bon état, bien qu'encombré par plusieurs squelettes portant soit armures, soit pièces de lin à mi-chemin entre le pagne et le bikini.
Jack aurait bien fantasmé sur une orgie entre cosplayers de Game of Thrones et fans de Princesses Leia esclaves, malheureusement les cris de l'énorme bestiole qui se trouvait sur le toit l'obligèrent à abandonner toute fantaisie mentale.

Au-delà de la porte, une vue imprenable sur la Chine d'un côté et une vue, toute aussi imprenable, sur le dos d'un dragon de l'autre. Le monstre dégageait une chaleur digne de l'enfer et des meilleurs fours à pyrolyse.
Jack ne s'y connaissait pas vraiment en dragon mais en tous les cas, celui là pouvait être directement catalogué dans la section des grosses bestioles.
Il possédait d'épaisses écailles semblables à mille rasoirs. Même dans l'ombre, elles semblaient briller d'elles-mêmes; en des reflets cuivrés, d'or intense ou bien anthracite.
Il remuait la queue de temps à autre en un ample et long mouvement, ainsi Jack pu retrouver l'un de ses amours d'enfance en rapprenant à jouer à corde à sauter.
C'était pour lui un grand moment de joie mais continuer de faire de la corde à sauter avec une queue de dragon n'allait pas durer longtemps. De plus, si jamais le propriétaire de la dite queue s'apercevait de ce manège il n'allait guère être jouasse et compte tenu de sa stature et de sa proximité, Jack n'était pas près de tenter le coup.

Alors, à pas de loup, Jack redescendit à l'intérieur de la tour. Il prit quelque chose près d'un squelette et remonta les yeux fermés. Quand il atteignit de nouveau l'air libre, il n'ouvrit pas les yeux directement.
Il sentait les rayons du soleil et le vent léger sur sa peau, il prit une grande respiration et les ouvrit enfin.
Le dragon n'avait pas bougé d'une griffe, comme si il attendait quelque chose.
Jack reprit une dernière grande bouffée d'air frais et bondit d'un grand saut sur la bête, agrippé des deux mains à son épée.

(A suivre).

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