mardi 22 mai 2012

Syndrome de Stendhal.


Dans un pays merveilleux que l'on nomme la Beauce se tient fièrement le plus imposant des bâtiments intersidéraux (car oui, la Terre ne lui suffit pas) : La cathédrale de Chartres.
Située entre deux mers - la mer de blé et la mer dite de la piscine de Chartres - la cathédrale centenaire écrase le paysage pastoral de sa magnificence (c'est d'ailleurs pour cela que la région est si plate).
Elle rend la vue aux aveugles, elle transforme l'eau en nectar, elle peut rendre Arthur drôle (mais il n'y est jamais allé apparemment) et quand on pense à elle la douche est instantanément plus chaude et la mousse immensément plus onctueuse.

La plupart des visiteurs entrent, font un tour et repartent, comme le ferait un chat entendant l'ouverture du frigo. Certains, pris d'une folie sportive et aventureuse, choisissent de gravir le clocher gothique Jehan de Beauce et de ne faire qu'un avec l'humanité et l'horizon (ou tout du moins avec le vent).
Mais, il existe au sein de cette forêt de pierres et de lumière, un élément unique au monde, que seuls quelques érudits connaissent. Un endroit petit et discret baignant dans la lumière chaude et colorée des vitraux.
Au détour d'un transept, des milliers de personnes chaque jour passent sur/devant ce grandiose détail de la cathédrale : le saint clou.
Il porte en lui à la fois la simplicité christique et toute la complexité de la mécanique quantique.
Tous les 24 Juin, vers midi, la lumière solaire ose rentrer nue dans la mer de pierres en passant par une légère découpe dans le vitrail. Et c'est pendant ce moment éphémère que la main d'Hélios éffleure le clou, aussi rapidement et intensément qu'un baiser d'adieu.

Certains disent qu'il a été planté là pour régler les horloges, d'autres que Michel Sardou lui-même l'aurait planté là pour annoncer sa naissance (il est comme ça Michel!) et que sais-je encore.
Se tenir au-dessus du clou, c'est sentir en soi, l'énergie tellurique de la ligne de force templière, dixit Coco Bel-oeil, aimable mendiant ayant ses habitudes devant ladite cathédrale (note: il ne fournit pas de service voiturier).
En s'arrêtant de longs moments pour chercher le trou percé dans le vitrail, cela risque de déclencher une certaine curiosité chez les visiteurs et peut ainsi leur faire comprendre que chaque recoin peut cacher une surprise (posologie: cette méthode peut s'appliquer partout et à volonté).
Mais la véritable légende n'est-elle pas celle-ci: une ancienne coutume veut qu'un baiser échangé au-dessus du clou apporte joie et chance aux amoureux. Il est certain que les amants éprouvent de la joie sur le moment, pas besoin de saint clou pour ça.
Le clou est à l'image de cette histoire, ce n'est pas ce qui est vrai qui importe, c'est le fait que cela fasse rêver.
Saint clou bleibet meine freude.

(Photo par Nezumi. http://nezumy.blogspot.fr/  Passez lui faire un coucou, c'est un ami).

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