mercredi 16 mai 2012

Chapitre XVIII : Fume, c'est du tibétain !


D'habitude, les hauts plateaux tibétains ne sont pas un lieu d'effervescence. Il y a bien des 'place to be' - Bar-PMU Chez Jampa; Drolma, sortilèges, herbes et accessoires de fêtes; restaurant Au yack tranquille, etc. - mais là, il n'y a avait plus personne.
Jack pouvait voir les villages abandonnés et à semi-brûlés. Il pouvait sentir les habitants se terrer de peur dans leurs maisons. Seuls les vents et les quelques herbes éparses osaient encore se mouvoir.

Pendant cinq jours, Jack et Flavia ne virent personne; à part peut être Madonna qui se "ressourçait auprès de la nature première et des forces telluriques", mais peut-on décemment considérer Madonna comme étant une personne ?
Tous deux ne prirent que peu de repos, enchaînant les cols, les sentiers à flanc de paroi, les steppes.
Plus le monastère se rapprochait, plus ils accéléraient le pas. Ce n'est qu'en vue de Tara qu'ils s'arrêtèrent.
Le monastère n'était plus qu'un château de sable éventré.
Le bâtiment qui constitué son entrée n'était quasiment plus qu'un tas de gravats fumants. L'ensemble, enveloppé dans un léger nuage de fumée, semblait plutôt intacte. Seul le dernier bâtiment, qui faisait office de donjon semblait également avoir été touché. A l'angle du coté nord-est, un trou béant s'offrait à l'oeil de celui qui regardait le dernier étage du monastère forteresse.

Des cours jusqu'aux cellules, des centaines de cadavres jonchaient ses enceintes.
Partout, chacun pouvait voir des traces de lutte; les moines s'étaient battus jusqu'au bout.
Quelques bonnes âmes des villages voisins aidaient ici et là pour aider les blessés ou assister les mourants.
Tant de morts, tant d'hommes sages morts pour rien, tant d'êtres vivants confrontés à la fatalité et l'injustice de la mort...
Dans sa cellule, réduite en pièces, Jack trouva Tenzin (un de ses maîtres) étendu sur le sol entre gravats et morceaux de poutres. Le pauvre n'avait plus que quelques instants à vivre. Son corps avait été gravement touché, mais quand Jack le découvrit, malgré un corps emprisonné en ses derniers soubresauts, son esprit resta aussi brillant et vif:

"Tu ne dois pas être triste... Nous sommes tombés pour la liberté que tu regagneras... pour celle que tu défendras... Ton ami se dirige vers le pont lunaire... C'est au-delà des mystères des Ming qu'il pense trouver sa voie... c'est depuis chacun que le vent tournera; Si ce n'est pour tous, ton action... montrer... vanité. Personne n'est... Brille !"

Le soleil se couchait. Toutes les couleurs existantes se mouraient dans l'ocre et le carmin solaire. Les âmes, les souvenirs semblaient monter aux cieux alors que la brume venue de la terre s'élevait pour rencontrer les étoiles naissantes.
Il était arrivé trop tard pour Tara, mais l'étoile luisait toujours. Son véritable combat devait se livrer aux portes de l'empire du milieu, aux abords du royaume millénaire.
La Chine fera office de dernière confrontation; et l'humanité en dépendra.

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