lundi 13 mai 2013

Chapitre 12 : Triple Distilled Bastard. (numéro XXL)


Le timide soleil bohémien carressait tendrement le visage de Mounika et la tâche de moutarde du T-shirt de Jack Médecin. Hot dog avec alcool, hot dog avec tâches qui collent.
C'est dans ces réveils que Jack se sentait poète. Sous la douche, il sifflotait du Faust :
«Ah, paresseuse fille qui sommeille encore ! Déjà le jour brille sous son manteau d'or...». Sous la douche, il faisait d'autres choses mais restait toujours aussi poète.
Après les ablutions, Jack était en mode DSK : sans peignoir, sans rien.

Elle dormait toujours, un drap douteux couvrant son côté et son entrejambe. Jack, plus poète que jamais, repensait à Li Bai et à la Chine éternelle; sa jambe en équerre surplombait le reste de son corps tel le mont Hua. Jack ne pouvait s'empêcher de penser que ce paysage était en partie grâce à lui, vu comment il l'avait travaillé durant la nuit. Jack Médecin était aussi paysagiste/ terrassier à l'occasion.
Dehors, le soleil jouant avec les pensées de Jack montait également. Ses rayons faisaient les étranges et sombres clochers.
Il semblait faire bon et chaud dans les rues, et donc la bière bien fraîche. Peu importe les belles endormies quand les sources de fraîches petites bulles appellent l'animal assoiffé.


Telle la bête se faufilant dans les hautes herbes jusqu'à sa proie, Jack glissait sur les trottoirs pavés.
Il connaissait Prague comme une vieille amie; il savait pertinemment qu'elle était la vieille amie de beaucoup de monde mais comme on dit au cap d'Agde : "si il y a de la place pour les copains."
Il était tôt, trop tôt; le Hooters n'ouvrait pas avant 3 heures, c'est-à-dire à 17 heures.
A force de tourner la tête pour observer les locales jeunes filles en fleurs, notre héros matinale remarqua une ombre qui le suivait, or si il y a bien une loi médicalo-physique vérifiable et prouvée, c'est qu'on ne suit pas impunément Jack Médecin.
Malgré quelques tramways et plusieurs bars à bières à prix modiques et à filles un peu moins mais tout aussi rafraîchissantes, l'ombre était toujours sur ses talons, s'accordant sur le rythme fluctuant de ses pas.

Il se rapprochait de la place centrale de Prague, Mustek de cheval, son salut allait peut être se trouver là. Sur la place se trouvaient deux voitures de police et leurs officiers tout à côté.
Sans ralentir, Jack se dirigea vers un homme planté au milieu de l'étendue ouverte. Paco, dealer notoire, lui proposa mille et un produits; Jack fit semblant de s'y intéresser pendant que peu il se tournait pour mieux observer son ombre détachée.
Il n'a pas fallu longtemps à notre fier héros pour repérer les vautours qui lui tournait autour alors qu'il désirait simplment boire un verre.
Deux grands bonshommes, lunettes de soleil et blazers bleus électriques, de vrais allemands en vacances. Sauf que à Prague, d'habitude, les vacanciers regardent plutôt l'architecture ou les filles et non un Médecin nonchalant en T-shirt panda. Sans dévier du regard, ou tout du moins de la tête, les deux molosses s'avancèrent vers eux.


Après, la kétamine, la cocaïne et le M.D.M.A., Paco commença à proposer de l'eucalyptus cosmique spécial sniffage mais Jack commença à vite se diriger vers le vieux centre.
Il s'engouffra à toute vitesse dans les ruelles moyenâgeuses  vers un endroit sûr. Le premier endroit qui lui vint à l'esprit fut Le cochon joyeux, un bel endroit où la pinte n'est pas chère, les genoux de porcs gargantuesques et surtout où les membres du personnel étaient des amis.
Jack n'était pas peureux mais sous le soleil de 15h, au saut du lit et sans même une petite bière dans le ventre ses chances de high-kick et de 'Tiger-crush' se trouvaient réduites.
Jack savait être agile et rapide comme un jeune alcoolique lycéen dans une fête Malibu, et les rues étroites du vieux Prague allaient l'aider à semer les gorilles bariolés.

Éviter un touriste, sauter par dessus un clochard, contourner 10 anglais bourrés et beuglant (pléonasme), une petite tape sur de jeunes et délicates fesses au passage; courir au milieu de tout ça relevait de l'exploit sportif, et pas question de s'arrêter à la buvette.
Alors que la lourde masse touristique se levait, la tour poudrière commençait à poindre au bout de la rue. Un  ersatz de John Lennon couinait sur un son maléfique. Non loin du gugus, dans le dédale de ruelles devait se trouver une troupe de jeunes foufous, une demi-douzaine de beuglements résonnaient jusqu'aux oreilles de Jack Médecin.
Il courait toujours, il avalait le pavé sans faiblir, son souffle se faisait plus intense au fur et à mesure que ses pas s'allongaient.
Soudainement, ses muscles se raidirent et il s'arrêta, laissant son souffle comme seul mouvement. Ses yeux étaient fixés sur le dernier étage de la tour: Paulo le Pédalo s'y tenait.
Comme un éclair déchirant le ciel, Paulo tomba.
Comme un sac poubelle que l'on jette par la fenêtre, il tomba comme une pierre. Mais les sacs poubelles ne se balancent pas au bout d'une corde une fois qu'on les a poussés...

Aucun commentaire: