mardi 10 juillet 2012

Le long des quais bétonnés.



Sous la lourdeur estivale porteuse d'orage, une photo d'identité repose dans un caniveau.
Elle gît au fond d'une petite mare, formée par le nettoyage municipal du matin. Entre mégots, saletés et eau couleur d'encre, on distingue un visage anonyme encadré par quatre bandes blanches.
Le regard un peu hébété de la photo d'identité semble s'animer. Le teint granuleux et bon marché de la photographie tranche avec le blanc surexposé; une image oublié que le vent et le soleil effacent petit à petit.
De sa prison de papier sublimé, l'homme chercher du regard chaque passant, alors que l'eau noirâtre et sale le recouvre doucement tel un linceul froid et sombre. Sans crier, le visage insiste:
Que fais-je ici ? Suis-je tombé d'un portefeuille sans m'en rendre compte ?
Pourquoi ici ?
Comme un souvenir que l'on lance à la mer, vers une plage abandonnée.

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