lundi 25 avril 2011

Tu peux crier, t'auras pas de dessert!

Mes chers petits, passons donc un peu en revue les films vus ou revus des dernières semaines par votre aimable serviteur:
Scream 4 (Wes Craven; 2011)
Mon Dieu... Grand fan du premier (un peu moins de deuxième et pas du tout du troisième), cet opus est à Scream ce que le kouign-aman est au régime! C'est gros, c'est boursouflé, y'en a partout, non vraiment, Craven a perdu de son mordant. La critique que le film tente de bâtir est bien molle et éculée.
Il reste quelques bons jeux sur les codes du film de genre mais tout le film est gâté par un humour aussi lourd que le kouign-anman de tout à l'heure; des acteurs nuls, ou bien faisant le minimum vital, et des personnages ayant une profondeur psychologique de litière à chats (même si ils étaient déjà dans les opus précédents).
En tous cas, on retient que Courtney Cox, en plus de mal jouer, devrait plutôt se reconvertir dans un film sur les dangers de l'excès de chirurgie esthétiques. On retient également que finalement Scream ne se renouvelle jamais et garde les mêmes ingrédients sur fond de scénario de plus en plus improbable et ridicule (j'entends là, la motivation des tueurs); sur ce dernier point cet opus est particulièrement ridicule. Bref: 09/20 pour un film d'horreur et 11/20 pour une comédie.

Thor (Kenneth Branagh; 2011)
Thor... Thor est très proche de Hulk: c'est un gros bourrin made in 'maison des idées' qui n'a de profondeur, de finesse et de subtilité que la page de papier recyclé sur laquelle leurs QI de zéro se répandent. Mais qu'en est-il pour le film?
Alors déjà, ça ressemble à une pub Dior ("j'adore!"): y'en a partout: le bling-bling est maître à Asgard. Les scènes de batailles sont incompréhensibles tellement la caméra bouge et tremble pour nous faire croire qu'il y a de l'action; d'ailleurs quand il n'y en a vraiment pas le petit père Branagh aime beaucoup foutre sa caméra de traviole, sans aucune justification. Peut être cela fait-il plus joli mais en tous cas, cela donne un sacré mal de cou.
Après, l'histoire n'est pas si mauvaise si l'on oublie la psychologie zéro des personnages: Thor est un gros con qui tout d'un coup devient hippy et Natalie Portman est tellement cruche qu'elle arrive à dégoûter le fan en rut. Le reste des personnages? Sans intérêt, d'ailleurs on ne se rend même pas compte qu'ils existent.
Si vous devez le voir (mais vraiment si on vous oblige), ne payez pas! N'essayez même pas de le mettre en fond, en vue de conclure avec quelqu'un: ça sera parfait pour faire un son sonore et un film que l'on peut rater car l'on s'embrasse mais votre future moitié risque surtout de s'endormir.

Candyman (Bernard Rose; 1992) Aah Candyman! Le film qui vous empêchera de répéter des bêtises devant les miroirs. Tiré d'une nouvelle de Clive Barker (qui, je le répète pour la millième fois, est un génie!), ce film a marqué des générations de spectateurs.
Si maintenant le film ne distille pas un enchaînement de sursauts et d'effroi, il possède toujours une grande force poétique et une ambiance exceptionnelle: entre ses décors, son héros tragique dans la lignée des Dracula et Frankenstein. Le personnage de Candyman a quelque chose de Shakespearien [d'ailleurs, la phrase qui semble être son mantra ('Sweets to the Sweet') est tiré d'Hamlet: lorsque la reine annonce à Hamlet le suicide d'Ophélia].
Tout comme Dracula l'histoire traite plus d'un amour plus fort que tout plutôt que d'un monstre. Et comme c'est du Barker, cet amour mêle à la fois érotisme, monstruosité, passion et répulsion. Bref, un classique du cinéma d'horreur que l'on ne se lasse pas de voir et revoir.

Coraline (Henry Selick; 2009)

D'après un roman de Neil Gaiman (que je ne présente plus), Coraline, en quelques sortes, est une réécriture d'Alice au pays des merveilles.
L'animation y est extrêmement fluide et la direction artistique n'est pas en reste: les couleurs et décors vraiment d'une beauté saisissante et que dire du somptueux design des personnages qui a su rester proche du style, si particulier, de Dave McKean.
Autre élément de joie: pour une fois on ne parle pas de Burton. Mais si, vous savez le réalisateur qui aime faire des mauvais film depuis 10 ans. Alors que Burton prend tout le crédit de l'Etrange Noël de M. Jack, alors qu'il a écrit l'histoire, fait le design des personnages et surtout plomber le tournage, Sellick reprend ici toute la gloire qui lui ait due.
Bref, un bonne histoire et une réalisation féerique qui plaira aux plus jeunes comme aux plus âgés avec tout ce qu'il faut de féerie, d'humour et de frissons pour passer un excellent moment.



Rainy Dog (Takashi Miike; 1997)

Un film de Takashi Miike. Vous sursautez d'horreur à cette annonce, mais comme je vous éduque gentiment vous vous souvenez que cet homme est tout simplement un dieu. Deuxième film de la trilogie Black Society, Rainy Dog oublie le mauvais goût outrancier et la passion expérimentale de son réalisateur; ici, on trouve le Miike contemplatif (mais pas trop) et sensible qui nous donnera des chef d'oeuvres comme Bird People in China, Dead or Alive 2 ou Les prisonniers du paradis.
Ainsi, nous trouvons de la poésie, de la douceur et un peu de violence esthétisée (oui, les mafieux font rarement des combats de fleurs). La pluie devient même un personnage à part entière dans les rues sordides de Taipei. Comme à son habitude, Miike centre beaucoup sont propos sur l'exclusion avec le héros japonais aphasique ( le film comporte peu de dialogues d'ailleurs) exilé à Taiwan. Le film porte davantage sur la solitude que sur l'histoire d'un tueur à gages qui se voit traquer. Peut être pas le meilleur Miike mais une pièce majeure pour comprendre son évolution.

House of Wax (André de Toth; 1953)

Un très bon Vincent Price qui, comme à son habitude, captive le spectateur et élève tout le film par sa seule présence.
Trahi et laissé pour mort, Price, audacieux sculpteur de cire, tient à se venger et à revenir à sa gloire et notoriété passées, mais depuis l'incident ses méthodes sont devenues quelques peu illégales.
Si l'on fait abstraction de Price et de son génie, le film reste un très bon film d'épouvante (à l'ancienne entendez bien, ce n'est pas Saw, bande de béotiens!). L'atmosphère a gagné un très belle touche rétro avec le temps; je ne sais pas vous mais voir des mannequins dans une pièce semi-éclairée me rassure rarement; on peut y voir une illustration de l'art et de ce que l'artiste est prêt à sacrifié pour lui; on y voit Charles Bronson jeune débutant; le scénario nous épargne des personnages nunuches ayant la psychologie d'un mérou; et enfin un de ses personnages est joué par Vincent Price!
Si, par ailleurs, vous connaissez déjà son remake moderne (titre éponyme avec Paris Hilton dans le casting, qui est en outre pas si mal), sachez que les deux n'ont rien à voir (à part le secret des statues).

Le scaphandre et le papillon (Julian Schnabel; 2007)

Alors, tout d'abord Le scaphandre et le papillon est une histoire difficile (une histoire vraie qui plus est): Jean-Dominique Bauby, rédacteur en chef d'Elle, est victime d'un AVC qui laisse avec un Locked-in Syndrome (comprenez là, qu'il entend et voit mais ne peut que bouger ses paupières pour tous mouvements et communication).
Le film (désole, je n'ai pas encore lu le roman) ne verse pas dans les sentiments faciles et c'est bien ce qui fait sa force envers la plupart des films comportant ce genre d'histoires.
Les acteurs sont excellents (Mathieu Amalric et Maw Von Sydow en premiers) et se mettent entièrement au service du scénario, profond et clair.
Un scénario et une réalisation qui choisissent de plongée le spectateur dans la peau de ce héros qui est enfermé dans sa tête.
Le film est à la fois drôle, émouvant, poétique et, surtout, il est léger comme un papillon. Il est une expérience à voir ou plutôt à ressentir.

Paprika (Satoshi Kon; 2006)

Satoshi Kon n'est malheureusement plus mais pourtant son oeuvre perdure: Black Swan a allégrement pompé sur Perfect Blue (âprement, il est interdit d'évoquer cela en conférences de presse et interview), et Inception s'inspire de Paprika (bien que là, Nolan ait totalement reconnu cela).
Résumer Paprika n'est pas chose aisée car tout le film n'est qu'un rêve sur les rêves: une machine pour rentrer dans les rêves a été volé et les rêves deviennent dangereux et commencent à envahir la réalité. Même si l'histoire peut sembler compliquée au premier abord, surtout quand les rêves se rencontrent, mais il n'en est rien. La trame reste incroyablement claire. Le film foisonne d'idées et de références, le tout superbement mis en scène par une animation et un graphisme époustouflants.
Paprika est tout simplement un grand rêve lumineux et éveillé, qui ravit l'oeil et l'esprit. Il est comme une bouffée de joie et d'optimiste (bien que le film ne le soit pas foncièrement).
Oeuvre testamentaire de Satoshi Kon, Paprika est un chef d'oeuvre de l'animation qui hisse le genre au même niveau que les plus grandes pellicules du septième art.

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