Elle était arrivée dans sa vie comme un sourire sur un client de maison de retraite. Elle est partie sans qu'il ait eu le temps de s'en rendre compte. Comme si elle était simplement sortie...
Sans réveil matin, il prit vite conscience en ouvrant les yeux d'une autre réalité; une réalité plus physique. Il était bel et bien réveillé, et rien n'avait changé, ou presque.
La grande machine de cuivre, de tuyaux et de verre était toujours là, intacte. Elle ne se trouvait plus dans la salle voûtée d'un manoir mais une pièce semblable en proportions.
Une drôle de pièce en métal. Elle ressemblait à la verrière du Grand Palais.
Nicolas se rendit vite copte qu'il n'y avait aucune issue. Pas une porte, pas une fenêtre, ni même la moindre fissure.
Il n'y avait rien, hormis cette lueur bleutée et tout ce métal. Tout ce froid. Ce froid pourtant si vivant avec le courant bleuté dansant au sein de la machine.
Ne sachant que faire, Nicolas Brandebris resta plusieurs minutes, prostré contre la machine. Son ronronnement allait et venait comme les vagues sur le sable opale.
Il voulu la détruire, empoigner quelque chose serré jusqu'à rompre ses tendons et accompagner avec sa force et ses cris l'objet se fracassant contre la bête mécanique.
Mais il n'y avait rien autour, seulement le vide et le ronronnement bleuté. Et cette lueur...
Nicolas resta longtemps assis. Les pensées, les souvenirs se bousculaient en une farandole vive et insaisissable.
Il crû voir Noëline au bout de la pièce. Dès qu'il se levait et tentait de s'approcher, elle disparaissait pour réapparaître à l'autre bout. Pris dans un délire, Nicolas couru dans tous les sens, jusqu'à heurter de plein fouet la paroi. Sous le choc, il lança ses poings contre le métal.
Après plusieurs assauts, ses poings se détendirent et tombèrent le long du mur alors que les larmes commençaient à s'accumuler dans ses yeux.
Sous se doigts quelque chose lâcha. Une porte s'ouvrit.
Devant lui, l'immensité première. La porte de la pièce donnait sur un couloir orthogonale tout en verrière. Sur les côtés les seules portes visibles semblaient loin, très loin. Devant lui, au-delà de la vitre, se trouvait un paysage aride. Tout semblait si calme, tout était si beau. Sous les étoiles, des dunes et des plaines s'enroulaient comme des amants entre les cirques.
Toute cette vaste étendue perdue au milieu de rien. Le fait d'être rien, Nicolas faisait l'apprentissage de la remise en question de notre condition. D'un regard, il englobait à la fois tout , et à la fois rien. C'est ce qu'il était.
Il ne savait qui regardait qui. Qui du paysage ou de lui absorbait l'autre avidement ? Le désert l'aurait dévoré de suite si il n'y avait pas au loin cet élément.
Au-delà de l'immensité blanchâtre se trouvait une sphère bleue, une boule aux couleurs rassurantes dont l'image enfantine et scolaire qu'en avait Nicolas venait de devenir réalité...
(A suivre)
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