lundi 11 février 2013

Jack Médecin, chapitre 11 : Entrée des artistes, sortie des guignols.


L'ambiance et le café étaient chauds, cela tombait bien car Jack Médecin aussi.
Au Carioca, le cocktail était peut être à 180 couronnes mais par contre on en avait plein la vue : filles de rêves en petite tenue, pole dance de haute volée, courbes de reins à tomber par terre, lithographies victoriennes et cariatides dorées à chaque porte.
Une véritable soirée Ferrero, les putes et l'alcool en plus.
La barmaid lui avait dit que Papa Gueno était absent aujourd'hui, ainsi c'était le signe rêvé pour commencer une soirée en forme de tournée des grands ducs.

Dans un des canapé en velours vermillon, Jack sa pinte de B52 pendant que Mounika (véritable nom tchèque : Monica; nom de code : Booboobs ) se donnait à ses yeux aux lueurs animales.
Des dizaines de filles dénudées se déhanchaient langoureusement sur de la musique ringarde; la seule chose qui distinguait le Carioca d'une véritable boîte de nuit française était le fait que les filles sont payées et ne sont pas là que pour se faire remplir la cavité vaginale de foutre.
Le jeu de lumière passant du vert sapin, au fuchsia, tout en passant par le rouge sang commençait à souligner la légère sudation de Jack Médecin. Chaque gorgée de son cocktail se déroulait dans sa gorge comme un douce coulée de lave, un chaud réconfort faisant échos à Mounika. Chaque mouvement, chaque regard d'elle embrasait l'esprit de notre héros. A côté des idées qui se bousculaient en lui et des flammes qui tourbillonnaient dans ses pupilles, la chaleur infernale qui régnait dans son pantalon ,'était rien, tout juste une coquillette Panzani dans un verre d'eau tiède.

Mais, un nouvel arrivant dans le sublime chant de vision allait bouleverser cette superbe chorégraphie d'un goût très prononcé.
René le grillager arriva blême, soutenu par son beau-frère, Paulo le pédalo.. Souvent la police praguoise et l'association nationale des sculpteurs de grillages de poules lui faisaient des misères pour son mercantilisme outrancier. Il est vrai que pour traîner sur les terrasses de bars avec sa camelote, il était pas dans le dernier wagon.
Jack fit signe à Mounika d'aller se reposer quelque temps en lui tendant, tel un vrai gentleman, un billet de 2000 couronnes.
René semblait vraiment malade, comme un jeune foufou revenant d'une soirée du XVe ou des alentours de la rue du Louvre. le genre d'animal boiteux et faiblard que les lions chassaient quand le troupeau fut passé et la bise venue.
En l'examinant de plus près, soit René ne savait pas pas ranger correctement un couteau, soit quelqu'un l'avait poignarder au ventre.

Ce bon vieux René avait dû finir par vraiment énervé quelqu'un à force de fourrer son nez et ses doigts sales partout, et pas que pour des productions cinématographiques pour public majeur.
Paulo le déposa, enfin le laissa tomber, sur le divan puis alla au bar laissant les deux vieux amis à leur discussion. Enfin, discussion était un bien grand mot. Jack était un peu rond comme une barrique donc son élocution était quelque peu bancal - comme lui même si jamais il se mettait debout - mais le chapeau revenait à René. Seul un filet de voix quasi-inaudible sortait de sa bouche , avec un peu de sang en supplément.

Pour résumer la longue et difficile conversation, Paulo le pédalo devait rejoindre René sur le pont Saint Charles. Il le vit de loin, lui faisant signe mais le temps d'arriver à lui et de slalomer entre des nuées de touristes, René était appuyé contre un mur tentant de retenir avec une main les filets de sang qui quittaient sa blessure.
René jura n'avoir pas vu, ni même vraiment sentit, ce qu'il s'était passé.
L'esprit de René commençait à partir tout doucement, tout comme certains clients ayant aperçu le bestiaux affalé sur le divan.
Seuls quelques mots murmurés viennent clore cet échange des plus volubile : "Krasucki, sais... Te chercher... Te tuer... Maman..."

Le Carioca étant une boîte sérieuse, les molosses attendirent la fin de la confirmation pour virer manu militari René et son beauf. Les divans avaient beau être de velours rouges, les tâches de sang faisaient du plus mauvais genre; les clients pourraient croire qu'elles seraient issues des danseuses.
Jack Médecin ne savait par où commencer pour régler son compte à Krasucki mais si ce dernier s'attendait à le voir rentrer à l'hôtel était trop risqué désormais. Heureusement, Mounika finissait son service dans peu de temps et Jack avait encore pas mal de gros billets sur lui. Il attendis qu'elle se rhabille en fumant une cigarette dans la nuit praguoise, dans une rue aux pavés usés sur lesquels défilait en titubant la jeunesse d'Europe.
Mais c'était sans savoir qu'assis sur la terrasse chauffée du trottoir d'en face un homme l'observait attentivement : Don Kibboutz.

(A suivre)

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