vendredi 14 décembre 2012

Accroche-cœur.


Avant tout, une petite illustration musicale : Depeche Mode - Halo.

Etant jeune, tu es un peu fleur bleue (même si tu aimes le cacher derrière des litres d'alcool et de forts vomissements de fin de soirée); tu aimes toutes ces petites histoires d'amour que l'on te propose à la TV entre Belle toute nue et Qui veut épouser mon fils?
Tu apprécies ces récits simples où un jeune homme Colgate aime une jeune femme Vidal Sassoon; de là ils décident d'acheter une niche pour un futur animal de compagnie et une autre pour une future vie de famille. D'ailleurs, on ne le saura jamais comment ils feront cette famille car ces romances sont aussi sexy et sensuelles que le rayon soupe d'un supermarché de proximité.
Bref, c'est bien joli tout ça, jeune romantique, mais n'en as-tu pas assez de toutes ces comédies romantiques formatées dans le moule de l'ennui du dimanche soir ?
Coup de foudre à Brooklyn, l'amour au bout de la rue, mon voisin prince charmant, Coups de foudres et pizzas pepperoni, Plombier mon amour, etc. Mon clavier baille déjà...
Et si ton blog préféré te proposait une autre vision de l'amour (non, pas celle de l'internet avec des gros plans et tout plein de bruits animaux); une sorte de trilogie de l'amour absolu ?
Un amour qui va au-delà de la mort, du destin, des conventions et des autres. L'essence même du romantisme en somme.

Dracula (1992, Coppola).

L'ami Francis a réussi à redonner à Dracula toute son origine romantique. Cet homme qui se damne par chagrin et ne cherche à travers les âges qu'à retrouver son amour perdu. Ah c'est sûr, ça te change de Julia Roberts et de sa technique "excusez-moi vous n'auriez pas sucre" pour draguer le voisin de palier avocat ou chirurgien; quand elle n'est tout simplement sur le trottoir.
De plus, le film est tout simplement magnifique, les acteurs sublimes et l'adaptation brillante. C'est ce qu'on appelle du 'Cinéma', alors que Pretty Woman on appelle cela de l'ennui.
Chaque plan est chargé d'érotisme et de l'opposition entre les sentiments et le destin et la rage qui en découle.
Dracula, c'est l'amour dans sa beauté intellectuelle. C'est l'amour qui transcende le temps et la mort; il transcende par ailleurs les conventions ( n'oublions pas que cet érotisme se situe pendant l'époque victorienne, mais je ne ferais pas de cours là-dessus). C'est également une réflexion sur l'attirance et l'amour  de interdit.

L'empire des sens (1976, Nagisa Oshima).

Oui, il y a quelques scènes un peu olé olé, mais bon le film est tellement beau visuellement que ça passe tout seul.
Quelques plans avec des poils autour sont loin d'être vulgaire. Me dites pas que vous ne trouvez pas Meg Ryan vulgaire quand elle simule au restau !
L'histoire est celle d'une passion entre deux êtres, qui vont s'y abandonner jusqu'au bout. Plus rien n'existe au-delà de leur amour, ils ne vivent que pour eux, leur sentiment et leur sensualité. Oui, ce sont de vrais amoureux; du genre qui copulent un peu partout dès qu'ils le peuvent alors que Reese Witherspoon préfère organiser des soirées Tupperware avec ses copines tous les mercredis et emmener son 'boyfriend' au ciné les jeudis.
Ce film n'illustre pas le coup de foudre pour son voisin de palier descendant les poubelles, ni l'amour naissant pour votre patron qui aime vous insulter de "gourdasse à foutre" en réunions et tout ce genre de clichés; non, il illustre la passion dévorante, et charnelle qui peut dévorer les êtres. Un amour aussi bref et intense qu'un feu de joie.
Tout comme Beethoven en musique, cette histoire est la plus humaine des histoires d'amour.

Sid et Nancy (1986, Alex Cox).

Oubliez donc le sourire chevalin de Sarah Jessica Parker et le visage difforme de Renee Zellweger censés vous rassurer sur votre physique.
Ici, le film nous narre la plus grande histoire du mouvement punk : l'amour entre Sid Vicious (bassiste des Sex Pistols) et Nancy Spungen (groupie et junkie).
L'amour entre deux êtres paumés qui n'ont que l'un et l'autre comme unique repère.
Leur histoire seule résume ce que le punk a pu être : quelque chose de fort, de passionnel, de désespéré; une aventure dont la seule issue possible est l'explosion en plein vol.
C'est quand même bien plus romantique - dans le sens littéraire, bien sûr - que Hugh Grant et D'Arcy se donnant des baffes dans un immonde décor rempli de neige avec de la musique has-been en fond !
Ce n'est pas une idéalisation de la rencontre et de la vie amoureuse, ni sa caricature, mais sans être l'histoire de chacun, elle vibre et résonne en nos vies aseptisées et/ou normalisées.
Et puis merde, c'est Gary Oldman qui joue (merveilleusement) !

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