dimanche 23 février 2014

Cindy (7e partie)

Héhé, grosse rigolade.
Mes amis, mes chers, mes doux amis, je sais que vos esprits mélomanes l'ont longtemps attendu mais reprenez forces et sourires car elle est là : la suite de Cindy, cendrillon du ghetto.
Nous allons enfin plonger dans l'acte II et dès les premières minutes, le ton est donné : aucune chanson ne dure plus de deux minutes; nous avons donc un concentré de médiocrité et d'horreur. Cindy, le pulsar de la ringardise. Bref, c'est toujours aussi grandiose. Mais ne perdons pas de temps et aventurons-nous sans plus attendre de nouveau dans ce monde féerique.

Ricky déchaîné se touche la nouille.
Premier extrait pour tes oreilles.
L'acte II commence avec une somptueuse musique de guitare, dont les notes et le ton font penser à un sympathique pique nique de jeunes amateurs de bières peu chères sur les abords d'un parking de supermarché. Cindy est toujours là, et il faut dire qu'on ne la voit pas au premier coup d'oeil tellement le poster de Ricky derrière elle est ignoble : photo peu flatteuse, couleurs criardes et festival du gros pixel.
"Ce bal maudit/ que j'ai fui/ sur les douze coups de minuit" Décidément, le deuxième ne baisse bas les bras au grand concours des rimes simples et affreuses.
"Cindy loves Ricky/ Mais Ricky aime-t-il Cindy ?" Plus qu'une comédie musicale, Cindy 2002 c'est également une réflexion profonde et nouvelle sur l'amour. Ce qui se confirme quelques lignes après : "mais attention, je te préviens : si tu m'aimes/ il faudra que tu m'aimes pour moi même."
"J'ai l'impression d'avoir commis comme un hold up/ d'avoir volé ton coeur au revolver" Non mais qu'est-ce que s'est que cette histoire de hold-up ? C'est censé se dérouler en banlieue du coup on sort les clichés ? Belle mentalité !
D'ailleurs, entre deux idioties braillées la jeune gourdasse se fait visiblement chier et n'arrête pas de faire des aller-retours sur scène, en lançant de temps à autre un léger sourire au public, mi-timide mi-molette.
Et voilà qu'arrive le grand moment de cette chanson : niveau scénique et niveau dialogue, of course.
"Envoyez une armée de tagueurs écrire en graffiti sur les murs de la vie : Cindy loves Ricky.
Lâam beugle en faisant semblant d'y croire, vraiment seule sur scène, avant de finir dans une position que ne renierait pas l'association des gentils proctologues. Et au passage, on ressort quelques clichés de jeunes avec les graffitis; mais on le remarque tellement le passage des "murs de la vie" nous subjugue.

Merci, Ricky et Michel.
Deuxième extrait pour tes yeux.
D'ailleurs, cette position tombe plutôt bien car la suite arrive en s'ouvrant sur un magnifique fond musical digne des plus beaux (et pauvres) films de cul.
Les deux soeurs arrivent vers Cindy qui passe la serpillière. Toujours affublées d'horribles costumes lila, elles ressemblent désormais à des personnages des Mille et une nuits version destockage chez Tati Roumanie. Bien qu'on commence à voir du cuisseau et du décolleté; ce n'est jamais négligeable.
C'est un - atroce - dialogue musical qui suit, où notre souillon préférée vocalise sur des "et elle ?" et des "et lui ?".
Sans vous faire subir les rimes atroces - si, plus encore que d'habitude; c'est possible - en gros Cindy demande comment était le bal et que le priapique père Rickounet a fini la soirée avec une princesse orientale. Quel monde cruel.
Un bel exemple d'ironie tragique; Sophocle, tu peux aller te rhabiller. Cindy pense que ses soeurs parlent de quelqu'un d'autre alors qu'il s 'agit bien d'elle. Par contre, ne pensez surtout pas que cette histoire ira plus loin que ça.

Tout est dit...
Troisième extrait pour ton cerveau.
Le plus beau du piano façon Pascal Obispo agrémente des ralentis des danseurs gigotant du jambon avec leurs costumes premier prix des salons ras des fesses.
Puis arrive la guitare ringarde; on pense voir arriver Guns and Roses ou bien Dousseur de vivre mais c'est seulement Ricky qui s'offre à nous.
Une danseuse passe dans le vide attachée à une corde en tournant sur elle-même. Elle doit sûrement représenter la femme tentatrice et matrice des désirs et des passions, mais nous ne voyons qu'une pauvre femme qui pendouille mollement dans ce grand vide scénique et intellectuel.

Devinez lequel se sent le plus seul.
Et là, on touche le chef d'oeuvre mes cocos ! On en comprend pas un broque de ce que dit l'ami Ricky- enfin si peu. On comprend KO et que c'est la faute des femmes, en gros.
"Pourquoi faut-il se cacher pour pleurer , " revient souvent, et bien que les oiseaux se cachent pour mourir Ricky se fait de fait le chantre de la masculinité affirmée et de la réflection moderniste sur la célébrité et son aliénation. D'ailleurs, à propos de cacher Ricky à oublié de couvrir ce sein que l"on ne saurait voir; mais bon que voulez-vous : quand on a la classe...
Mais pourquoi il doit toujours gesticuler comme ça ? Il le pense peut être mais ce n'est pas sexy; au mieux on pense qu'il a envie de vite délester sa vessie, au pire il passe pour un gros pervers.
Et en plus, il fait "wao hoho" comme un chanteur de RnB en veux-tu, en voilà.
Et pendant que notre Ricky national braille son charabia de jeune Werther, les danseurs nous offre en-dessous une très belle chorégraphie en forme de partouze dont les accents rappellent le travail d'un enfant de trois ans saoul. Oui, tout ceci est illégal.

La classe, la vraie.
Quatrième extrait pour ce qui marche encore.
Pour poursuivre, le joyeux producteur vient faire le récit de son enquête au chanteur chevelu. En résume, il est aux fraises et propose de faire une audition pour la retrouver; et bien sûr ça sera une audition de gigue... Donc Ricky va auditionner pour son nouveau clip suite à quoi il déclare : "Je retourne à mes racines". Là, c'est vraiment pour meubler et faire une rime car on se souvient que ses racines sont dans le montrage de derrière dans les bars de Manchester. Bref, rien de bien folichon dans cette scène où même la vulgarité de Ricky ("Je m'en fous, retrouve-moi la fille!") ne nous choque plus.
Une musique au accent orientaux - enfin aussi oriental que le taboulé Garbit - fait office de liant dans cette grosse soupe ( j'ai même envie de dire souplette) bien épaisse; j'ai bien dit aux accents car sinon elle ressemble plutôt à un spot de cinéma de province pour la boutique de Jean-Michel Robinet, le spécialiste de la cuisine équipée à Vierzon.

Il y en a au moins une qui maîtrise un brin le tendu.

Cinquième extrait pour le plaisir.
La belle mère revient avec la même musique qu'au début; oui, chez Cindy on se fait pas trop chier niveau créativité - et je ne parle même pas de qualité.
Bon, Cindy doit apprendre la gigue à ses belles-soeurs. Voilà-voilà.
Sublime moment de la comédie musicale : la fameuse gigue - avec laquelle on nous rabat les oreilles depuis le début - est enfin dansée. Cindy qui danse celle-ci, c'est un peu comme regarder les monceaux d'algues verdâtres portées par l'écume sur la plage, ou bien voir danser devant soi un gros morceau de pâté de foie.
A la fin, tout le monde danse en même temps; sans sens du rythme ou de la coordination, on assiste alors à un spectacle digne des plus belles basse-cours.
Une prestation que l'on peut considérer comme filée puisque juste après la joyeuse troupe des danseurs ratés débarque et se mettent à gesticuler dans le même esprit sur cette musique qui commence vraiment à devenir très, très, énervante. C'est le début de l'audition.
Mais, mes doux amis, reposons nos âmes, nos iris et nos oreilles à vif et nous reprendrons notre merveilleux voyage très prochainement. En plus, je ne dit rien mais ça va être grandiose avec notamment la fameuse rave party. Vous pouvez faire confiance à Cindy.

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