lundi 19 septembre 2022

D12

 


Des années ont passé depuis ce départ et puis des années encore... J'ai écrit souvent à Detroit et puis ailleurs à toutes les adresses dont je me souvenais et où l'on pouvait la connaître, la suivre Molly. Jamais je n'ai reçu de réponse.
La Maison est fermée à présent. C'est tout ce que j'ai pu savoir. Bonne, admirable Molly, je veux si elle peut encore me lire, qu'elle sache bien que je n'ai pas changé pour elle, que je l'aime encore et toujours, à ma manière, qu'elle peut venir ici quand elle voudra partager mon pain et ma furtive destinée. Si elle n'est plus belle, eh bien tant pis! Nous nous arrangerons! J'ai gardé tant de beauté d'elle en moi et pour au moins vingt ans encore, le temps d'en finir.
Pour la quitter il m'a fallu certes bien de la folie et d'une sale et froide espèce. Tout de même, j'ai défendu mon âme jusqu'à présent et si la mort, demain, venait me prendre, je ne serais pas, j'en suis certain, jamais tout à fait aussi froid, vilain, aussi lourd que les autres, tant de gentillesse et de rêve Molly m'avait fait cadeau dans le cours de ces quelques mois d'Amérique
.

Louis-Ferdinand Céline; Voyage au bout de la nuit

vendredi 16 septembre 2022

Incipit



(Premières lignes d'un projet de roman aujourd'hui arrêté.  D'ailleurs, ces lignes n'avaient pas été retenues sur la version la plus avancée de 67 pages) 

Le temps était clair, les jupes courtes et le café chaud. Come tous les jours de printemps, j'allais siroter des verres en terrasse après des heures de sommeil sur les strapontins en chêne armé de l'amphi.
D'interminables heures de droit fiscal, droit des sociétés, droit du commerce etc. Des milliers de chiffres t d'alinéas exposés au milieu de petits bourgeois aux culs et aux lèvres bien serrés.  J'avais beau m'habiller comme cette masse lointaine et impénétrable, mes vrais plaisirs restaient les bande-dessinées et les jeux vidéos de mon enfance.

Ce jour-là, je lisais Jean-Jacques Rousseau. Non pas pour la culture ou le style mais parce que j'avais appris que Noëline - ma voisine de cours de droit constit' - adorait les week-end à la campagne. Entre deux descriptions de fougères, j'appréciais mon café tout en jetant un coups d'oeil aux jeunes filles en fleurs.

Ce fut au milieu du Contrat social et de touristes américains qu'elle m'apparut.
Dans mon souvenir, c'était un vrai film pour adultes avertis : ses cheveux bruns et ondulés flottaient dans les volutes des pots d'échappements. Sa fine robe d'été suivaient le mouvement ondulant qui  partait de ses hanches et se terminait le long des se jambes graciles. Son sourire et son regard se tourna vers moi. Mais ils glissèrent sur mon espoir tel le postier qui laisse un avis de passage sans avoir sonné et elle traversa le boulevard avant de rentrer dans la fac. 

mardi 13 septembre 2022

Luit comme un ostensoir


 

Il y avait du monde ce soir là. L'invitation ne disait pas combien de personnes seraient là. Sur la carte, il y avait sobrement : "Vous êtes tous invités samedi xx à xxH00 à la salle xx. Cela fait longtemps que l'on ne s'est pas vus mais j'espère vous y retrouver. J'ai hâte de vous voir. Très affectueusement. Votre Marthe."

Dans la salle de réception privatisée, une petite musique se glissait entre tous les invités. Les fontaines à vin trônaient en podium sur le buffet du salon. Comme disait Marthe, c'était la sainte trinité ; blanc, rouge, rosé. Les différents buffets n'étaient pas en reste. Seule Marthe n'était pas encore là.

Marthe était la bonne âme de mon enfance. Comme avec tant d'autres enfants du quartier, elle m'avait appris la musique sur son piano, elle m'avait écouté, elle m'avait hébergé et nourri quand il l'a fallu. Elle fut cette présence bienveillante qui réchauffait le coeur et montrait comment lever les yeux vers l'avenir.

Il n'y avait pas d'adulte dans la salle. Nous avions tous entre trente et quarante ans. Je reconnus plusieurs camarades de l'école ou du quartier. Nous avions tous reçu le même carton d'invitation. Nous eûmes le temps de ressasser les souvenirs et, pour certains, de nous retrouver.

Alors qu'il n'y eut plus  de nouvel invité, un homme vînt vers nous depuis l'arrière salle, micro à la main. Il ne se présenta pas mais nous invita à nous regrouper vers lui alors qu'il découvrait un grand écran mobile. Silencieusement, il s'effaça alors que les lumières se turent et que l'écran s'illumina. Une vidéo se lança et Marthe apparût souriante alitée dans une chambre d'hôpital. Son sourire était toujours le même. Il me fit presque oublier le choc que me procura la vision de ce décor.

-Bonjour à tous. J'espère que vous profitez bien de la soirée. Je sais que vous m'attendez tous mais aujourd'hui cela ne sera pas possible pour moi d'être avec vous. Je ne sais quel jour ça sera exactement mais voilà, j'arrive au bout du chemin. C'est de la faute à personne, c'est comme ça. Il faut bien que tout s'arrête un jour. Si vous me voyiez, c'est que je suis déjà partie pour une autre lointaine aventure.

Le silence s'abattit comme le couteau sur l'agneau innocent.
Les coeurs se gonflèrent au plomb tandis que les larmes naissantes entraînaient les visages vers la terre le long de leurs courses. Aussi lourdes que leur chute fut, la vidéo reprit et le sourire de Marthe leva le front de tous.



- Ne vous en faîtes pas pour moi. Tout va bien et surtout tout ira bien. Il ne pourra pas en être autrement. Quoi qu'il advienne, tout se passera toujours bien, c'est ainsi que marche le monde et la vie. On avance toujours et encore. Mes enfants, j'ai toujours mis un pied devant l'autre et surtout, comme vous le savez, lorsque mon pas pouvait en aider d'autres. Aujourd'hui, je suis arrivée au bout de mon chemin. Il le faut bien.
Ne soyez pas triste pour moi, et soyez le encore moins pour vous. J'ai tout vécu et j'ai tout aimé. Je sais bien que ça ne sera pas facile au début mais vous vous élèverez tout de même au-dessus de ce petit nuage gris. Dans les autres moments qui viendront obscurcirent votre sentier, j'espère que vous penserez à moi pour vous apporter cette petite chaleur qui vous manquera. Je ne sais pas s'il existe un au-delà ou un je ne sais quoi, mais sachez que quoi qu'il arrive, je serais près de vous et veillerai sur vous comme je l'ai toujours fait. 
Je vous embrasse très fort. Je vous remercie pour toute la joie que vous m'avez apportée et n'oubliez pas que mon amour vous étreindra tout au long de votre marche. Je vous aime.

On répandit ses cendres dans la soirée avec sa musique préférée, sans pleur ni gémissement. La fine poussière s'éleva vers le ciel étoilé. Nous ressentions sa chaleur nous épauler en une dernière étreinte. Son sourire se fondit dans les astres paisiblement, nous laissant retrouver le son des grillons environnant.
Le ciel était clair et l'éther lumineux. S'ils n'étaient heureux, les coeurs étaient allégés.
Chaque année à cette même date, nous nous retrouverons.

(Image par Tim Sale (One and only!) - DC Comics)

dimanche 11 septembre 2022

Interlude



A l'ombre des salles de classes en fleurs. 

Mignonne, allons voir si la porte de sortie,
Pendant le bac ne sait pas endormie.
Dans la salle, toutes ces cartes bariolées
Illuminant tes yeux comme mille souvenirs d'été.
Tu ne peux entendre la mélodie qui berce mes oreilles
Mais tu as en récompense les sourires des autres élèves.

En te voyant travailler dans ce chatoyant palais
Mon transport s'enflamme et je me mets à rêver.
Mais arrêtons de songer, mignonne;
Soyons fous et unissons-nous !

Tous deux avec nos sacs de cours comme atours
Et ouvrons grand les portes de youporn et de l'amour!
Ensemble, faisons vibrer ces murs gris
Au rythme des intercours et des fortes sonneries.
Elevons-nous au-dessus de cette horrible prison.
Et voguons vers de nouveaux horizons, mon petit patapon ! 

jeudi 18 août 2022

1950

    



 Cependant, à mesure que s'imposait davantage à mon souvenir l'image de ce qui avait été pour moi la Beauté, l'ombre se voyait rejetée en arrière, comme un fond sur lequel pût à loisir se dessiner mon mirage. La noire silhouette dissimulait tout entier dans ses formes ce qui pur moi était le Beau. Grâce aux puissances du souvenir, de fines parcelles de Beauté se mirent à jaillir, à scintiller dans l'ombre, une seule d'abord, puis une autre ; et puis il y en eut partout. Finalement, dans l'éclairage de cette heure étrange dont on ne sait si elle est jour ou nuit, le Pavillon d'Or, par degrés, se précisa jusqu'à se découper, étonnamment net, dans le champ de mon regard. Jamais comme à cet instant sa fine silhouette ne m'était apparue si parfaite, si lumineuse jusqu'en ses moindres replis. C'était comme si j'avais acquis le sens aigu des aveugles. La lumière émanée de lui donnait au Pavillon d'Or de la transparence ; à ce point que, même de loin, je distinguais les anges musiciens peints sur le plafond du Chôondo, ou les restes de vieille dorure sur les murs du Kukyôchô. L'élégante façade formait avec l'intérieur un tout harmonieux et indissoluble. 

Mishima Yukio; Le pavillon d'or (Kinkakuji); Gallimard collection folio, 1981 : p.364-365

dimanche 14 août 2022

La cigale et la marque pouce





Salut à toi, ami/e égaré/e sur les plages de l'internet worldwide. 
tu sais, il y a des mystères qui perdurent à travers les âges. Certains se résolvent avec le temps et la science, et d'autres se fondent dans l'oubli. Mais d'autres se révèlent être volontairement oubliés alors qu'ils resurgissent dans notre quotidien avec ténacité et - il faut le dire - désespoir.

Ainsi, sans que tu puisses t'en souvenir, tu t'es toujours demandé :

Pourquoi les vacances d'été durent-elles si longtemps ?

Le savoir est oublié mais les écoles sont construites sur d'anciens temples païens à l'histoire sanglante. Tous ce savoir interdit dort sous nos institutions. Sous le béton, des couloirs obscures aux murmures infâmes hibernent.
Toute l'année, les abysses cachées sous le hideux décor de l'Education Nationale se nourrissent des hormones et des émotions de notre jeunesse exaltée.

Imaginez un peu. Tous ces pensées en ébullition. Toutes ces émois tournées vers l'autre et le monde extérieur. Ces désirs de sentir l'autre avec et contre soi. Ces mêmes pensées contrariées par des sentiments à sens unique. Cette envie de s'envoler loin de sa ville natale, de se propulser vers l'avenir et bien sûr, cette angoisse face à cet avenir bien trop vaste.

Bref, un maelstrom d'émotions pures. Voilà de quoi se nourrissent les esprits qui, larvés dans les entrailles, attendent leurs retours. De septembre à juin, ils se gavent de tout ce que la jeunesse pourra leur donner. C'est en juillet - août que la limite est atteinte et les entités peuvent revenir à la surface si ils reçoivent encore leurs doses d'émotions. On vous a fait croire que l'école est fermée l'été à cause de la chaleur ou de la moisson, mais la vérité est ailleurs. La chaleur agit sur leurs êtres impies, c'est pourquoi les deux mois les plus chauds de l'année sont une menace pour le monde.

Voilà pourquoi, les jeunes, il ne faut jamais aller s'aventurer au-delà des grilles des écoles/lycées durant les vacances d'été.  Vous vous ferez dévorer et le mal se répandra sur la Terre. 
Non vraiment, reste chez toi, joue a la console et vas à la piscine municipale si tu veux ressentir de l'hormone.

jeudi 4 août 2022

Au loin

 



Chaque matin, lorsque Charles se réveillait, un monde nouveau s'ouvrait à lui. Sa chambre était lumineuse et calme, été comme hiver. De son lit, il pouvait voir le jardin en contrebas s'étendre à travers les feuillages.

A côté de lui, posé sur la table de nuit, un livre de facture ancienne. Il n'avait plus sa couverture souple ornée de couleurs délavées. Charles pouvait voir à sa reliure que le livre avait quelques décennies avec son ton bleu pastel, imitation tissage. L'auteur ne lui disait rien, le titre non plus d'ailleurs : La crique aux tortues par W. H. Parker.

Il s'imaginait déjà sur une île tropicale au bout du monde et des océans. Le jardin au-delà des vitres était fait d'herbes tondues, de buis et de frênes, Charles le savait : cette crique ne pouvait qu'être loin d'ici. Il pouvait sentir le soleil irradiant réchauffer sa peau légèrement plissée et rugueuse sans même fermer ses paupières. Abrité à l'orée de la mangrove, le son des vagues se répandant sur le rivage apaisait l'insidieuse moiteur à laquelle il n'était pas habitué. Il savait que par delà quelques pages et la crête au loin, il allait sentir le rhum et sa sucrosité ensoleillée au détour d'une taverne à la façade rongée par les embruns. Il voyait déjà le port fait de planches blanchies par le soleil, de baraques branlantes et sombre le long desquelles déambulaient des matelots aux allures équivoques.

Dès les premières pages, Charles se voyait en Thomas Bucket, le jeune mousse qui s'était vu offrir une place sur le Princess Virginia un soir d'automne.

Chaque jour, Charles retrouvait un monde d'aventures entre les pages légèrement jaunies par le temps. Il y avait des langues étranges, des animaux exotiques et des milliers de trésors enfouis plus ou moins maudits.

Plongé dans sa lecture, Charles ne le voyait pas mais Eve pleurait presque chaque jour à ses côtés.

Comme une routine, elle venait s'asseoir à côté du lit de quatorze heures à seize heures. Sans un mot, elle regardait Charles et pleurait. Malgré les mois et les saisons, ses larmes ne s'appauvrissaient pas. Elles tombaient comme les feuilles d'octobre.

Silencieusement, elle pleurait devant son père absorbé par sa lecture. L'homme qu'elle avait toujours admiré n'était plus que l'ombre de lui-même.

Les journées se répétaient à chaque réveil et il restait ainsi prisonnier de son monde. Depuis longtemps, la réalité n'était plus qu'un vague point lointain dans son regard. Elle était comme son marque page qu'il n'utilisait plus.

Chaque soir, quand Eve quittait l'hôpital pour rejoindre ses enfants qu'il n'avait jamais vu, Charles refermait, à quelques lignes près, son livre sur la description du phare de son île.

Chaque soir, il s'endormait en rêvant à cette lumière éclairant le néant depuis son petit bout de terre rocailleux. Bercé par les soupirs des vagues, son esprit fatigué s'affaissait peu à peu face au sommeil naissant sous l'hypnotisant flambeau qui chaque soir luisait pour lui.

dimanche 31 juillet 2022

Cindy (9e partie)



Nous étions restés sur des rave party, des murs qui sont durs et une histoire qui n'avance pas. Les poules sur les murs, un ralenti dégueulasse, des applaudissements et voici la suite du chef d'oeuvre musical qui commence.

Nous retrouvons sans délai Paulo la salopette dont la signature est son amour pour Cindy et ses Dum dudum façon RnB ringard déjà présentes dès la partie 4

Fou d'amour et peut être également affamé (de nourriture, j'entends), Paulochinel vient toquer (d'où les Dum dumdum) chez Cindy. Malheureusement, elle n'est pas là. Est-elle enfin dans un cours de comédie ? Eh non, sa soeur nous apprends qu'elle est à Los Angeles avec Ricky. Pour gagner du temps et au cas où le public serait décidemment trop con, Paulo répète chaque phrase. Si nous n'étions pas de mauvaise foi, on aurait pu dire que c'est pour illustrer toute la douleur qu'il ressent. On a quand même quatre fois "Avec lui".

Le blues, ça fait mal.


Bref, il ne se passe toujours pas grand chose. Au milieu de cette vallée de larmes et de sentiments exacerbés, on ne sait trop pourquoi Assia dit à Paulo : "Je peux t'offrir une verveine ?"
Paulo ne saisit pas la blague et alors qu'Assia part dans son coin pleurer sur son appel du pied manqué
La blague sortie de nulle part et qu'on oublie aussitôt puisque la musique commence pour le tour de chant de Polochon.

Paulo, quand il pousse la chansonnette, c'est le prince du RnB. Cette chanson le fait devenir le Patricia Kaas de la comédie musicale. Les vieux abondement présents ont dû apprécier.

Niveau texte, on est sur le fameux Parking d'Auchan. Enfin, un Auchan qui aurait fermé ses portes il y a longtemps car le génie musical ne nous fournit qu'un seul couplet. Un homme dévoré par le blues. Il vit, il crie son blues.
"Blues d'amour à moi, blues d 'amour de toi". La rime est belle est heureuse, non ? Et dois-je souligner la syntaxe ?
Pour rappel, Paulo est censé représenter le jeune de banlieue 2002. On voit le Maurice Chevalier de Sarcelles.

Après deux minutes, a boucles des trois paroles se terminent et Assia essaye de récupérer l'amoureux perdu dans le plis de ses pensées et de sa salopette. Le trait d'union entre ces deux tours de scène est cette question existentielle : mais qui me guérira de mon blues (à moi) ? Assia voyant que sa technique d'une verveine et dans mon lit ne marche pas, elle s'ouvre à la philosophie. C'est beau comme la sortie du micro-onde d'un plat Picard.
Extrait qui ne sert pas à grand chose.


Une femme seule au milieu des slips moches.


Mais soudain, le spectateur sort de sa torpeur. la musique devient intéressante. On croirait une bille de tapioca remonter à la surface de la soupe. La musique plutôt discrète convient au chant qui lui aussi adopte une certaine sobriété. On pourrait même dire que c'est agréable, si l'on fait abstraction des paroles.
Assia n'en fait pas des tonnes (les vrais se rappellent la bonne époque).
Enfin, tout d'un coup, elle commence à faire du trémolo orientale; en même temps la musique part vite dans le style musique orientale façon Yakalelo ou Buddha Bar.
Pour un peu on, pourrait faire un remake pas cher de Battlestar Galactica (meilleure série du monde).

Bon, avec un verre ou deux ça passe, mais Cindy, c'est un peu le SM de la musique : tu t'habitues gentillement à ce morceau et d'un coup surgit un break mielleux dégueu issu d'un faux Disney Pakistanais. Tout ça pour entendre les paroles suivantes : "Attention fille méchante, attention fleur piquante, attention fille trop belle, attention fille rebelle".
D'ailleurs, niveau paroles on rigole bien et on boit frais en entendant "je suis la fleur trop fière qu'on n'ose pas cueillir/ Le reflet solitaire au milieu du parterre."' Le reflet solitaire ? WTF. Le reflet de quoi ?
Bref, toute une chanson pour dire qu'elle a bien envie que son "corps serpentine" mais que c'est compliqué dans sa tête. D'ailleurs, si on se fit aux paroles, c'est compliqué pour n'importe qui de comprendre ce qu'elle veut exprimer.
D'ailleurs, si vous voulez mon avis, elle se fait de l'argent dans un peep show de la rue Saint Denis et du coup, elle ne croit plus en l'amour. Triste témoignage d'une jeune fille dont c'est lorsque le "corps serpentine que [...] que les regards s'agglutinent". 
Heureusement, tout se finit pour ces deux poètes maudits car en s'écoutant chanter, ils se sont rendus compte qu'ils avaient pour eux les mêmes paroles niaiseuses. Ainsi, Assia rejoint Paolo, au ralenti car, c'est bien connu : le ralenti, c'est le mode de l'amour.

Allez, venez Milord 2002


Et revoilà maman la marâtre du Disco. On a exactement la même musique qu'au début. La mauvaise foi dirait "mais c'est un leitmotiv" mais je ne sais pas si comparer Wagner à Cindy est judicieux pour le défense. Cela dure exactement une minute... même pas le temps de faire bouillir de l'eau pour son oeuf dur.
Une minute pour dire que maintenant que ces filles sont casées/barrées/droguées, elle peut enfin avoir sa délivrance. Bien sûr, le parolier fou, nous gratifie de ces plus belles rime ou ménage rime avec déménage. Toujours un plaisir, l'artiste !
Un ralenti, un "yeah" et au lit ! Ce n'est plus une chanson, c'est une onomatopée..

Aujourd'hui ce fut un peu court mais dans la suite de cette épopée auditive et visuelle, nous aurons le droit à une chanson sobrement intitulé : Salaud.
Alors, que demande le peuple ?

mercredi 20 juillet 2022

Grasses matinées, covid et saumon fumé.

 

Salut le vieux jeune, car oui si tu lis encore des blogs c'est que tu n'es plus tout jeune mais tu es à l'aise  avec l'outil informatique donc tu n'es pas si vieux non plus.
Bref salut à toi, ami d'entre d'eux. Ami d'eau tiède, si on veut.

D'ailleurs, aurais-tu remarqué que le temps passe et passe et passe et beaucoup de choses ont changé/ qui aurait pu s'imaginer que le temps serait si vite écoulé ?

Maintenant, que tes illusions de jeunesse se sont heurtées aux récifs de la vie IRL, tu te souviens avec nostalgie de ces moments magiques de rêveries et d'insouciance. En même temps, as-tu envie à soixante ans de te souvenir des discussions sur la Toshiba 010 qui bourre les impressions autour de la machine au café terne et dégueulasse ?

Mais, comme tu as grandi, tu es devenu un peu cynique et tu vois également  que le "non" a régit ta vie.
Et comme tu as pris l'habitude de te prendre un petit apéro en revenant du boulot, cette idée commence à tourner en toi avec les volutes d'éthanol.

Quand tu étais enfant, cette tyrannie du "non" était une évidence. Même si tes parents t'aimaient tendrement (enfin, j'espère), ils devaient contrôler le jeune foufou antisocial que tu étais. Tu n'avais pas de règles, tu n'avais pas de principes, ni de valeur. Ainsi, tu n'avais que des interdictions, sauf peut être chez ta grand-mère, qui en avait déjà bavé avec tes parents. Tu étais la terreur de tes nounous, de tes profs et de ta famille. Non, vraiment, c'était le far west quand tu débarquais quelque part. Maintenant, tu comprends pourquoi les vieux te regardaient d'un sale oeil dans le bus.

Adolescent, même si tu n'avais pas encore tous les droits - à part celui de débarrasser la table - mais tu avais, dans ton nouvel océan d'hormones et de boutons, d'autres envies naissantes. Et là, tu as découvert ce pouvoir du "non" de la part de l'autre. Tu rêvais de câlins au cinéma, de pique-niques romantiques, ou tout simplement de grosses galoches et de mains baladeuses. En tous cas, tu as vite découvert que tes rêves se brisaient sur le continent des râteaux. Heureusement, que tu avais des potes.

Etudiant, tu as pu libérer tes pulsions mais désormais ta liberté trouvait un nouveau panneau stop. Tu as vite découvert que ta personne mais surtout ton dossier ne passaient pas auprès des agences et des proprio. Tu te voyais vivre dans un appart de film, et bien tu as commencé en restant un peu chez papa et maman. Petite mansarde dans laquelle tu étais au plus près des différentes températures de saison. Pas d ascenseur, WC sur le palier, pas d'argent pour les restau (pour les bars, c'était toujours bon). Pour les vacances, c'était blablacar et le camping, pour séduire tu misais sur le bar avant d'investir dans un restau à deux.

Sinon, tu as aussi tenté la colloc' pour apprendre que chez toi était chez eux. Un peu comme la vie dans la maison familiale mais avec des personnes plus cool et alcooliques. Sans ton premier job, le rêve de ton appart décent était loin.

Jeune travailleur, tu as enfin pu te trouver un petit chez toi avec un minimum de confort de daron. Tu as oublié les chèques à trois chiffres du CROUS pour découvrir la joie d'un SMIC (oui, car tu as fait une fac de sciences humaines). Mais par contre, tu as également découvert les joies d'être un adulte indépendant : impôts, assurances, frais de voiture, ta moitié qui veut peut être un peu plus de sorties et de voyage - non, le bar d'en bas n'en fait pas partie. Et ta joie première devant ce beau SMIC s'est envolée après avoir tout enlevé. Même le bar d'en bas ne te vois plus souvent car tu habites en couple et vous voulez manger plus sainement; et tout simplement, vous n'avez plus autant de temps et d'énergie qu'avant.

Maintenant, tu estimes avoir une certaine liberté dans ta vie entre dos aguas. Tu es désormais en pleine possession de tes qualités professionnelle et avec un peu de chance tu as du temps et de l'argent car tu ne t'es pas encore reproduit. Ta vie est rangée selon tes désirs.
Ta liberté n'est plus que celle que tu t'accordes. Tu es devenu philosophe, mon ami, mais dans quelques années qu'en sera-t-il ? Quels souvenirs en auras-tu ? Où est ce petit côté interdit ? Cette petite flamme de passion et cette envie de vivre ?
En fait, c'est cette période qui est la plus dur. Il te faut retrouver du "non" pour relancer ton être. Ca sera ta première vraie liberté.

Pense que tu auras une crise de la cinquantaine et peut-être des enfants pour te rappeler qu'il faut s'accommoder de la vie. Ce n'est rien, ça arrive à tout le monde, sauf peut être aux rockstars (le karaoke du samedi soir compte pour être une rockstar).
Le chemin est sinueux mais l'avenir est radieux.

Salucofagos et rock'n roll à toi.

mardi 28 juin 2022

Voir son réveil et mourir


Salut le jeune! Connais-tu ce syndrome de la journée de merde ?

Tu n'entends pas ton réveil pour commencer. Sa maudite sonnerie ne t'a pas vrillé les tympans pour une fois. Pourtant, tu l'avais changé en passant de Câlins matinal pour Bienvenue dans le stress.

Tu es à la bourre, plus que d'habitude. Tu n'as pas le temps de penser à  prendre une douche, ni de te passer un coup de brosse à dents. Tu es déjà moite et tu sens que cette journée va être olfactivement et hygiéniquement difficile. Mis ce n'est pas grave, tu assumes (en  même temps, as-tu vraiment le choix?).

Je vais passer sur les transports en commun car c'est toujours l'enfer quelle que soit la journée. Au moins, tu passe incognito avec ton boule qui respire encore ta journée de la veille.

Tu arrives au boulot, tu es déjà en sueur. Tout le monde te prends pour un crado, tu le sens (eux aussi cela dit). Certains pensent même que tu reviens d'une nuit de débauche arrosée ou bien d'un hôtel pas trop cher au sein duquel tu n'as pas trop dormi et où tous tes voisins de chambrée sur l'ensemble de l'établissement t'ont entendu t'amuser et t'ont maudit.

Ton partenaire (ou en tous cas, la personne que tu considère comme telle, chose qui n'est pas forcément réciproque) te laisse un message te disant qu'il part quelques jours en campagne pour "s'aérer". En plus, tu te rappelles que dernièrement il passe beaucoup de temps à la salle de sport et ne quitte pas son clavier de téléphone alors que tu lui montres à la TV un chef d'oeuvre du cinéma indépendant tchèque.

Ton boss te fait chier. Normal, c'est un chef. On te demande l'impossible et tu ne t'investis que pour avoir la paix et une possible prime maigrichonne à la fin de l'année. 

La journée est longue, en plus ton ex t'appelle durant ta pause déjeuner constitué d'un sandwich Sodebo insipide et d'une barquette de carottes rapées parce que tu te trouves un peu replet. Tu ne saais pas pourquoi cette personne t'appelle - elle non plus apparemment- mais tu n'as pas envie de partir pour un tour de "c'était bien, non" et "si on se revoyait un de ces jours". 

La journée passe lentement mais elle est passée. Retour dans les transports, tu es encore plus moite qu'avant. Tu regardes tes pieds pour ne pas croiser de regards.

Ton facteur t'as laissé des avis de passage que tu ne pourras aller chercher avant samedi prochain car comme tout le monde ton bureau de poste n'est jamais ouvert selon tes heures de bureau. Avec un peu de chance, il te faudra payer un droit de douane.

Le ciel s'éclaircit quand on te propose un verre entre collègues. Enfin, un peu de douceur dans cette journée de brute. Mais tout ceci n'est qu'un leurre.
Avec la fatigue, tes deux pintes te montent a la tête, tu rentres chez toi et il est déjà tard. Tu as la flemme de te faire à manger. Si tu commandes en livraison, tu sis que ça va mettre une heure pour arriver et tu te coucheras à pas d 'heure.

Ton frigo est vide. Il y a bien quelque chose dans le congélateur mais il fait déjà 30 degrés dans l'appart et tu ne gagneras pas de temps entre le pré-chauffage et la cuisson. Du coup, tu manges ta boite de thon avec la dernière tomate. 

Tu va enfin retrouver ton lit mais tu ne trouves pas le sommeil mais ton âme soeur de Tinder qui va s'aérer la tête, fait tourner la tienne. Dans ta tête, c'est La nuit sur le mont Chauve (NB : version Rimsky-Korsakov) dans un premier temps, tout de suite enchaîné avec L'antre du roi de la montagne.

Au final, tu ne sauras comment mais tu t'endormiras sans penser au lendemain. Ton esprit fatigué pourra enfin s'éloigner de sa journée effrénée teintée de douce mélancolie et se préparer pour demain. Si tu penses à ton réveil. 

jeudi 23 juin 2022

La flamme olympique de mucho bailar.

 





Il y a certaines choses qui seront éternellement immuables : la publicité qui te prend pour un con, les médecins en retard et les petites phrases toutes faîtes que tout le monde connaît mais qu'on entend tout de  même tout au long de sa vie.

Prenons une jeune personne romantique.... Non, pas un romantique Sturm und drang, ni le niaiseux  fan des violons au restau et des fleurs pakistanaises au dessert. Non disons plutôt une personne ouverte, sans préconception, et un peu fleur bleue.

Bref, cette personne croise sur le fleuve de la vie amoureuse avec son petit remorqueur depuis ses primes années. Lors de ses escales aux écluses, elle entendait toujours une sombre histoire que les vieux loups de rivière se transmettaient de génération en génération durant les veillées : la légende du "C'est pas toi, c'est moi."

Ces paroles aux résonnances infernales était le Kraken des gentilles amours marinières.

Cette phrase est une incantation nécromancienne lancée lorsque le vil sorcier veut juste un coup de bite mais qu'il n'assume pas.  C'est sûr que cette incantation est toujours plus policée qu'un "je n'attendais rien de plus que ce que l'on a partagé. Merci. Au fait, je claque la porte derrière moi ?". Chose que l'on aurait pu signaler à l'autre avant de copuler comme des Jackie et des Michel, cela dit en passant.

Bien sûr, chaque marin sait que les courants sont tus différents et que les aspirations de l'un ne se conjuguent pas toujours avec celles de l'autres. Ainsi, la phrase maléfique met l'accent sur cette connaissance de la vie trouvée au rayon soldes du Tout à 1 franc local. J'insiste sur le franc.

En fait, ce n'est pas la phrase en soi qui est abject, c'est la lâcheté qui peut se cacher derrière.

Le nécromancien est un sbire des forces du Malin. Ce sont les hérauts de Gog et Magog s'avançant fièrement en tête de leurs armées, tout oriflamme déployé. Ils mentent dès le début, ils laissent un flou s'installer pour mieux réciter leur mantra pernicieux.

Certaines versions de la légende évoquent même des démons farceurs qui préfèrent d'autres formules diaboliques telles que : "Ah désolé, j'ai oublié mon portable et comme je viens d'en changer, je ne connais pas encore mon numéro" ou encore le "oula, mais tu vas rater le dernier train




Parmi ses ambassadeurs du mal, la légende raconte qu'il y a pire que ces bancs de sable pour les humbles remorqueurs : il y a les naufrageurs. Ceux-ci t'attirent à la manière des sirènes pour une extase bien éphémère. Ils glissent des mots d'amour dans ton oreilles, ils te font croire que cet instant est magique, que Paris sera toujours Paris et que le miel de tes lèvres sera la cire étincelante sur l'écrin dénudé de leurs coeurs (ce qui en soi, ne veut rien dire). Une fois, que le jeune fleur bleu s'est tout abandonné insoucieusement, Le naufrageurs récite son terrible discours tout en plongeant sa dague dans le coeur encore fiévreux de sa victime, les yeux dans les yeux.

Combien de fiers marins n'ont pu échapper à ces saturnales de l'amour sans s'arrêter pour un temps de naviguer afin de dompter cette peur ? 
Certains vieillards, lorsque les braisent agonisent et que l'alcool pose son voile réconfortant sur les esprits, évoquent des esprits malins qui ont su reprendre un peu d'humanité en annonçant leurs noires desseins avant d'entrer en contact avec aucune muqueuse de son partenaire que ce soit.

Sur des fleuves dont ils n'existent aucune carte, les dangers sont nombreux pour les capitaines aux petites embarcations ronronnantes. Des flibustiers aux forces du mal, en passant les longs bancs de sable nus, il y en aura bien un qui sera rencontré lors de la traversée. Il est certain que quoi qu'il se passe, nous arriverons tous à l'embouchure avec l'océan et qu'il faut bien gagné en expérience et agrémenter le voyage. Toutefois, si la croisière pouvait ressembler aux croisières pour vieux dans les fjords de Radio Classique featuring Eve Ruggeri, plutôt qu'à The Human Centipede, qui s'en plaindrait ?

mercredi 15 juin 2022

XIXe

 



Aujourd'hui, c'est la fête de la musique. Ce jour d'été où le démon musical en chacun peut s'exprimer. Il était 15h, les scènes se montaient, les voisins déjà fatigués partaient à la campagne et les courses des apéro-picnic s'accumulaient aux caisses des Franprix. 

Anant était chaud comme la place de fêtes, d'ailleurs il y était. Il avait son groupe de rock - les Electro-Cutes - mais aujourd'hui, la folie de la scène était pour accompagner le groupe de musique traditionnelle de son père. Avec la période des examens et des apéros, ils n'avaient pas pu effectuer les démarches nécessaires avec ses potes. En même temps, quand on joue du rock, du vrai, ce n'est pas pour se soucier de la paperasse de fonctionnaires.

Il aurait voulu que Loretta soit là. Qu'elle puisse voir l'énergie qu'il pouvait dégager sur scène alors qu'au lycée il la gardait  au fond de lui comme on garde un trésor. Après avoir posé l'ensemble des micro, il regarda la place vide. Bientôt, un public se tiendra devant l'obélisque chelou. Il avait toujours pensé que ce grand cousin moderne et persistant du sapin de Noël était un jour tombé là par hasard à la manière des oeuvres qui jalonnent solitairement les autoroutes. 

Mais cette foule n'était qu'une masse mouvante dans sa vision. Il savait qu'au centre il y aurait Loretta. Toute la bande des terminales L du bahut sera là. Cette pensée l'emplissait de joie mais, sous cette pellicule de bonheur qui l'enveloppait, il pouvait sentir ce petit pincement qu'il ne savait réprimer. Tout le monde aller passer un bon moment, il allait bien jouer. En soi, ce concert ne lui posait pas de problème. Mais il aurait voulu qu'elle le voit à la guitare avec ses potes des Cutes à jouer la musique qui le faisait vibrer. Il aurait été les trois guitares de Lynyrd sur Free Bird à lui tout seul, il aurait eu ce ce côté électrique et sensuel de Jimi Hendrix, il aurait même pu avoir cette sensualité estivale poisseuse du meilleur des Stones.
Cela aurait été grandiose, le meilleur concert de sa vie. Malheureusement, ce soir, il allait jouer avec le groupe de son père.

L'ensemble de son père faisait dans le dhrupad. La mairie avait voulu changer un peu des lycéens basse grasse, guitare mal accordée et batterie de bourrin. Cela allait créer une certaine ambiance sur cette place où il y avait déjà deux, trois punk à chien assis avec des caissons de bière.
Il aimait cette musique traditionnelle. Il la comprenait en son être et il a été élevé avec mais pour emballer ce n'est peut être pas le top; bien que toutes les musiques sont possibles pour cela, cela dépend des personnes. Son père tenait à faire partager ce style musical avec des sonorités que le public pouvait connaître (ce qui revenait pour beaucoup aux Beatles ou Georges Harrison).

Il s'était même rêvé lui faire un concert à la Bollywood, cela lui aurait surement plu. Un bollywood moderne comme cette scène que sa soeur adore, et qu'il aime aussi contrairement à sa volonté de ne pas aimer les goûts de sa soeur.

Tout était quasiment installé. Il allait avoir le temps de se reposer un peu. Le soleil commençait à descendre sans perdre de sa force. Alors qu'il regardait une dernière fois la place vide, il vit une silhouette s'approcher de la scène. L'ayant reconnu, il descendit la retrouver.

- Loretta, qu'est-ce que tu fais là ?
- Excuse-moi Anant, je ne voulais pas te déranger.
- T'inquiète, tu ne me déranges pas, en plus j'ai finis de tout installer.
- Euh, en fait, je suis venue pour te dire que je ne pourrai pas être là ce soir

Le petit pincement au coeur était désormais un maelstrom de désillusion., mais il se contenait et elle ne lui laissa pas le temps de répondre.

- Je dois rester surveiller ma soeur. C'est tombé à la dernière minute.
- Non, je comprends, ne t'en fais pas.
- J'ai préféré venir te le dire pour que tu ne penses pas que je t'ai lâché. Et... pour te dire que j'aurai aimé être là. Je sais que ça ne sera pas pareil mais mardi soir, ça te dit de venir voir un film, pour m'excuser ?
- Euh, oui, bien sûr... avec plaisir.

Loretta sourit avec un petit bond d'excitation. Elle l'embrassa du bout des lèvres en un éclair, l'espace d'une seconde, puis elle repartit en dansotant.
Anant garda en lui ce sourire qui suivit son baiser jusqu'au mardi. Le concert ne fut qu'une rêverie. Au-delà de la chaleur qu'il ressentit sur ses lèvres et l'adrénaline qui explosa dans ses veines, il ne retint que son visage illuminé par cette joie primordiale qui a effacé en un geste la forteresse de la timidité et le soleil d'été.