mardi 10 juin 2014

Chapitre 15 : Taupe secret.


Le sanglier broutait tranquillement la terre ocre. Peut être cherchait-il quelques pommes de terre, en tous cas il ne semblait guère préoccupé par la présence de Jack.
Jack commençait à sentir les douleurs occasionnées par l'aimable population du château mais il ne pouvait bouger d'un centimètre. Un sanglier est pareil à un pilier de bar alcoolique : si on le dérange on s'expose à une violente réaction.
- Ça ne bouge pas, c'est mou du genou tout ça ! Musique, s'il vous plaît !
A peine Krazu avait-il braillé ces mots dans sa plus belle voix de la Comédie française que les hauts-parleurs diffusèrent des accords pour scouts débutants. Le sanglier leva la tête, interloqué. Puis une voix vint s'ajouter aux notes dégoulinantes. Le coeur de Jack s'arrêta car il ne savait que trop quelle était le nom de cette bouillie nasillarde : c'était Fauve. La bête ne s'y trompa pas et entra dans une violente rage. Son cri couvrit les hauts-parleurs, de la mousse surgit de sa gueule et s'élança rageusement.
Jack grâce à ses études sur l'oeuvre de Carl Douglas réussit à éviter sa charge furieuse.
Alors que le sanglier allait charger de nouveau, Jack se tourna vers lui et mit un genou à terre. Il plaça son bras en avant et fit un étrange signe avec ses doigts. Krasucki découvrit avec grand étonnement que Jack Médecin était aux animaux ce que la Maratrucha était aux concours d'ombres chinoises. L'animal approcha doucement de notre héros. Il vint renifler calmement les doigts de Jack, puis s'agenouilla devant lui.
Krasucki restait impassible alors que ses sbires huaient la scène tels de jeunes mélomane à un concert de Lara Fabian.


Une autre porte s'ouvrit au bout de l'arène. Le sanglier prit peur et alla instantanément se réfugier d'où il était venu. Alors que rien n'était encore apparu, les gradins avaient troqué le folie destructrice pour un brouhaha euphorique. C'est alors qu'un homme sortit de la pénombre. Il avançait doucement; ses muscles se dévoilèrent en premier avant que la lumière des torches ne révèle son visage : c'était Tong Po.
Il y a bien longtemps, jack avait connu Tong Po alors qu'il résidait aux Philippines. Tong Po faisait la tournée des salles de combat et Jack faisait la tournée des ballons de sangria. Tong Po était un vrai guerrier, que ce soit sur l'arène ou quand il recherchait une bonne baise. C'est d'ailleurs ainsi qu'ils se rencontrèrent souvent au Maï Li, le bordel à la mode, non pas de Caen mais de Bayan Ng Coron. Au Maï Li, aucun des deux ne couchaient sur place mais c'était l'occasion de grandes fêtes. Mais suite à un coup mité, Tong Po dut repartir pour la Thaïlande.
Jack reconnu immédiatement son ancien compagnon de beuverie. Son visage amical et doux n'avait pas changé en ses traits. Tout autour, ses muscles s'étaient un peu relâchés sous l'effet du temps mais Jack devinait toujours le puissant combattant qu'il était. Par contre, il sentait aussi que Tong Po sentait le Tong Pol Remy.
Mais sans qu'il ait pu réfléchir à une quelconque stratégie, l'esprit déjà enivré par les parfums d'éthanol, Jack reçu la sandale du combattant à la figure. L'homme avait beau être à moitié à poil avec une sandale au pied gauche et un caleçon rouge en satin décoré de tigres, il ne rigolait pas.
Tel Dany Boon sur un mauvais scénario, Tong po se jeta sur Jack avec fureur. Un terrible corps à corps prit place. Krazu se délectait de voir Jack sans défense.
Jack ne se débattit pas et semblait glisser telle une anguille sur Tong Po. Le guerrier des arrières-cours d'opiumeries essayait de le saisir afin de lui briser la nuque mais son corps suintant l'alcool des jours précédent favorisait Jack. Tong Po commença a pousser des cris et voulu s'échapper mais désormais c'était notre héros médecin qui le tenait; il le tenait fermement et, chose étrange, lui léchait le corps.
Soudain, un éclair aveugla les spectateurs et dans l'arène, Picheman se tenait fièrement debout, un pied sur le corps de Tong Po évanouit.

(A suivre)

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